Frédéric Stiernon, CarPay-Diem : "Nous croyons au développement du paiement digital pour la prise de carburant"
Pouvez‑vous présenter la société CarPay‑Diem et la solution que vous proposez ?
F.S. : CarPay‑Diem est une entreprise qui a été fondée il y a bientôt 5 ans au Luxembourg. Notre ambition est de connecter les conducteurs avec les stations‑service. Pour cela, nous avons créé une plateforme technologique qui est au centre d’un triangle, dont les trois angles sont les conducteurs, les stations‑service et les moyens de paiement. L’expérience utilisateur est très simple. Le principe est qu’un conducteur qui arrive en station pour faire le plein sélectionne, via son smartphone ou directement depuis le tableau de bord de son véhicule, la pompe qu’il souhaite activer. Une fois cette demande effectuée, il reçoit un message lui indiquant que la pompe est prête et qu’il peut se servir en carburant. Enfin, au moment où il remet le pistolet en place, un reçu lui est envoyé pour l’informer que la transaction s’est bien déroulée. Notre système permet de savoir combien de litres ont été pris, de quel carburant, à quelle pompe, pour quel montant. Il intègre évidemment un moyen de paiement dématérialisé.
Combien comptez‑vous d’utilisateurs à ce jour ?
F.S. : Nous sommes officiellement entrés en production en janvier 2019 en Belgique et au Luxembourg. Nous venons de signer nos premiers contrats en France. Pour l’heure, huit marques de carburant acceptent notre solution et nous avons annoncé courant novembre le millionième plein réalisé par ce biais. Cela nous situe sans aucun doute au premier rang européen des acteurs du secteur en termes de volume de transactions et d’usage du paiement mobile.
Visez‑vous plutôt le grand public ou bien les professionnels ?
F.S. : Nous nous adressons aux deux. Pour le moment, nous sommes uniquement en production sur les clients particuliers. Le BtoB est en passe d’être lancé avec Edenred et son entité UTA. Concernant la partie BtoC, notre service est aujourd’hui intégré dans l’application de la banque belge Belfius, ce qui nous donne accès à plus de 1,5 million de personnes. Nous avons également noué un partenariat avec l’enseigne de grande distribution Colruyt qui dispose de ses propres stations‑service sous la marque DATS 24, soit un potentiel supplémentaire de 400 000 clients. Dans le cadre du BtoB, nous digitalisons les cartes carburant pour qu’elles puissent être directement utilisables depuis le tableau de bord des voitures ou des camions via le système de télématique, ou depuis l’application du diffuseur de la carte.
Cela nécessite que des accords soient noués avec les pétroliers et les distributeurs de cartes.
F.S. : Oui, effectivement. Il faut tout d’abord que nous concluions des accords avec les distributeurs pour que les cartes puissent être digitalisées de manière sécurisée via notre système. Ensuite, nous devons travailler avec les stations pour y intégrer notre dispositif, qui leur fournira les informations relatives à chaque plein et leur permettra d’être payées.
Des développements informatiques spécifiques sont‑ils nécessaires afin que votre service soit compatible avec les systèmes des pétroliers et les stations‑service ?
F.S. : C’est l’un des éléments différenciateurs importants de notre solution. Nous n’avons pas besoin d’installer du matériel spécifique dans les stations. Pour être compatible avec notre plateforme, la station doit seulement effectuer une mise à jour de son logiciel de gestion interne, son logiciel de caisse par exemple. Cela peut être fait à distance par le fournisseur du matériel qui est en place dans la station. Dès que cette mise à jour est faite, la station va se connecter à notre plateforme et va être ainsi directement accessible à l’ensemble des usagers connectés à notre plateforme.
Proposez‑vous des services additionnels aux utilisateurs ?
F.S. : Oui, ils peuvent bénéficier de conditions spécifiques en fonction de leur profil. Les pétroliers vont, par exemple, pouvoir leur proposer une ristourne sur le carburant ou bien les attirer dans leurs boutiques avec des réductions sur certains produits.
Pourquoi Edenred a choisi d’investir dans cette société ?
A.D. : Nous avons effectivement pris une part du capital, minoritaire, avec pour objectif de nouer un partenariat stratégique. Nous croyons au développement du paiement digital pour la prise de carburant, c’est une tendance de fond qui va se développer et nous souhaitons en faire bénéficier l’ensemble de nos clients. Nous avons d’ailleurs une longue expérience en la matière sur notre autre grand métier, le Ticket Restaurant. Nous sommes passés ici assez rapidement du paiement par carte vers celui par smartphone. C’est une stratégie que nous voulons appliquer au monde du carburant. Cela présente de nombreux avantages pour les clients, à commencer par la suppression de toute la logistique liée à l’envoi des cartes.
Concrètement, comment allez‑vous déployer cette solution, à quelle échéance sera‑t‑elle disponible en France ?
A.D. : Nous sommes encore en train de construire le calendrier de déploiement, notre investissement dans CarPay‑Diem est très récent. L’enjeu pour les mois et les années qui viennent est évidemment de relier au réseau un très grand nombre de stations dans tous les pays où nous opérons. Cela va nécessiter un effort commercial et d’explication vis‑à‑vis de nos partenaires. Si l’on fait un focus sur la France, l’idée sera de connecter à terme les 3 200 stations partenaires qui acceptent la carte Ticket Fleet Pro. Nous travaillons en parallèle, avec nos équipes informatiques et celles de CarPay‑Diem, au lancement du service via une application UTA, aussi bien pour nos clients poids lourds que flottes. Nous parlons en mois, pas en années. Dès 2021, nous aurons des solutions concrètes et opérationnelles à proposer.