S'abonner

Le charbon, quoi qu’il en coûte

Publié le 3 mars 2022

Par Damien Chalon
3 min de lecture
Zoom de l’Arval Mobility Observatory – La guerre entre l’Ukraine et la Russie vient accentuer les tensions sur le marché de l'énergie. Le grand gagnant de la situation pourrait être le charbon.

Envolée des cours du brut et de ceux du gaz : la guerre entre l’Ukraine et la Russie accentue encore un peu plus les tensions sur les marchés de l’énergie et de l’électricité, déjà palpables depuis plusieurs mois. A l’échelle de la seule Europe, elle risque d’entraîner un bouleversement spectaculaire de sa politique énergétique, dont les approvisionnements dépendent pour près de 40 % du gaz russe.

 

La situation diplomatique, inédite en Europe depuis près de 80 ans, bouscule les grandes capitales qui mettent depuis plusieurs jours les bouchées doubles afin de trouver la parade et pallier une éventuelle défection du gaz russe dans les prochains mois. Rome discute avec Alger d’une possible augmentation des livraisons de gaz algérien ; l’Europe accroît (mais à des coûts prohibitifs) ses quantités de gaz naturel liquéfié en provenance des États-Unis, pour reconstituer les stocks gaziers en prévision de l’hiver prochain. Malgré cela, comme le rappelle le quotidien Les Echos "même en payant beaucoup plus cher, il n'y a pas assez de gaz norvégien, algérien, ou de GNL, pour se passer du gaz de Russie". (1)

 

Et si, au final, cette crise faisait les affaires de l’énergie phare du XIXème siècle, mais honnie des défenseurs du climat, le charbon ? Les engagements des grandes conférences internationales sur la transition énergétique et le réchauffement de la planète sont en effet mis à mal par l’urgence de la situation internationale. On est en effet très loin des déclarations de Glasgow, mi-novembre 2021, selon lesquelles la COP26 allait "reléguer le charbon aux oubliettes de l'Histoire". Plusieurs pays ont d’ores et déjà ouvertement évoqué la relance du charbon, entre l’Italie qui se dit prête à démarrer les centrales à charbon ou encore l’Allemagne, qui envisagerait de ralentir sa sortie de la houille.

 

Le revirement allemand et cette stratégie européenne du "quoiqu’il en coûte" donnent la mesure de la révolution induite par l’invasion de l’Ukraine. Berlin avait prévu de fermer ses centrales nucléaires d'ici à la fin de l’année et d'arrêter progressivement les centrales au charbon d'ici à 2030, avec en parallèle, une très forte montée en puissance des énergies renouvelables, lesquelles devaient représenter 80 % de la production électrique d’ici 10 ans.

 

La Chine a donc toutes les chances de se sentir moins isolée sur la scène internationale, alors que Pékin vient d’annoncer une augmentation de la consommation de charbon en 2022. "Depuis janvier, cinq grands projets de centrales électriques au charbon, des unités à haut rendement censées être moins consommatrices en énergie que les infrastructures existantes, ont été approuvés en Chine", rappelle Le Figaro, citant les informations du site britannique Carbon Brief (2).

 

Pénurie de gaz ou non, relance du charbon ou pas, les Européens ne sont aujourd’hui sûrs que d’une chose : leur facture énergétique n’est pas près de diminuer. Selon les banquiers américains de Citigroup, elle pourrait atteindre 1,2 trillion de dollars en 2022, soit plus que le pic atteint en 2008 lors de la crise des subprimes.

 

L’Arval Mobility Observatory

 

(1). "Gaz russe : l’Europe durablement prise au piège". Les Echos, 22 février 2022.

(2). "La Chine prévoit d’augmenter sa consommation de charbon". Le Figaro économie. 22 février 2022

Vous devez activer le javacript et la gestion des cookies pour bénéficier de toutes les fonctionnalités.
Partager :

Laisser un commentaire

cross-circle