Difficile cohabitation entre les différents usagers de la route
Favoriser la transition énergétique en adoptant la conduite de véhicules électriques ou des mobilités douces (vélos, trottinettes) n’est pas toujours une sinécure. Plusieurs études récentes montrent en effet que le partage de la route entre ces différents modes de déplacement rime de moins en moins avec sérénité.
Une situation qui n’est pas propre à la France, si l’on se réfère à un article publié outre-Manche par The Telegraph. Le "charge rage" (littéralement la "violence de la recharge" ) ferait ainsi de plus en plus d’émules parmi les conducteurs de véhicules électriques, car ils peinent à trouver des stations de recharge en état de fonctionnement. Lors des périodes d’affluence (vacances, jours fériés, week-ends), les bornes de recharge sont prises d’assaut et il n’y en a pas pour tout le monde. La situation est telle, explique le journal, que certains gestionnaires de stations de bornes ont été obligés d’embaucher des vigiles pour faire régner l’ordre. Du jamais vu au pays du fameux flegme britannique. Le Royaume-Uni possède, il est vrai, un réseau électrique vieillissant, qui ne permet pas, en l’état, de faire face à la demande croissante des adeptes des motorisations à batteries.
L’incivilité des automobilistes aux bornes de recharge n’est qu’un exemple parmi d’autres de ces "vis ma vie au volant". Dans la dernière livraison de son étude sur le "partage de la route" (1), la Fondation Vinci donne la mesure de la dégradation des comportements observée au fil des ans : trottoirs occupés par les motos ou les vélos, feux rouges grillés par les cyclistes, piétons qui traversent en dehors des passages protégés. Les "sas vélos" et les pistes cyclables sont aussi devenus des lieux de discourtoisie notoire puisque 50 % des motards ou encore 33 % des automobilistes admettent s’y arrêter.
On ne parle même plus de l’usage du téléphone, pourtant prohibé, et qui concerne plus de six automobilistes sur dix, 51 % des motards réguliers et 31 % des cyclistes. Ou encore du passage au feu rouge ou orange, reconnu par 67 % des automobilistes et 41 % des cyclistes.
Une autre étude, réalisée cette fois par MMA, confirme cette situation. Durant une enquête terrain de 60 heures d’observation, le comportement de tous les usagers a été analysé sur des carrefours très fréquentés de six grandes villes (Lille, Nantes, Lyon, Montpellier, Toulouse et Paris). Le verdict est sans appel : 38 écarts au Code de la route ont été constatés en moyenne par heure. Passage au feu rouge, refus de priorité, dépassement dangereux, vitesse excessive ; tous les types d’usagers de la voirie (automobilistes, vélos, trottinettes, piétons) sont à "mettre dans le même sac".
Le résultat de tout cela, c’est que près de 96 % des usagers de la route (contre 93 % en 2020), ont désormais peur de se confronter aux comportements à risque des autres, prévient la Fondation Vinci. Chez les cyclistes, le taux de 96 % est en progression de neuf points par rapport à 2020 et chez les motards, il bondit de onze points (92 %). À quand des véhicules autonomes dans les rues et sur les routes, pour remettre un peu d’ordre dans cette circulation anarchique ?
L’Arval Mobility Observatory
(2). CP-MMA-Partage-de-la-route-19102023.pdf (zerotracas.mma)
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