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Energies renouvelables, voiture électrique : le temps des questions ?

Publié le 1 février 2024

Par Damien Chalon
4 min de lecture
Zoom de l’Arval Mobility Observatory – En matière de conduite automobile, il y a ceux qui appuient sur le champignon et ceux qui lèvent le pied. C’est un peu la même chose dans le domaine des énergies renouvelables ou des nouvelles motorisations : il y a ceux qui accélèrent et ceux qui font preuve d’attentisme.
énergies renouvelables et voitures électriques
Au fil du temps, l’engouement pour l’électrique semble perdre de sa vigueur en France et en Europe, alors que sur le plan industriel, les investissements sont massifs. ©AdobeStock-barmaleeva

Prenons le cas de la voiture électrique : depuis plusieurs années, les constructeurs en ont fait leur leitmotiv, poussés il est vrai par un calendrier européen serré actant la fin du thermique à la date-butoir de 2035. Hors de la voiture à batterie, point de salut. Ménages comme entreprises sont priés de l’essayer et de l’adopter. L’avenir du véhicule électrique semblait, dès lors, radieux.

 

Et puis, changement de météo, alors même que certains freins à son adoption semblaient peu à peu se desserrer : les véhicules mis sur le marché ont davantage d’autonomie et correspondent donc mieux aux usages ; le réseau de bornes de recharge s’étoffe et réduit du même coup la crainte de la panne ; des dispositifs sont déployés pour accompagner l’installation de bornes au domicile des conducteurs. Oui, mais voilà : le rythme imposé pour cette transition énergétique par le législateur ne correspond pas à celui observé au sein de la population.

 

Le coût d’acquisition d’un véhicule électrique reste prohibitif, même avec des incitations financières. Et que dire de ce coût, lorsque les finances publiques ne peuvent plus accompagner cette transition et que les bonus disparaissent d’un seul coup (comme en Allemagne) ou qu’ils sont rognés (comme en France).

 

Au fil du temps, l’engouement pour l’électrique semble perdre de sa vigueur, alors que sur le plan industriel, les investissements pour relocaliser en France les fabrications de petits modèles, jusqu’alors made in China, vont bon train et que des usines de batteries sortent de terre en Europe.

 

Ces nuages qui s’amoncellent au-dessus de la tête des constructeurs les conduisent à faire des arbitrages : c’est Renault qui renonce à coter son pôle électrique (Ampere) et qui préfère autofinancer ses investissements. C’est aussi la guerre commerciale entre constructeurs qui reprend de plus belle depuis quelques mois, alimentée par Tesla. C’est enfin la question du prix de l’électricité, longtemps présenté comme l’atout n°1 du VE, face à des prix des carburants qui s’envolaient, et qui à son tour subit une pression inflationniste.

 

Autant d’éléments qui font dire au n°1 de Stellantis, Carlos Tavares, que "nous devons être sûrs que [l'électrification] est bien la direction que les gens veulent suivre" (1). Pour un groupe qui a prévu d’investir 40 milliards d’euros sur cette technologie d’ici 2030, l’enjeu est effectivement de taille.

 

Les interrogations autour de la filière électrique, un autre secteur les partage : celui des énergies renouvelables. À l’échelle mondiale, tous les clignotants sont au vert, avec des chiffres dithyrambiques comme ceux de l’Agence internationale de l’énergie : une hausse de 50 % des capacités de production d’énergie verte en 2023, dont les trois quarts venant du photovoltaïque. Une croissance anticipée à cinq ans jamais vue en trente ans.

 

En France, en revanche, le mouvement est plus lent. Le pays n’a pas respecté son objectif fixé en 2009 : que les énergies renouvelables (solaire, éolien, hydraulique, etc.) représentent 23 % de sa consommation finale brute d'énergie en 2020 (elle n’était à cette date qu’à 19 %).

 

Surtout, le projet de loi sur la souveraineté énergétique ne comporte plus, à date, d’objectifs programmés en matière énergétique. Autrement dit, les objectifs existants en matière d'énergie renouvelables (33 % de la consommation d'énergie en 2030) ont disparu.

 

D’où l’inquiétude des industriels de la filière quant à la volonté nationale de pousser sur l’éolien ou le photovoltaïque. Du côté de l’hydrogène, après un départ en fanfare, il y a quelques années et des milliards d’euros mis sur la table par l’exécutif, les projets ont avancé moins vite qu’espéré. La montée en charge semble mieux orientée selon les bilans de France Hydrogène, avec "un quart des entreprises désormais engagé dans l'industrialisation".

 

Reste à savoir quelle ampleur prendra l’hydrogène à l’échelle mondiale et pour quels usages. Les prévisions de l’Agence internationale de l’énergie, à cet égard, refroidissent quelque peu l’optimisme : d’après elles, seuls 7 % des projets annoncés dans le monde devraient être réalisés d'ici à 2030, faute d'investissements et de demande suffisante.

 

L’Arval Mobility Observatory

 

(1). https://www.lesechos.fr/industrie-services/automobile/voitures-electriques-a-quoi-joue-le-patron-de-stellantis-carlos-tavares-2072097. 29 janvier 2024.

 

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