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Et si, face à la crise énergétique, les collectivités ralentissaient leur transition écologique

Publié le 24 novembre 2022

Par Damien Chalon
4 min de lecture
Zoom de l’Arval Mobility Observatory – Le sujet de la crise énergétique prend actuellement le pas sur tous les autres dans les collectivités locales. A tel point que certains investissements "verts" de plus long terme sont repoussés ou abandonnés.

Alors que le Congrès des Maires se tient actuellement à Paris, une étude réalisée par CSA Research et Enedis (1) montre à quel point la crise énergétique prend aujourd’hui le pas sur tous les autres sujets dans les territoires.

 

Pour les élus en effet, la mise en œuvre de mesures visant la sobriété énergétique doit être la priorité n°1 (89 % des maires interrogés l’affirment, quelle que soit la taille de leur commune), devant des sujets jugés d’ordinaire essentiels comme l’accès aux services de santé, le stationnement ou encore la relance du commerce de proximité. Une seule région se distingue, l’Île-de-France, pour laquelle le dossier des transports en commun reste le sujet majeur à traiter.

 

Favoriser l’extinction des éclairages dans les bâtiments publics, sur la voie publique, sur les panneaux municipaux ou dans les commerces, réduire le chauffage dans les établissements publics, encourager la rénovation des logements énergivores, voire supprimer les décorations de Noël, sont désormais autant de questions à gérer tout en haut de la pile des dossiers des maires. Avec le risque que les urgences de court terme ne prennent le pas sur d’autres, certes de plus long terme comme la transition énergétique, les transports propres ou encore la circulation dans les centres-villes.

 

La COP27 qui s’est achevée dimanche en Egypte a, elle aussi, prouvé que le court terme l’emporte actuellement sur des priorités plus lointaines. Elle s’est en effet traduite par une forme d’immobilisme en matière d’accélération de la réduction des émissions de gaz à effet de serre ou d’arrêt des énergies fossiles.

 

Pourtant une récente étude conduite par le Centre national de la recherche météorologique montre qu’à l’échelle de la France, par exemple, les températures dans le pays pourraient augmenter de 3,8 degrés en moyenne d'ici à 2100, soit le double de ce qui était prévu jusqu’alors, si les émissions de gaz à effet de serre ne diminuent pas radicalement.

 

En Europe, la fin des véhicules thermiques a été actée pour 2035 au nom de la lutte contre le réchauffement climatique. En l’espace de treize petites années, il faudra donc créer les conditions d’un écosystème vertueux pour les automobilistes qui se seront convertis à l’électrique, ou pour ceux qui auront abandonné leur véhicule au profit de mobilités "douces" ou "partagées".

 

A l’échelle des communes, ce sont donc des réseaux de bornes de recharge en nombre et en puissance suffisants, mais également des transports en commun, des systèmes de covoiturage, d’autopartage, voire de navettes autonomes, adaptés aux besoins des citoyens, que l’on attendra des maires. Et ce, d’autant plus si l’élargissement des ZFE (zones à faibles émissions) entre bel et bien en vigueur en 2025 selon le calendrier fixé par la loi Climat & Résilience.

 

Or, l’explosion des factures d’énergie donne la migraine aux équipes municipales qui ont le plus grand mal à boucler leurs budgets 2023 et à prioriser leurs projets. Selon les prévisions de la Banque Postale citées par La Gazette des Communes (2), "le coup d’arrêt sur les investissements locaux, qui avaient retrouvé leur niveau pré-Covid dès l’an dernier, pourrait avoisiner les 70 milliards en 2022".

 

Dans ce contexte, quel sort sera réservé à la transition énergétique au sens large ? Une amorce de réponse est apportée par une enquête du Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof) pour l’Association des maires de France (AMF) avec 46 % de maires, qui indiquent envisager de renoncer à mettre en œuvre les projets d'investissements dans la transition énergétique. "La crise énergétique produit une autre crise énergétique", constate le journal Les Echos qui relaie cette enquête (2). Un mauvais point pour le verdissement des transports et des déplacements ?

 

L’Arval Mobility Observatory

 

(1). Les Français, les maires et la sobriété énergétique dans leur commune | Enedis. Novembre 2022

(2).  Avis de tempête sur les budgets locaux 2023 (lagazettedescommunes.com). 22 Novembre 2022.

(3). Crise énergétique : seul un maire sur cinq envisage d'augmenter les impôts locaux | Les Echos. 22 Novembre 2022.

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