La transition énergétique à l’heure du principe de réalité
D’un côté, il y a le dernier rapport du GIEC, une fois de plus alarmiste sur l’évolution des périls liés au réchauffement climatique (envolée des émissions de gaz à effet de serre, hausse des températures au-delà de 1,5°). De l’autre, la nécessaire mobilisation des grands pays développés, pour sécuriser leurs approvisionnements en gaz et en pétrole, en pleine crise énergétique mondiale. Et au milieu une question centrale : quelles conséquences pour la transition écologique ?
Pour compenser la baisse éventuelle des importations de gaz et de pétrole russes, les solutions ne sont pas forcément vertes et vertueuses, à l’image de la réouverture de centrales à charbon, assumée par l’Europe pour passer le cap, ou encore le recours accru au gaz naturel liquéfié (GNL) américain, issu de gaz de schiste… Comme le reconnait l’Agence internationale de l’énergie (AIE), les impératifs énergétiques ont pour conséquence que "le changement climatique descend dans la liste des priorités" des grands pays.
Alors bien sûr, il y a aussi les engagements massifs des uns et des autres en faveur des énergies renouvelables ; sans oublier le retour en grâce du nucléaire dans des pays comme la Belgique ou le Royaume-Uni, qui avaient pourtant acté la fin de l’atome dans leur bilan énergétique. Aujourd’hui, ces mêmes pays font marche arrière et louent au passage le modèle français, où 80 % de la production d'électricité provient du nucléaire, en ce qu’il nous donne une forme d’indépendance enviée par plusieurs de nos voisins.
Le "hic", c’est que tous ces engagements et ces investissements n’auront pas d’impact à court terme. Comme "Rome ne s’est pas faite en un jour", les nouveaux réacteurs britanniques ne seront pas opérationnels avant 2050, et même les fameux SMR français annoncés par Emmanuel Macron n’arriveront pas avant 2040. Constat similaire pour les infrastructures éoliennes et solaires : outre le fait qu’elles sont longues à démarrer, elles sont aussi dépendantes des prix et de l’approvisionnement en métaux dits critiques.
Comment dès lors gérer la crise énergétique à court terme ? En ayant des "idées", comme la France des années 70-80, qui n’avait pas de pétrole lors des chocs pétroliers…. On réduit la température des logements, on laisse la voiture au garage et on privilégie les transports en commun… Dans la France de 2022, on peut aussi rouler en électrique ou en engins de micro-mobilités… A condition toutefois que le prix de l’électricité ne s’envole pas et reste un réel avantage concurrentiel.
A moins que l’on ne cède aux sirènes d’une nouvelle forme de développement économique : le renoncement. Comme l’explique le site Novethic, "des entreprises renoncent à faire du chiffre d’affaires pour ne pas polluer, elles sont entrées dans un monde de post-croissance" (1). Faire une croix sur des produits rentables au nom d’une "recyclabilité" insuffisante, ne plus proposer certains articles faute d’une fabrication européenne, caler ses plans de développement sur les limites planétaires des ressources… De telles initiatives sont certes encore minoritaires, mais elles sonnent peut-être comme la fin annoncée d’une certaine forme de croissance "quoiqu’il en coûte".
L’Arval Mobility Observatory
- "Le renoncement, nouveau dogme des entreprises engagées". Mathilde Golla. 5 avril 2022. Le renoncement, nouveau dogme des entreprises engagées (novethic.fr)
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