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Et si le retour du travail en présentiel favorisait la voiture de fonction ?

Publié le 24 août 2023

Par Damien Chalon
4 min de lecture
Zoom de l’Arval Mobility Observatory – Le marché des véhicules d'entreprise a retrouvé des couleurs au premier semestre 2023, mais il se situe encore en retrait par rapport aux années d'avant-crise Covid. Le retour progressif des salariés au bureau, associé à la mise à disposition de voitures de fonction, pourrait relancer la machine pour de bon.
véhicule d'entreprise et de fonction
La France se classe à l’heure actuelle parmi les nations les moins adeptes du télétravail en Europe, avec une moyenne de 0,6 jour par semaine. ©Adobe Stock-Zamrznuti tonovi

Le marché du véhicule d’entreprise a repris des couleurs en France sur les six premiers mois de l’année. Les optimistes diront que c’est peut-être le bout du tunnel pour une filière qui n’avait sans doute jamais connu pareil creux. Les autres souligneront que c’est plutôt un rattrapage après des mois de retards de livraisons liés à la crise des semi-conducteurs.

 

Et tous attendront, sans doute avec sagesse, les prochains mois pour voir si les commandes des entreprises sont bel et bien au rendez-vous, afin de consolider la reprise. Car n’oublions pas que, derrière ces chiffres positifs, le marché du véhicule d’entreprise reste loin de ses niveaux d’avant-crise Covid, avec 60 500 unités (véhicules particuliers et véhicules utilitaires) manquant à l’appel pour retrouver simplement le niveau de l’été 2019.

 

Et si un retour massif des collaborateurs au bureau, après trois ans de télétravail, devenait un "booster" pour les commandes de véhicules par leurs employeurs ? Plusieurs études récentes ont en effet mis en lumière des points faibles de ce système aux yeux des entreprises (baisse de productivité, perte de cohésion d’équipe, difficultés managériales), qui souhaiteraient revoir davantage leurs salariés au bureau. Pour les économistes du MIT associés à l’université de UCLA, par exemple, le télétravail entraînerait une baisse de productivité de 18 % des salariés.

 

Plusieurs sociétés vedettes de la tech américaine, dont le business a pourtant largement profité de la crise sanitaire, des confinements à répétition et du télétravail généralisé, ont aussi défrayé la chronique ces derniers mois en exigeant un retour sur site rapide de leurs équipes. Même la référence de la visioconférence, la société américaine Zoom, veut désormais privilégier un mode de travail hybride et a demandé cet été à ses salariés de revenir au moins deux jours par semaine dans les bureaux à compter de septembre.

 

Selon un rapport du Centre ifo d'enquêtes et de recherches en macroéconomie, la France se classe à l’heure actuelle parmi les nations les moins adeptes du télétravail en Europe, avec une moyenne de 0,6 jour par semaine. Les salariés allemands et britanniques sont davantage enclins à travailler depuis chez eux, avec respectivement 1 et 1,5 jour. Un classement dominé par le Canada, avec 1,7 jour de télétravail. Les salariés français aimeraient travailler chez eux en moyenne 1,4 jour par semaine mais leurs employeurs ne leurs proposeraient que 0,72 jour, contre 1,2 jour prévu par les patrons allemands ou 1,7 jour au Royaume-Uni.

 

Selon la zone de résidence, le niveau de responsabilité, le type d’activité et de secteur, le télétravail a plus ou moins pris ses marques en France. Selon l’Insee, 70 % des cadres et 56 % des salariés à Paris télétravaillent depuis la pandémie. Les habitudes sont bien ancrées dans ces populations, et il pourrait être difficile d’obtenir de leur part de faire machine arrière, avec la perspective de transports en commun bondés et pas toujours à l’heure ou de kilomètres de bouchons sur les routes. Au premier rang des atouts du travail à domicile, les salariés interrogés par le Centre ifo mettent d’ailleurs en avant le gain de temps sur le transport (60 %), suivi par les économies sur les frais de carburants et de repas (44 %).

 

À moins que les employeurs ne "sortent de leur manche" un complément de rémunération jusqu’ici très prisé des populations de managers et de cadres dirigeants : la perspective de pouvoir bénéficier d’une voiture de fonction. Une telle initiative pourrait-elle faire pencher la balance en faveur d’un retour sur site des salariés ? Avec la flambée des prix des véhicules neufs depuis trois ans, changer de modèle s’avère de plus en plus dissuasif pour certains actifs, alors même que les VO récents se font rares et chers.

 

N’en déplaise aux "anti-bagnoles", les Français restent encore attachés à la voiture, surtout lorsqu’ils habitent dans des territoires moins bien desservis en transports, ou qu’ils ont une famille. Dans ce contexte, la voiture de fonction a peut-être l’occasion de jouer à plein son rôle d’élément de rémunération des salariés et inverser trois années de management de crise.

 

L’Arval Mobility Observatory

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