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En finir avec la "RSE à la Papa"

Publié le 30 juin 2022

Par Damien Chalon
3 min de lecture
Zoom de l’Arval Mobility Observatory – Le sujet de l'urgence climatique est le grand absent du cursus de formation des grandes écoles. Une lacune dénoncée par la jeune génération de diplômés.

Il va peut-être falloir s’y habituer : jusqu’à présent les accusations de greenwashing (avéré ou supposé) de certains groupes et les débats sur la transition écologique se tenaient lors des grands-messes annuelles des AG d’actionnaires. Les temps changent : ces derniers mois, plusieurs remises de diplômes de grandes écoles de commerce ou d’ingénieurs ont aussi été le théâtre d’oppositions virulentes contre la frilosité des grandes écoles et de leurs professeurs à se saisir des thèmes de l’urgence climatique.

 

Certains étudiants n’y sont pas allés par quatre chemins, affirmant haut et fort devant un auditoire médusé (comme celui d’AgroParis Tech notamment) qu’ils ne se considéraient pas comme "les talents d’une planète soutenable" et qu’ils se refusaient à être fiers de leur diplôme "à l’issue d’une formation qui pousse globalement à participer aux ravages sociaux et écologiques en cours"! De tels discours étaient jusqu’alors inconcevables dans ce milieu d’ordinaire feutré, où les parcours professionnels sont balisés et plutôt privilégiés.

 

Après la jeune Greta Thunberg, qui n’hésitait pas à apostropher les puissants représentants des G7 et autre G20, les étudiants et jeunes diplômés sont-ils sur le point de monter au front et de secouer à leur tour leur milieu académique ? Globalement, les étudiants reprochent aux grandes écoles de ne pas en faire assez pour la transition écologique et de camper sur des formations qui les amèneront vers des métiers qui, au contraire, accélèrent le réchauffement climatique.

 

Bien sûr, ces jeunes qui feront un jour partie de l’élite économique et politique internationale pourront se réconforter en constatant que les choses avancent dans certains domaines : en matière automobile, par exemple, avec la décision européenne de mettre fin au thermique en 2035. Les transports représentent 30 % des émissions de gaz à effet de serre en France et ne peuvent se tenir à l’écart de la lutte contre le réchauffement climatique.

 

L’Europe vient aussi d’entériner la création d’un nouveau marché du carbone pour les fournisseurs de carburants et de fioul domestique. Certains jeunes détracteurs de Bruxelles auront beau jeu aussi de dire que ces décisions ne concernent pas la terre entière, puisqu’elles ne s’appliquent qu’à l’Europe et que, dans le même temps, le conflit en Ukraine redonne une vigueur inattendue au charbon.

 

La révolution à conduire dans l’automobile aura des impacts non négligeables sur l’emploi (la facture pourrait coûter 500 000 emplois en Europe, partiellement compensés par les 225 000 emplois créés par la filière électrique). De futurs managers et ingénieurs durablement formés aux enjeux de la crise écologique seront un "plus" pour accompagner cette mutation historique.

 

En 2018, le manifeste pour un réveil écologique signé à l’époque par 30 000 étudiants appelait déjà les grandes écoles à prendre en main la transition écologique. Près de cinq ans après, le bilan est maigre : 15 % seulement des grandes écoles dispensent un module obligatoire pour leurs étudiants sur les fondements de la crise écologique.  La "RSE à la Papa", avec quelques cours sur le développement durable, ne suffit visiblement plus aux jeunes générations qui auront, elles, à subir et à gérer les conséquences des désordres économiques d’aujourd’hui.

 

L’Arval Mobility Observatory

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