Ludovic Billiet, Toyota Europe : "Le segment A représente 100 000 voitures en France"
Journal de l’Automobile : Que représente le segment A en Europe et en France ?
Ludovic Billiet : En Europe, il est d’environ un million de véhicules. Il est principalement développé en Italie, en France et au Royaume-Uni, ainsi qu’au Danemark, mais ici pour des raisons fiscales. Il est dominé par Fiat qui, avec la 500 et la Panda, représente 40 % de part de marché. Avec la précédente génération d’Aygo, nous avions une pénétration de 11 %. En France, c’est un marché qui représente 100 000 voitures et nos prévisions indiquent qu’il pourrait passer à 120 000 unités en 2024.
J. A. : Quelles sont vos ambitions sur ce segment ?
L.B. : Depuis l’ouverture des commandes de l'Aygo X en novembre 2021, nous avons en enregistré 15 000 pour le marché européen. Hors crise géopolitique et de santé publique, nous ambitionnons de commercialiser en Europe 100 000 voitures sur une année pleine, dont 13 000 en France en 2024.
J. A. : Des volumes similaires à l’ancienne génération de l’Aygo ?
L.B. : En France, depuis le lancement de la première génération d’Aygo en 2005, nous avons commercialisé en moyenne entre 8 000 et 10 000 modèles chaque année. Nous disposons aujourd’hui d’un parc de 164 000 Aygo.
J. A. : En France, les propositions dans le segment A tendent à se raréfier. Hors Fiat, il ne reste plus que vos concurrents coréens. Comment analysez-vous cette situation alors que le segment représente encore 100 000 unités ?
L.B. : Effectivement, les offres se réduisent, mais justement, avec l’Aygo X, nous avons plus que jamais toute notre place dans le marché. Je pense que tous les constructeurs n’ont pas forcément trouvé la solution pour rentabiliser ce segment et que des choix stratégiques ont été pris. Pour Toyota, ce segment est rentable. En outre, l’Aygo X nous permet de couvrir tous les segments du marché.
J. A. : Il n’empêche qu’à partir de 15 990 euros, l’Aygo X est beaucoup plus chère que la précédente génération…
L.B. : Il ne s’agit pas de la même voiture. L’Aygo X repose sur la plateforme de la Yaris et bénéficie d’éléments de sécurité et de confort, sans oublier la technologie embarquée, bien supérieurs à la précédente génération. En outre, au lancement, nous la commercialisons avec des offres compétitives. La première commence à 119 euros par mois avec apport.
J. A. : Quelles sont vos cibles de clientèle ?
L.B. : L’Aygo de précédente génération a séduit majoritairement une clientèle de particuliers, urbaine. Dans les grandes lignes, elle était composée de jeunes couples sans enfant ainsi qu’à l’autre bout du spectre, de couples plus âgés, avec des enfants n’habitant plus au domicile familial et qui l’utilisaient comme seconde voiture du foyer. En parallèle, la clientèle BtoB couvrait une part de marché de 14 %. Sur ce canal, l’Aygo a principalement séduit les professionnels de l’automobile (mécanique, carrosserie). Nous comptons bien sûr conserver cette clientèle, mais avec son nouveau style, nous souhaitons séduire aussi les professions libérales, comme les infirmières, ainsi que les commerces de proximité. Notre ambition est de faire 70 % de conquête, un taux qui passe à 80 % sur le segment BtoB.
J. A. : Quels sont les outils de communication que vous avez mis en place pour son lancement ?
L.B. : Nous allons beaucoup investir dans la communication digitale, notamment via les réseaux sociaux. Cette stratégie a un double avantage : elle est moins onéreuse qu’une campagne de communication classique intégrant un spot télé de 30 secondes et elle nous permet de toucher une nouvelle cible.
J. A. : Le segment A ne risque-t-il pas de se retrouver en concurrence frontale avec les offres de mobilité dans les agglomérations qui tendent à se développer ?
L.B. : Je ne pense pas. Il s’agit de deux offres bien distinctes. J’attire votre attention sur le fait que les immatriculations baissent dans les centres villes, quels que soient les segments. Le segment A répond parfaitement aux attentes des clients de petite et de grande couronne des agglomérations pour des trajets pendulaires au quotidien.
J. A. : Justement, il s’agit d’un segment qui serait parfait pour l’électrification. Existera-t-il a minima une offre hybride sur l’Aygo X ?
L.B. : Je suis d’accord avec vous, mais l’équation économique est pour l’instant très compliquée. La technologie électrique coûte trop cher pour être montée sur des modèles du segment A. Idem pour l’hybridation. Nous ne prévoyons donc pas d’hybride sur notre nouveau modèle. Est-ce un problème ? Je ne pense pas. L’Aygo X émet 108 g/km de CO2, ce qui est un excellent résultat.
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.