La mobilité au défi des infrastructures
Comme chaque début d’année, c’est l’heure des bilans… et des bonnes résolutions. Dans le secteur des mobilités et des déplacements, on voit donc fleurir les bilans des ventes de voitures (neuves et d’occasion), des motorisations électriques et électrifiées (en plein boom), ou encore des déplacements à deux roues ou à pied. Et c’est là que vient le temps des résolutions.
En matière de voiture électrique ou de deux roues, la résolution de 2022 tient peut-être en un mot : infrastructures. Des bornes de recharges électriques en quantité et en puissance suffisante pour lever l’un des freins les plus coriaces à l’adoption de la voiture électrique par les Français. Et un espace public mieux organisé autour des modes doux de déplacements comme le vélo ou la marche, alors que jusqu’à présent tout, ou presque, tourne autour de la voiture.
Vaste -et coûteuse- tâche, si l’on en croit les nombreuses études qui sortent en ce moment sur la recharge électrique pour ne citer que l’électrification des parcs automobiles. De l’ordre de 145 milliards d’euros à l’échelle mondiale, dont 39 milliards rien que pour l’Europe et 6 milliards pour la France, sont nécessaires d’ici 2026, selon les estimations de la branche financement de Siemens (1). "La croissance rapide prévue des véhicules électriques dans le monde ne se produira pas si l'infrastructure de recharge électrique ne se développe pas à un rythme similaire", justifient les auteurs pour faire passer la pilule. La banque ING enfonce le clou en affirmant que le problème de la voiture électrique n’est pas la batterie, mais l’infrastructure de recharge, avant même la parité des coûts avec les motorisations thermiques. La France, avec ses 53 667 bornes fin décembre 2021, en hausse de 64 % certes, mais très loin de l’objectif fixé par le gouvernement de 100 000 bornes, sait donc ce qu’il lui reste à faire.
Même constat pour le vélo, dont tous les clignotants sont au vert depuis le début de la crise sanitaire. Une pratique en forte croissance (+30 % en 2021 en milieu urbain, +20 % dans le périurbain, et même +14 % en milieu rural, selon le Club des villes et territoires cyclables et marchables), de plus en plus d’acquéreurs de deux roues pour les déplacements quotidiens "domicile-travail"… Mais aussi, la nécessité de déployer un espace public et des infrastructures propres à faciliter l’usage des deux roues et la cohabitation avec la marche. "Nous devons envisager un partage différent de l’espace public, encore organisé autour de la voiture. L’idée est de renverser cette hiérarchie car l’essentiel des déplacements peut être fait grâce à des modes doux", faisait récemment valoir Françoise Rossignol, présidente du Club des villes et territoires cyclables et marchables.
Le rapport qui sera remis d’ici une quinzaine de jours au Premier ministre, Jean Castex, par le député dans la 6ᵉ circonscription du Val de Marne, Guillaume Gouffier-Cha, sur la reconstruction et le développement d’une filière économique pour le vélo, devrait à ce titre contenir plusieurs recommandations. Pour sortir le vélo de son statut de simple activité de loisir et le muer en vrai mode de transport, le député plaide, notamment, pour un sérieux coup de pouce en termes d’investissements. Il milite en faveur d’un montant par an et par habitant de 30 euros (contre 10 euros aujourd’hui). Une somme à comparer aux 271 euros par habitant et par an dédiés aux routes et aux 473 euros aux transports publics…
Le cadre est donc fixé, les résolutions affichées. Reste maintenant, et c’est là que le plus dur commence, à lancer et financer les grands travaux. Un effort de longue haleine, comme l’ascension de l’Alpe d’Huez et de ses 21 virages !
L’Arval Mobility Observatory
(1). Bornes de recharge : une facture à 39 milliards d’euros d’ici 2026 en Europe. Autoactu.com. 12 janvier 2022.
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