Et si souveraineté énergétique rimait avec hydrogène ?

L’énergie sera sans doute l’un des dossiers-phares de l’exécutif dans les prochaines années. C’est en tout cas le sujet de préoccupation n°1 des Français, à en croire les résultats du troisième baromètre annuel d’Harris Interactive pour le compte de Teréga, un gestionnaire de réseau de transport de gaz français. (1)

Depuis mai 2021, l’institut de sondage pose les mêmes questions à un panel de plus d’un millier de Français. La guerre en Ukraine et ses conséquences sur le marché énergétique européen a fait l’effet d’un électrochoc sur la population : les Français affirment à 77 % s’intéresser de plus en plus aux "enjeux liés à l’énergie", alors qu’ils n’étaient que 65 % en mai 2021.

La population s’inquiète pour son indépendance énergétique : en 2021, 59 % de nos compatriotes pensaient que la France était indépendante ; cette année, ils sont 61 % à penser qu’elle ne l’est pas ! La prise de conscience de la grande dépendance de la France au gaz russe ou encore la défaillance du parc nucléaire tricolore (avec les mises à l’arrêt des réacteurs pour maintenance ou réparation des fissures) sont sans doute passées par là, tandis que le bouclier tarifaire du gouvernement n’a pas donné le sentiment d’avoir entièrement amorti le choc financier.

Cette situation conduit à une forme de paradoxe, souligne Harris Interactive : les énergies fossiles sont de plus en plus rejetées par l’opinion publique au nom de considérations environnementales, et en même temps, elles sont plus que jamais jugées indispensables. D’ailleurs, un Français sur deux, en moyenne, considère dans ce dernier baromètre qu’il sera impossible de sortir des énergies fossiles d’ici à 2050, contre 35 % en mai 2021.

Parmi toutes les énergies à la disposition de la France, c’est avant tout le nucléaire qui profite des suffrages des Français, 57 % d’entre eux en ayant une "bonne image", contre 51 % il y a deux ans. Ce sont toutefois les énergies renouvelables qui font la course en tête dans leurs préférences, avec 84 % pour le solaire, 77 % pour l’hydraulique ou encore 65 % pour l’éolien. De quoi mettre un peu de baume au cœur du gouvernement qui a récemment défendu deux lois sur l’accélération des procédures de développement des renouvelables et du nucléaire.

Un autre résultat mis en avant par l’étude Harris Interactive concerne l’hydrogène. Là encore, l’opinion des Français devrait satisfaire l’exécutif qui a misé beaucoup d’argent sur le développement d’une filière hydrogène performante dans les prochaines années : 84 % de la population en a entendu parler comme source d’énergie. Même si l’heure n’est pas encore à un usage large dans les transports et les déplacements, l’hydrogène entre peu à peu dans la vie quotidienne. Certains ont emprunté des bus roulant à l’hydrogène, d’autres des taxis Hype en région parisienne.

Toutefois un important travail de sensibilisation reste à faire, rappelle l’institut de sondages, puisque seul un quart des Français reconnaît avoir entendu parler des projets d’infrastructures de stockage et de transport d’hydrogène en cours en France et en Europe. En matière de transport individuel, peu de modèles de voitures sont aujourd’hui disponibles dans l’Hexagone.

Résultat, les immatriculations n’excèdent pas quelques dizaines (25 unités au premier trimestre 2023 et 195 pour l’ensemble de l’année 2022, des Hyundai Nexo, des Toyota Mirai, et un Renault Kangoo). Là encore, comme en matière d’électrification du parc automobile, le réseau de stations de recharge sera un levier incontournable. L’objectif est de 225 stations à horizon de 2025, dont 17 en Ile-de-France. On espère que le maillage prévu pour ces stations ne sera pas autant à la peine que celui des 100 000 bornes publiques de recharges électriques.

L’Arval Mobility Observatory

1 - "Les Français et l’énergie hydrogène". Enquête Harris Interactive réalisée en ligne du 17 au 23 février 2023 sur un échantillon de 1 025 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, pour Teréga et Toluna.