Le métavers peut-il être l’avenir de l’automobile ?
L’industrie automobile n’en finit plus de manger son pain noir ces dernières années : contraintes environnementales renforcées, bannissement de la voiture dans les centres-villes, mise à l’index des motorisations thermiques, obligation de mutation à marche forcée (et à coups de milliards de dollars) vers l’électrification.
Jamais les constructeurs n’ont eu à vivre autant de "révolutions" en un temps aussi limité. Sans parler de la crise des semi-conducteurs qui, depuis plus d’un an, met à mal leur outil industriel et leurs livraisons, sans véritable perspective de sortie de crise à court terme.
Alors pourquoi ne pas imiter les géants de la mode, du luxe, du commerce, et mettre le cap sur un monde que d’aucuns promettent merveilleux, celui du "métavers" et de l’internet 3.0 ? Un univers virtuel, parallèle au monde des humains, fait d’avatars, où la promesse est de se divertir, voyager, consommer, voire même s’enrichir. Un monde, sur le papier, bien loin des questions de coût du carburant ou de prix des véhicules…
Bloomberg Intelligence estime que le marché annuel du métavers pourrait peser 800 milliards de dollars dès 2024… Quant à la très sérieuse banque Morgan Stanley, elle promet d’ici 2030 quelque 50 milliards de dollars de revenus supplémentaires aux marques de mode et de luxe qui investiront ce nouveau monde, avec une augmentation de leurs bénéfices avant impôts d’environ 25 % (1). Trop beau pour être vrai ?
L’avenir le dira, mais d’ores et déjà, le géant du luxe LVMH teste l’appétence de ses clients vis-à-vis de ce nouvel univers et de ses fameux NFT (Non Fungible Tokens), ces objets virtuels que l’on s’arrache des milliers de dollars faute de pouvoir le faire dans le "vrai" monde. D’autres font de même comme Dolce & Gabbana, Gucci, Nike ou Adidas.
Dans la grande distribution, Carrefour a récemment plongé dans le grand bain du métavers en rachetant un terrain virtuel. Le groupe a ainsi investi 300 000 euros pour acquérir une parcelle de 36 hectares dans un jeu vidéo baptisé The Sandbox, où particuliers et entreprises peuvent acheter des terrains et les exploiter.
Quant au géant de l’agro-alimentaire, Coca-Cola, il a vendu dans la plateforme de réalité virtuelle 3D, Decentraland, pour plus d’un demi-million de dollars de NFT… Pas plus tard que le 8 février dernier, c’est aussi dans Decentraland que le leader mondial des téléphones, Samsung, a présenté son nouveau smartphone de luxe Galaxy S22 !
Alors l’automobile dans tout cela ? Pour le moment, rares sont encore les constructeurs à se risquer, même si le dernier CES de Las Vegas a bien donné lieu à quelques présentations avant-gardistes. Chez Hyundai, on pense que les déplacements des humains s’effectueront un jour par l’intermédiaire de robots qui accèderont à leur place à des destinations lointaines (Mars par exemple) et leur offriront des simulations de voyages.
Bienvenue dans le monde de la "métamobilité". Valeo de son côté a proposé au même CES un concept de voyage virtualisé, "Voyage XR Panorama", où des caméras embarquées offrent des vues de la voiture à 360 degrés, façon images filmées par un drone.
"Avant de proposer une expérience optimale, les défis technologiques et juridiques du métavers sont considérables, préviennent les consultants des cabinets Wavestone et Now Futures (3). Le développement des infrastructures est en contradiction apparente avec les ambitions de sobriété numérique des Accords de Paris (…) et la protection des données personnelles et de la santé mentale des utilisateurs, au cœur des débats".
Comme quoi, tout comme pour les mobilités ou l’automobile de demain, la route risque encore d’être longue et accidentée. Tout le contraire d’un long fleuve tranquille.
L’Arval Mobility Observatory
- Métavers : le monde du luxe pionnier des univers virtuels par Clotilde Briard. Les Echos, 11 janvier 2022.
- Pourquoi Carrefour a acheté un terrain virtuel dans le métavers par Chloé Woitier. Le Figaro économie, 31 janvier 2022.
- Métavers : une opportunité pour la tech française par Morgane Soulier et Florian Carrière. Les Echos, 3 février 2022.
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