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La suppression du bonus écologique va-t-elle "booster" les mobilités partagées ?

Publié le 15 février 2024

Par Damien Chalon
3 min de lecture
Zoom de l’Arval Mobility Observatory – La décision du gouvernement de supprimer le bonus écologique pour les entreprises interpelle le secteur des flottes. L'une des conséquences pourrait être le report des investissements vers des solutions de mobilité alternatives, comme le covoiturage, le FMD ou le crédit mobilité.
Fin du bonus entreprises covoiturage
Selon les derniers chiffres du covoiturage publiés par l’opérateur Karos, le nombre de "primo-covoitureurs" n’a jamais été aussi élevé en janvier 2024, tant côté conducteurs (41 157) que passagers (44 560). ©AdobeStock-Jean

Depuis mardi 13 février 2024, le petit monde du véhicule d’entreprise se pose sans doute la même question : "quelle mouche a piqué le gouvernement" au point de lui faire supprimer d’un seul coup le bonus écologique pour l’achat ou la location d’un véhicule électrique ?

 

Toutes les études montrent pourtant que la pérennité des aides à l’électrification est un "facilitateur" majeur de changement des habitudes et d’adoption de cette nouvelle motorisation. Chez nos voisins allemands, la décision radicale de supprimer les bonus à l’achat mi-décembre a d’ores et déjà provoqué une chute des immatriculations de modèles électriques outre-Rhin.

 

En France, au sein de la profession automobile, tous les porte-paroles n’ont de cesse de réclamer de la "lisibilité" et de la "stabilité" pour conduire le changement. Le moins que l’on puisse dire est qu’ils n’ont pas été entendus !

 

Pourtant, le marché des entreprises est depuis des années un véritable moteur pour l’industrie automobile dans son ensemble. Ce sont les entreprises, grandes ou moyennes, qui immatriculent en masse des véhicules neufs (particuliers comme utilitaires), contribuant ainsi au rajeunissement d’un parc à la route qui en a bien besoin.

 

Ce sont elles également qui, à leur rythme et en fonction de leurs besoins, apportent leur pierre à l’édifice de l’électrification dudit parc. Comment faire croire que le maintien de leurs aides n’est plus "indispensable" lorsque leur taux d’électrification ne dépassait pas 11 % à la fin de l’année dernière et que les obligations de verdissement de leurs parcs risquent de faire l’objet de sanctions financières en cas de non-respect, si la proposition du député Damien Adam est adoptée dans les prochaines semaines à l’Assemblée nationale.

 

Bien malin celui qui pourra prévoir dans les prochains mois la réaction des sociétés et par voie de conséquence, la tenue du marché entreprise. Les indemnités kilométriques vont-elles faire leur retour dans les pratiques RH, les employeurs optant pour une diminution du nombre de leurs véhicules en parc ? Auront-elles davantage recours aux nouvelles dispositions que leur offre la loi LOM, telles que le FMD ou le crédit mobilité, qui ont pour résultat de proposer plusieurs solutions de déplacements à leurs collaborateurs, tout en réduisant le recours aux véhicules individuels ? Quelle sera la place accordée aux mobilités partagées comme l’autopartage ou le covoiturage, pour lequel le gouvernement a déployé un plan de développement national ? Aujourd’hui toutes ces questions sont ouvertes.

 

Au milieu de toutes ces incertitudes, les derniers chiffres du covoiturage sur les trajets domicile-travail dévoilés cette semaine, incitent à un certain optimisme. Quatre nouveaux records viennent ainsi d’être battus, selon l’opérateur Karos qui rappelle les chiffres communiqués par les services de l’État via le registre de preuve du covoiturage : le nombre de "primo-covoitureurs" n’a jamais été aussi élevé, tant côté conducteurs (41 157 en janvier) que passagers (44 560) ; même constat pour le nombre de covoiturages sur les trajets courts (970 086 en janvier 2024), si l’on exclut les périodes de grèves des transports et hors vacances scolaires. De leur côté, les employeurs se mobilisent aussi plus largement en faveur de ce mode de déplacement, à en croire le nombre d’adhérents à la charte d’engagement en faveur du covoiturage des salariés de l’Ademe.

 

Dernier "record" battu par le covoiturage en ce début d’année : les quatre plus grandes agglomérations françaises (Paris, Lyon, Marseille, Toulouse) disposent désormais de services de covoiturage, qui "permettent de prendre localement un court-voiturage comme on prend le bus ou le métro".

 

L’Arval Mobility Observatory

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