Laurent Latour, CEO Car Caring : "Même à son domicile, le travailleur peut nous solliciter"
Le Journal des Flottes : Il y a moins de deux ans, vous avez revu votre stratégie, cela a-t-il porté ses fruits ?
Laurent Latour : Nous avons réalisé un chiffre d'affaires de 1,8 million d'euros en 2023, c'est 30 % de plus que l'année 2022 à la fin de laquelle nous avions en effet revu notre stratégie en abandonnant notre activité auprès des constructeurs et en nous tournant vers les loueurs et les gestionnaires de flotte.
JDF : Cela semble bien marcher avec les loueurs et les fleeters, cherchez-vous à élargir cette clientèle ou souhaitez-vous plutôt vous concentrer sur celle que vous avez ?
L.L. : Aujourd'hui, notre ambition est importante. Nous voulons obtenir un maximum de contrats possibles, mais d’abord au sein des groupes avec lesquels nous sommes déjà associés. Par exemple, Crédit Agricole, qui est déjà un de nos clients, a lancé Drivalia (en reprenant Leasys Rent de Fiat, NDLR) qui fera de la LCD, LMD et LLD dans seize pays en Europe. Évidemment, nous discutons avec eux en priorité pour mettre en place des services de proximité auprès de leurs conducteurs. Mais nous n’avons pas d'exclusivité. L’exemple en est, en 2022, nous avons signé avec trois gros acteurs du marché de la location longue durée. Et nous continuons d’en viser d'autres. En 2023, nous avons ainsi accueilli de nouveaux clients comme Lafarge, Spie Batignolles, Ipsen, Kaufman, Veolia, par exemple, dont nous gérons maintenant les flottes. Quand je rentre en contact avec l'un d'entre eux, je m’imagine avec lui les dix prochaines années.
JDF : Ce modèle est-il reproductible à l’infini ?
L.L. : Le futur de notre entreprise sera dicté par notre intention d'élargir notre spectre. Nous avons commencé à proposer nos services aux dirigeants de grands groupes, mais notre expertise, nos outils se portent aussi auprès des TPE, des artisans et des professions libérales, voire même auprès des particuliers. Cela va augmenter fortement nos volumes.
JDF : Vingt ans que CEO Car Caring existe, qu’est-ce qui a changé ?
L.L. : Autrefois, pour les salariés des entreprises, quelle que soit leur fonction, il y avait un rapport au bureau qui était essentiel. Peu de personnes travaillaient chez elles. Aujourd'hui, avec le télétravail, ce rapport a changé et par conséquent notre rôle aussi. Nos clients nous demandent d’être aux côtés de leurs salariés à n’importe quel moment car, même en congés, il arrive qu'ils travaillent une demi-journée ou participent à une réunion. Nous sommes disponibles douze mois sur douze aux côtés des conducteurs, ce n’était pas le cas avant. C'est le message que nous faisons passer maintenant à l'ensemble de nos clients. Nous sommes toujours à leurs côtés, qu'ils soient chez eux en télétravail ou dans leur résidence secondaire en congé, car il peut y avoir du temps de travail et des besoins sur le véhicule. Même à son domicile, le travailleur peut nous solliciter pour des questions relatives à son véhicule de fonction ou de service. Dans ces cas, il est hors de question qu’ils ne soient pas accompagnés et conseillés par leur conciergerie s’ils ont des questions ou des besoins.
Le futur de notre entreprise sera dicté par notre intention d'élargir notre spectre
JDF : Du conseil justement, vous en faites de plus en plus ?
L.L. : Étonnement oui. Une fois qu’ils ont compris que l’on existait, les conducteurs ont arrêté de poser des questions à leur gestionnaire de flotte. Ils viennent directement à nous. Cela représente entre 10 et 12 000 conversations par an autres que de la mission pure où l’on intervient sur les véhicules. Ces discussions-là sont plutôt un temps où nous allons répondre à une question, où nous allons donner un conseil avant que la personne ne parte au ski sur l'usage du véhicule, sur la nouvelle loi Montagne, etc.
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JDF : Donc vos clients ont de nouveaux modèles, allez-vous leur proposer quelque chose de nouveau ?
L.L. : Nous allons sortir une nouvelle marque, Move my fleet. Elle sera destinée aux services pour les entreprises, pour leurs parcs automobiles. Elle servira pour des prestations ponctuelles comme transférer les véhicules entre collaborateurs, car c’est un enjeu lors de la location d’une voiture par une entreprise. Il y a un vrai sujet à aider ces établissements à transférer les unités entre collaborateurs.
JDF : Vous allez créer de toute pièce cette nouvelle branche ou les fondements existent-ils déjà ?
L.L. : Ce n’est pas une nouvelle activité, elle représente déjà 30 % de notre chiffre d'affaires en réalité, c’est simplement que nous sortons celle-ci du pack et nous en faisons une marque à part entière afin de lui donner une nouvelle dimension, un nouveau positionnement, de nouveaux outils. Nous aurons le rôle de chef d'orchestre pour organiser ces transferts. Nous avons de très fortes ambitions sur cette activité, car tous ces sujets autour de la vie des véhicules qui ne roulent pas touchent réellement toutes les entreprises. Le marché est très important.
Nous allons sortir une nouvelle marque, Move my fleet, destinée aux services pour les entreprises
JDF : Vous avez ouvert il y a moins de deux ans un centre de relation client en Gironde, comment cela va se développer ?
L.L. : Nous le faisons grandir pas à pas. Nous l’avons lancé en décembre 2022, c’était au départ deux personnes qui le géraient, aujourd’hui elles sont quatre et seront bientôt six. Notre objectif est que ce centre évolue avec les performances des partenaires. L'objectif est qu'il touche le plus grand nombre d’entreprises et surtout de conducteurs. Nous avons donc de belles ambitions, c'est pour cela que nous allons construire des bureaux à côté, car la région nous plaît, que nous y avons trouvé une population de collaborateurs très concernés, très passionnés par le fait de prendre soin des gens.
JDF : Vous annonciez en 2022 un objectif de 60 employés en 2027. Plus d'un an plus tard, vous avez 26 employés, trouvez-vous cet objectif réalisable ?
L.L. : Cet objectif est très réaliste au vu de nos partenaires actuels. Plus les objectifs de nos partenaires sont grands, plus les nôtres le seront. Agilauto, par exemple, veut avoir 100 000 voitures en France, et bien, c’est autant de véhicules que nous aimerions avoir à gérer.
JDF : Pour fêter ses 20 ans, CEO Car Caring s’ouvre-t-elle à l’international ? Où estimez-vous vos principaux relais de croissance ?
L.L. : Nous les imaginons avec des partenaires bien précis qui nous accompagneront sur ce terrain-là et en Europe uniquement.
JDF : À quel horizon ?
L.L. : Tout peut aller très vite, il n'est pas impossible que dès la fin de l’année 2024 nous ayons des offres de disponibles à l’étranger.
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