La Région Normandie s’offre les premières Twingo rétrofitées par Lormauto
Dans l’électrification, tout est bon. La Région Normandie a décidé de distiller un peu de rétrofit dans le verdissement de sa flotte en se tournant vers une entreprise locale de dix salariés : Lormauto. Située à Argences (14), la start-up convertit à l’électrique des Renault Twingo de première génération.
Le premier exemplaire a été livré jeudi 15 février 2024. La région présidée par Hervé Morin a acheté cinq voitures, et prévoit d'en louer 100 dans les mois à venir, autant que la communauté d'agglomération du Cotentin. "Cela nous fait énormément plaisir puisque c’est la consécration de quatre années de travail avec un processus d’homologation, le Mondial 2022, la reconnaissance de la profession… Finalement, nous sommes reconnus pour la qualité de notre travail, et hier était un moment important", se réjouit Sébastien Rolo, cofondateur de Lormauto.
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Les clés ont été remises à la Région Normandie lors d'une cérémonie au siège de l'institution régionale à Caen. "C'est une très belle histoire" a jugé Hervé Morin auprès de l’AFP, qui administre un parc de 300-350 véhicules, "un projet industriel radicalement nouveau, c'est rare, et celui-ci est vertueux".
Des Twingo avec 100 km d’autonomie
Fondée en 2020, la start-up Lormauto rachète des Renault Twingo d'occasion, construites après 2003 pour bénéficier de l'ABS et des airbags d'origine, pour y implanter un moteur électrique italien et des cellules (batteries) construites en France à partir de piles chinoises. "Notre projet commun est de changer le monde" a déclaré Sébastien Rolo, lors de la remise de la première Renault Twingo rétrofitée.
La citadine, dotée d'une autonomie de 100 km, est louée 200 euros par mois, entretien compris, avec une option de rachat par l'entreprise au bout de trois ou quatre ans. Le prix catalogue est sinon de 20 000 euros.
De nouveaux modèles en perspective
Olivier Zanusso, associé de Lormauto, prévoit de rétrofiter deux véhicules par jour en 2024 dans une ancienne usine située à Argences (14), à 20 km à l'est de Caen. "L'empreinte environnementale est diminuée de 60 % par rapport à un véhicule électrique neuf" détaille-t-il. "Nous embauchons des carrossiers, des mécaniciens, qui viennent nous voir". Mais la start-up à l’ambition d’augmenter la cadence de production d'ici à 2025 entre 8 et 16 véhicules par jour. L’objectif de Lormauto est de faire du volume. "Si nous voulons faire du volume, il faut vraiment se comporter comme un constructeur industriel", assure Sébastien Rolo.
Lormauto envisage déjà la suite avec le rétrofitage de Renault Kangoo, Citroën Berlingo et Peugeot Partner, selon Olivier Zanusso, qui insiste sur la démarche environnementale.
"Nous réutilisons une usine existante, il n'y a pas d'artificialisation des sols, les moteurs thermiques sont en partie revalorisés, les faisceaux électriques et la peinture viennent de Normandie", complète-t-il, "mais nous devrons attendre les gigafactories de batteries pour acheter 100 % européen".
Le système de location remis en question
Le modèle économique de Lormauto est divisé en deux : la partie locative essentiellement destinée aux particuliers et la possibilité aux entreprises et aux collectivités d’acheter les véhicules. Pour cette dernière solution, la start-up propose d’ailleurs un buy back au bout de cinq ans dans l’objectif de les exploiter pendant une vingtaine d’années.
Mais depuis la mise à jour du bonus le 12 février 2024, si le véhicule rétrofité est loué, le bénéficiaire n'est plus éligible à la moindre prime. "Le degré d’attractivité de notre offre devient très faible avec le décret. Financièrement parlant, si nous perdons les 5 000 euros dans le modèle locatif, nous allons avoir du mal à rendre notre Twingo compétitive. Ainsi, nous sommes obligés de mettre en pause la location des véhicules et de nous orienter exclusivement vers la vente. Ce qui est une mauvaise chose de notre point de vue", se désole Sébastien Rolo.
Le "mal est fait"
D’autre part, Lormauto avait la volonté, dans le cadre du leasing social, de mettre en lice sa Twingo rétrofitée. "Il y avait une mention sur le rétrofit pour le leasing social. Mais finalement, nous nous sommes rendu compte que ce n’était pas possible, soulève Sébastien Rolo. Ce que nous regrettons, c’est qu’il nous est imposé les mêmes contraintes qu’un constructeur automobile sur un plan technique et sécuritaire sans pouvoir bénéficier des mêmes avantages. Au moment où nous sommes prêts, l’État nous retire 350 commandes de nos carnets de production, soit le nombre de particuliers ayant souscrit à une offre de Lormauto aujourd’hui. La reculade est énorme".
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Pour le directeur général de Lormauto, le "mal est fait", et même si la réglementation autorisait à nouveau la prime pour les véhicules loués, il serait difficile pour la start-up de revenir à ses ambitions initiales. "Aujourd’hui, nous sommes obligés de tout arrêter, de repositionner l’entreprise sur un modèle de vente, ce qui n’était pas le cœur de métier ni sa proposition de valeur. Au lieu de fabriquer 500 véhicules cette année, nous n'en produirons que 100 ou 200, on recrutera moins. En réalité, nous changeons le profil de l’entreprise." (Avec AFP)
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