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Benoît Sineau, Turo : "La France est une première étape avant une expansion en Europe"

Publié le 23 novembre 2023

Par Gredy Raffin
5 min de lecture
Dix huit mois après avoir cédé OuiCar à Turo, Benoît Sineau, qui est devenu vice-président en charge de la France pour le groupe américain, dresse le bilan. La relance du service d'autopartage dans l'Hexagone doit conduire à convaincre l'Europe entière.
Turo France présente sa stratégie
Benoît Sineau, vice-président et responsable de Turo en France. ©Turo

Le Journal de l'Automobile : Qu'avez-vous accompli depuis la signature du rachat de OuiCar par Turo en mai 2022 ?

Benoît Sineau : Nous avons fait preuve de patience pour préparer la migration technique. Dix-huit mois au cours desquels nous nous sommes assurés que tout se passerait dans les meilleures conditions. En octobre 2023, Turo a réalisé un prélancement avec les propriétaires de véhicules. Depuis le début du mois de novembre, nous intégrons l'ensemble de la communauté d'autopartage de la plateforme.

 

J.A. : Concrètement, quel travail a été effectué ?

B.S. : Turo a récupéré l'ancien périmètre, celui de OuiCar, et a ajouté des fonctions de son environnement. Nous avons aussi eu à traduire la plateforme qui n'avait jamais été déployée en-dehors d'un pays anglophone. La France est une première étape avant une expansion de Turo en Europe.

 

Les collaborateurs ont tous pris la décision de rester chez Turo

 

J.A. : Quel est le bénéfice direct pour la communauté d'utilisateurs d'ex-OuiCar ?

B.S. : Du point de vue des utilisateurs français, ils profitent d'une nouvelle dimension, celle du leader incontesté du secteur. Leurs comptes ont désormais un rayonnement international. Ainsi, les propriétaires de véhicules ont accès à tous les clients de passage en France, tandis que les locataires peuvent poursuivre leur expérience même en déplacement.

 

J.A. : Sur le plan des effectifs, comment s'est déroulé la transition ?

B.S. : Turo a fait l'acquisition de OuiCar. L'opération n'avait rien d'une levée de fonds ou d'une entrée au capital. André Haddad, le fondateur, est d'origine française. Il a compris l'ADN de OuiCar et partage notre vision. De fait, nous avons pu constater que nous sommes parfaitement alignés en termes de stratégie, de culture d'entreprise et de modèle économique. À partir de là, les collaborateurs ont tous pris la décision de rester chez Turo. Les équipes techniques sont même montées d'un cran en rejoignant la structure centrale.

 

Nous comprenons que l'instantanéité favorise la location des véhicules

 

J.A. : L'autopartage a encore un long chemin à parcourir en Europe et en France en particulier. Quelles sont les perspectives ?

B.S. : Le modèle de la location à l'heure reste un service de mobilité qui peine à se développer. Nous ne misons d'ailleurs pas dessus. En revanche, notre système qui fait concurrence aux loueurs de courte durée traditionnels connaît un rebond impressionnant depuis la fin de la crise sanitaire. La disponibilité des voitures et la compétitivité des prix, d'une part, et l'aide à la maîtrise du budget automobile, d'autre part, sont de solides arguments. Mais, il est vrai que la location entre particuliers a encore une belle marge de progression.

 

J.A. : Sur quels éléments allez-vous axer votre croissance ?

B.S. : Il y aura trois éléments clés chez Turo : la qualité du parc automobile, la densification du maillage et la gestion de la communauté. Sur ce dernier point, nous souhaitons par exemple automatiser un maximum les interactions, au bénéfice du propriétaire et du locataire. À l'instar d'une célèbre plateforme de logements, nous comprenons que l'instantanéité favorise la location des véhicules. Autre exemple, nous avons aussi décidé de créer une équipe dédiée à la gestion en interne des sinistres d'un montant inférieur à 3 000 euros pour simplifier la vie des propriétaires. Avec Turo, nous accédons également à un système de notation des utilisateurs qui garantira une haute qualité des véhicules et un fort respect des biens.

 

A lire aussi : Lynk&Co érige son système d’autopartage en France

 

J.A. : Est-ce la porte ouverte à un partenariat avec une enseigne d'entretien ?

B.S. : Nous avions essayé par le passé. Cela ne marche pas. Pour une raison simple, les franchisés de ces réseaux de centres-autos ne jouent pas toujours le jeu de la stratégie imaginée par la maison mère et la plateforme d'autopartage. Beaucoup ne saisissent pas que nous leur apportons des affaires. Nous restons dans une logique d'écosystème. Turo aidera les propriétaires au financement des voitures, à leur assurance ou encore, imaginons-le, à la revente sur le marché de l'occasion. Les locataires profiteront aussi de nouveaux services comme une meilleure assistance routière et, depuis le lancement, de la possibilité de se faire livrer la voiture pour une dizaine d'euros à peine.

 

J.A. : Outre les voitures, sur quels véhicules souhaitez-vous miser ?

B.S. : Avant de basculer vers Turo, OuiCar comptait 35 000 véhicules sur la plateforme. Nous sommes retombés à 16 000 unités. Un volume en regain progressif. Nous souhaitons donc recruter des propriétaires. Outre les voitures, les véhicules utilitaires légers et les minibus font l'objet de nombreuses demandes. Des auto-entrepreneurs investissent donc pour apporter une offre. À ce titre, nous pourrions tout à fait convaincre des garagistes ou des concessionnaires d'exposer des véhicules. Ce sera un des enjeux. En revanche, nous estimons tant avoir à faire avec notre cible historique que nous ne regardons pas pour le moment les autres formes de mobilité. Chaque verticale produit correspond à un métier à part entière.

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