Entreprises recherchent "boussole" désespérément
![marché des flottes 2025](https://journalauto.com/wp-content/uploads/2025/02/AdobeStock_1171184443.jpeg)
Rarement entame d’année aura été aussi compliquée pour les entreprises. Elles sont en effet engagées, malgré elles, dans une course de fond en matière fiscale. Faute de vote du budget de l’État et de la Sécurité sociale jusqu’à aujourd’hui, elles ont dû composer avec la réglementation en cours en 2024, en attendant le vote définitif de l’Assemblée nationale et les publications au Journal officiel… qui changeront et durciront bon nombre de règles fiscales.
Quelques semaines plus tard, elles devront suivre avec attention la traduction dans une PPL (proposition de loi), des 21 recommandations de la "mission flash" sur le verdissement des flottes automobiles qui s’est déroulée en fin d’année dernière. Là encore, les "mauvaises surprises" ne sont pas à exclure, tant l’exécutif semble vouloir accélérer la transition énergétique en contraignant les entreprises.
Il ne faudra pas non plus faire l’impasse sur les discussions en cours à l’échelle européenne, où un "plan de choc de la demande" sera annoncé à la fin du mois pour relancer l’activité plus qu’en berne de constructeurs automobiles soumis à la norme CAFE et sous le coup d’amendes salées. Comme l’explique le Commissaire européen à la Prospérité et à la Stratégie industrielle, Stéphane Séjourné, ces mesures visant à redonner de l’air aux constructeurs passeront par les flottes d’entreprises et les véhicules électriques.
Alors qu’à Paris, on va taxer (à partir du 1er mars 2025) les entreprises qui ne respecteront pas les obligations de la loi LOM en matière de renouvellement de leurs flottes avec des modèles électrifiés, Bruxelles s’apprêterait au contraire à mettre en place des mesures incitatives pour lesdites entreprises. Comprenne qui pourra !
Pas étonnant, dans ces conditions, que le marché automobile entreprise soit à l’arrêt depuis plusieurs mois. Les entreprises n’ont ni boussole (contrairement à l’Union européenne qui dispose d’une boussole pour la compétitivité…), ni boule de cristal pour tracer leur chemin. Résultat, elles calent et ne commandent plus de voitures. D’où les mauvais chiffres du mois de janvier (une baisse de -11,34 % à 33 587 unités) pour les VP et de -9,50 % à 19 964 unités pour les VUL). Dans sa lettre mensuelle, la Plateforme automobile alerte d’ailleurs sur la dégradation du carnet de commandes de VP, se situant à moins de 154 000 unités.
Si l’on ajoute à l’attentisme des entreprises, les nombreux plans sociaux en cours en France qui se traduiront mécaniquement par des retours de véhicules utilitaires ou de sociétés, et des restitutions de voitures de fonction, ce sont autant de leviers qui disparaissent pour commander, immatriculer et verdir le parc automobile français.
Pour parer au plus pressé dans cet environnement règlementaire mouvant et peu lisible, certaines entreprises pourraient être tentées de prolonger la durée de leurs contrats actuels quand d’autres, au contraire, opteront pour la restitution pure et simple de leurs véhicules ou l’abandon des voitures de fonction pour leurs collaborateurs.
À la place, elles remettront au goût du jour les bonnes vieilles indemnités kilométriques ou proposeront des budgets mobilités à leurs salariés pour l’ensemble de leurs déplacements. Ce n’est pas ainsi que la voiture électrique s’imposera dans l’Hexagone ou que le parc automobile rajeunira.
Pendant ce temps, en Norvège, le contraste avec la France est saisissant. Les véhicules électriques caracolent et représentent désormais près de 100 % des immatriculations, laissant des miettes au diesel et à l’essence. Les observateurs soulignent que ce pays n’a pas usé du "bâton" mais a privilégié les incitations financières sur la durée, le temps que cette nouvelle motorisation s’installe dans le paysage et trouve son public. Tout l’inverse de chez nous !
L’Arval Mobility Observatory
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