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Fabien Pierlot, Coyote : "Nous voulons tout protéger et pourquoi pas assurer"

Publié le 18 juin 2025

Par Gredy Raffin
6 min de lecture
Il y a maintenant vingt ans que le groupe Coyote commercialise ses systèmes d'aide à la conduite et autres services liés à la mobilité des particuliers et des professionnels. Dans un entretien, Fabien Pierlot, le président-fondateur, décrypte la stratégie à long terme de l'entreprise tricolore.
Groupe Coyote
Fabien Pierlot est le président fondateur du groupe Coyote. ©Le Journal de l'Automobile

Le Journal de l'Automobile : Que retenez-vous de ces deux décennies d'histoire de Coyote ?

Fabien Pierlot : Je retiens que nous avons réussi à construire une marque forte. Coyote est devenu un terme générique, entré dans le quotidien de Français. Nous sommes aussi parvenus à bâtir une entreprise rentable dont le schéma de distribution repose sur de fortes collaborations aussi bien avec des constructeurs qu'avec des grands groupes de distribution, des assureurs ou des établissements financiers. Au fil des années, Coyote est passé d'un modèle BtoC à BtoBtoC et désormais BtoB, grâce à des partenaires qui partagent le même ADN commercial.

 

J.A. : Les crises économiques, les retournements réglementaires, les bouleversements technologiques, les répercussions d'une pandémie… Comment expliquez-vous la longévité de Coyote quand vos concurrents de la première heure ont tous disparu ?

F. P. : Je suis convaincu d'une chose : quand un client décide d'utiliser un service, alors celui-ci peut traverser toutes les difficultés. Les entreprises doivent savoir faire preuve d'innovation et d'écoute, le client écrit le reste de l'histoire. Nous avons été les premiers sur le marché et nous avons su capter la valeur. Nous avons pensé en 2013 que le rachat de Waze par Google mettrait notre activité à mal. Il n'en a rien été. Nous sommes complémentaires : Coyote accompagne les professionnels de la route et ceux qui circulent tous les jours, tandis que Waze a une base de conducteurs urbains et certainement plus occasionnels.

 

Nos statistiques montrent que le kilométrage n'a pas changé en dépit de la démotorisation ou de l'essor du télétravail

 

J.A. : En quoi les grandes mutations de la mobilité vous impactent-elles ?

F. P. : Depuis cinq à huit ans, il y a eu de véritables changements en effet. Mais près de 80 % des Français ont toujours besoin quotidiennement de leur voiture. Nos statistiques montrent que le kilométrage n'a pas changé en dépit de la démotorisation ou de l'essor du télétravail, car lorsqu'une solution telle que la nôtre accompagne des professionnels qui vont chez leurs clients, alors il y a une forme de pérennité. Je ne cache pas, néanmoins, que nous avons atteint un plafond de verre en ce qui concerne la taille de notre communauté.

 

J.A. : Deux décennies à la tête de l'entreprise technologique. Quelles sont vos clés de gestion du développement ?

F. P. : Nous avons compris que les acquisitions de sociétés nous apportent des compétences humaines et technologiques. Au cours des années passées, quatre rachats ont été opérés, renforçant nos effectifs de près de 200 personnes. Nous y avons gagné une maîtrise de plusieurs domaines de la connectivité, dans la protection contre le vol, dans l'intégration au smartphone, dans la géolocalisation pour la gestion de flotte ou encore dans l'installation de boîtiers à bord des véhicules.

 

J.A. : Un ensemble technologique méconnu du grand public…

F. P. : Il est vrai que nous voyons souvent des gens un peu perdus devant l'étendue de nos compétences. Quelque part, cela nous va bien, mais vous avez raison, nous devrions probablement communiquer davantage sur ces points. Le marché doit savoir que nous disposons d'un niveau technologique inégalé en Europe, voire dans le monde dans certains registres.

 

 

J.A. : Désormais structuré, quels équilibres de chiffres vise le groupe Coyote ?

F. P. : Le groupe emploie aujourd'hui 350 salariés, dont 150 personnes se chargent du développement des solutions. Nous réalisons 150 millions d'euros de chiffre d'affaires, en croissance de 5 à 10 % par an. En ordre de grandeur, 10 % de ce montant sert à financer la R&D. À ce jour, l'activité historique rapporte 60 % du revenu. Comme nous sommes en phase de développement de nouvelles perspectives, notamment avec le service de récupération après-vol qui nous ouvre le marché européen, nous pensons que dans deux ans il y aura une bascule. Le cumul de tous nos "nouveaux" services deviendra majoritaire.

 

J.A. : À titre personnel et en qualité de dirigeant d'entreprise, quel regard portez-vous sur ce que vous avez déjà accompli ?

F. P. : Ma plus grande fierté est d'avoir créé une technologie qui n'existait nulle part ailleurs dans le monde. À l'époque, il nous a fallu sept mois pour atteindre la rentabilité. Je suis un entrepreneur dans l'âme et beaucoup moins bon gestionnaire de société. Raison pour laquelle je me suis rapidement fait épauler par des gens compétents. Je tiens à leur rendre hommage, car nous avons su construire ensemble ce succès.

 

J.A. : L'avenir proche est à la commercialisation du nouveau Nano. En quoi ce produit est-il important pour Coyote et quel changement de technologie significatif apportera-t-il au marché ?

F. P. : Le Coyote Nano 2.0 est une pépite. Nous sommes parvenus à concevoir un boîtier de la taille d'un paquet de cigarettes capable d'être autonome pendant cinq ans et qui embarque neuf technologies brevetées pour délivrer deux services complémentaires. Au quotidien, il aide à la gestion de flotte et, si besoin, il contribue à localiser un véhicule volé. Il n'y a aucun équivalent en Europe et nos partenaires l'attendaient donc avec impatience.

 

Nous n'attendons pas que les gouvernements s'attardent à remplir notre mission de régulation du marché

 

J.A. : Dans la foulée de ce Nano, quelle est la feuille de route de Coyote ?

F. P. : Nous voulons continuer à intégrer des technologies et des ressources humaines. Coyote a démarré en voulant protéger le permis des conducteurs. Nous avons continué en protégeant les biens. Demain, il s'agira de protéger toujours plus de choses. Nous voulons tout protéger et pourquoi pas assurer.

 

J.A. : La décennie qui s'ouvre sera marquée par des ruptures technologiques comme le monde n'en a pas connu depuis très longtemps. Comment abordez-vous ce changement d'ère ?

F. P. : Nous sommes très attentifs à l'émergence de nouvelles technologies et solutions. Il y a un véritable besoin de transparence pour le client. D'une manière globale, nous n'attendons pas que les gouvernements s'attardent à remplir notre mission de régulation du marché. D'ailleurs, pour le Coyote Nano 2.0, nous coopérons actuellement avec l'Afnor et des assureurs afin de créer un label de certification des qualités. Ce sera une avancée pour l'industrie dans sa globalité.

 

 

J.A. : Où votre grand plan stratégique doit-il conduire Coyote pour qu'un nouvel entretien puisse avoir lieu dans dix ans ?

F. P. : Dans dix ans, j'espère que nous aurons bouclé le rachat de trois nouvelles sociétés. Elles nous aideront à diversifier encore plus les services à destination des clients. Pour l'heure, l'intelligence artificielle a quelque chose de nébuleux, malgré tout le potentiel pour une entreprise telle que la nôtre qui capte quotidiennement un milliard de données de conduite anonymisées. Nous avons les yeux des automobilistes et cela intéresse les constructeurs.

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