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Alerte (rouge) sur les prix de l’énergie

Publié le 20 janvier 2022

Par Damien Chalon
3 min de lecture
Zoom de l’Arval Mobility Observatory – Une nouvelle fois, l’envolée des prix des carburants à la pompe fait la une de l’actualité. Ce n’est certes pas la première fois, et ce ne sera sans doute pas la dernière.

Sujet éminemment sensible en France, surtout à quelques semaines des échéances électorales, elle traduit la très faible marge de manœuvre dont dispose la puissance publique pour inverser la tendance. Comme l’indiquait le président de l’Union française des industries pétrolières (UFIP) lors d’un JT du soir, la France ne représente que 1 % de la demande mondiale de pétrole… Difficile, donc, de donner de la voix et de peser sur la scène internationale.  

 

Pourtant, la question des prix de l’énergie risque bel et bien de s’inviter durablement dans le quotidien des Français. Car si aujourd’hui, il est question de l’envolée des carburants, demain il pourrait s’agir de celle de l’électrique. On ne scrutera plus le prix du baril de Brent mais celui du kWh lorsqu’on ira recharger son véhicule électrique à une borne de recharge.  

 

Un tel scénario n’a rien d’un film de science-fiction. L’exécutif n’a-t-il pas coupé court, la semaine dernière, à tout risque d’hémorragie du tarif régulé de l’électricité, promis à une flambée de 44 % au 1er février si rien n’avait été fait ? Grâce à un complexe montage financier, dont la France a le secret, l’État et EDF ont pris à leur charge l’essentiel de la note (15 milliards d’euros quand même), afin que la facture présentée aux Français n’excède pas 4 % de hausse cette année.

 

Comme dans le cas des prix à la pompe, les solutions permettant d’adoucir la note pour les consommateurs ne peuvent être multipliées à l’envi, d’autant qu’elles pèsent sur les finances publiques. Mais il y a pourtant fort à parier qu’avec l’électrification à marche forcée imposée par Bruxelles, la question du coût de l’énergie électrique va se poser.

 

Carlos Tavares, n°1 de Stellantis, ne dit pas autre chose lorsqu’il évoque "un risque social" autour de la voiture électrique. "Il ne faut pas perdre de vue (…) que nous risquons, je l'ai déjà dit, de perdre les classes moyennes qui ne pourront plus acheter de voiture et qu'il y aura des conséquences sociales", explique-t-il ainsi aux Echos dans sa dernière interview (1).

 

La question n’aurait pas tant d’importance si le Français ne restait pas si attaché à la voiture. Deux enquêtes récentes confirment en effet qu’aujourd’hui, l’automobile (même avec tous ses défauts vis-à-vis de l’environnement) reste incontournable dans les déplacements.

 

Sept Français sur dix déclarent l’utiliser au quotidien, loin devant la marche (39 %), indique par exemple un sondage d’Ipsos réalisé pour la Fabrique de la Cité. Même en milieu urbain, pourtant censé être bien desservi par les transports en commun, plus de six Français sur dix y ont recours.

 

Une étude de l’Insee, qui porte elle, sur les déplacements des Français en 2019 (donc avant la crise sanitaire qui a remis l’automobile à l’honneur), va dans le même sens, avec près de 63 % des déplacements effectués en voiture.

 

Autant dire que les habitudes ont la vie dure. Le coût de l’automobile (thermique ou électrifié) et de son énergie, restera sans doute encore longtemps comme un indicateur "avancé et incontournable" du pouvoir d’achat des Français. A surveiller en conséquence comme le lait sur le feu.

 

L’Arval Mobility Observatory

 

(1) https://www.lesechos.fr/industrie-services/automobile/carlos-tavares-avec-la-voiture-electrique-la-brutalite-du-changement-cree-un-risque-social-1380080, Les Echos, 18 janvier 2022.  

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