L’écomobilité n’est pas un long fleuve tranquille
L’écomobilité va-t-elle trouver dans la crise énergétique et la nécessité de pousser la sobriété énergétique, de véritables alliées pour accélérer son décollage ? Les dirigeants d’entreprise sont en tout cas certains que l’atteinte d’une société plus sobre énergétiquement est une nécessité à long terme, et pas seulement dans cette période de guerre en Ukraine.
Ils sont aussi conscients que cet engagement relève largement de leur responsabilité, aux côtés de l’Etat et des collectivités territoriales. Pour autant, ils ne comptent pas (pour le moment du moins) s’appuyer massivement sur l’écomobilité pour atteindre leurs objectifs de sobriété énergétique.
Selon un sondage OpinionWay pour Ecomob.Club (1), si sept décideurs d’entreprises ont déjà (ou sont en train) de déployer un plan de sobriété énergétique, moins de 1 sur 10 (8 % exactement) affirme que l’écomobilité y occupera une place centrale. On trouve toutefois une majorité (près de 80 %) à vouloir conduire des actions de sensibilisation à l’écomobilité auprès de leurs collaborateurs…
Comme tous les concepts nouveaux dans les entreprises, l’écomobilité souffre sans doute d’un déficit de moyens et de soutiens. Un peu comme la RSE il y a plusieurs années, lorsqu’elle s’appelait encore "développement durable" et qu’on y embarquait toutes les démarches environnementales, sans véritable ligne stratégique. Lorsqu’on voit le chemin parcouru depuis, et la place prise par la RSE dans l’entreprise, on peut quand même se montrer optimiste sur le long terme pour l’ensemble des mobilités douces et durables.
"L’écomobilité souffre d’un manque de priorisation au sein des entreprises par rapport à d’autres enjeux RSE", résume l’institut OpinionWay. Manque de structures propres dédiées à l’écomobilité, de formation des décideurs, culture limitée de la mobilité, résistance au changement des salariés, offre de solutions pas encore stabilisée… L’écomobilité se heurte également à un certain nombre de freins, autour de la voiture électrique ou du forfait mobilités durables, et pas seulement à l’idéologie du "ça ne marchera jamais"…
Une prise de conscience avérée
Pourtant la prise de conscience qu’il est nécessaire de proposer à leurs collaborateurs des incitations financières ou des services sur site, s'avère bien réelle chez les décideurs. Selon le sondage OpinionWay, 10 % seulement trouvent "inintéressant" de développer des services de mobilités (location de vélos, bornes de recharge…). Ils sont également 10 % à juger "inintéressant" d’accompagner financièrement les employés qui font le choix des mobilités douces (gratuité du parking covoitureur ou électrique, participation à l’achat d’un vélo, remboursement plus important de l’abonnement transport vélos).
Le problème principal ne résiderait-il pas davantage dans une méconnaissance des dispositifs existants ? Prenons le cas des applications digitales pour trouver le meilleur trajet pour les émissions de CO2 ou le plus rapide. Les décideurs se montrent très indécis sur cette question, comme le prouvent les résultats d’OpinionWay : 19 % d’entre eux trouvent "inintéressante" une application de covoiturage réservée aux salariés ; 30 % pensent de même d’une application de géolocalisation qui propose des itinéraires en prenant en compte toutes les offres d’écomobilité et 34 % d’une application qui classe les itinéraires en fonction de leur impact écologique.
Comme quoi, qu’on le veuille ou non, l’adoption des mobilités douces et durables ne se décrète pas. Elle s’adopte, s’apprend et se construit dans la durée. Tout le contraire de certaines décisions fiscales et réglementaires qui font et défont les dispositifs incitatifs, au rythme des saisons.
L’Arval Mobility Observatory
(1). Ecomob.Club est une communauté en ligne réunissant 500 décideurs d’entreprises et d’administrations de différents secteurs d’activité sur le thème de l’écomobilité.
(2). Enquête réalisée par OpinionWay auprès de 181 responsables mobilité ou décideurs d’entreprises de 50 salariés ou plus, inscrits à la communauté Ecomob.club, entre le 15 et le 22 novembre 2022.
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