WeProov découvre l'Amérique
Il descendait pour ainsi dire tout juste de l'avion qui l'a ramené à Paris. Alexandre Meyer, le co-fondateur de WeProov, encore sous l'effet du décalage horaire, se montrait enthousiasmé par son voyage aux Etats-Unis, où son entreprise vient de prendre un bureau en espace partagé à New York. Lauréate du concours Impact USA de Business France, WeProov a démarré officieusement des activités au pays de l'Oncle Sam, en ce mois d'octobre, nous confie Alexandre Meyer.
Officieusement, car, pour l'heure, WeProov n'y commercialise pas encore sa technologie d'état des lieux digitalisé. "Nous sommes en phase d'observation, explique le co-fondateur, nous présentons la solution, nous écoutons nos interlocuteurs, nous collectons des impressions pour évaluer le potentiel de notre service aux Etats-Unis". De ce premier voyage, il retient une réponse positive du marché. "C'est une toute autre culture, une toute autre approche de l'innovation et certains concessionnaires se sont montrés prêts à démarrer un test dès que possible", partage-t-il son expérience. Il estime avoir ses chances car il existe des solutions apparentées à WeProov, mais aucune ne propose une certification globale, relève encore le co-fondateur de la start-up.
L'entrée au Etats-Unis doit faire l'objet d'une profonde réflexion stratégique, du fait des sommes à engager. Le co-fondateur de WeProov évalue à "2 à 3 millions de dollars" le budget nécessaire à la création d'une cellule locale. Le résultat de la levée de fonds en cours de réalisation permettra d'y voir plus clair sur la feuille de route. Entre-temps, Gabriel Tissandier, l'autre co-fondateur de WeProov, poursuit l'œuvre de préparation en restant sur place pour rencontrer les distributeurs et les loueurs. "Cela nous donne le sentiment de repartir de zéro", compare-t-il avec ses premiers mois d'activité, il y a trois ans.
Fidèle à l'automobile
Au fil de l'histoire, des opportunités de diversification se sont présentées, comme le secteur de l'immobilier ou l'assurance. Ce qui a donné naissance à deux divisions chez WeProov. Néanmoins la start-up garde bien sa cible prioritaire. Alexandre Meyer répète, en effet, son engagement dans la filière automobile. Si des discussions ont été entamées avec des entreprises de petites annonces, les contrats ne suivent pas. "Adopter WeProov revient à admettre que des escroqueries existent sur leurs plateformes, ce qui nuirait à l'image", décrypte-t-il les échanges préliminaires. La piste de la logistique continue en revanche de se creuser.
WeProov, qui fournit sa solution à Fullcar Services, a réussi à attirer, en effet, un constructeur français et négocie avec un américain. La start-up servirait d'outil de certification tout au long du trajet du véhicule neuf, de l'usine au point de vente. Un pilote a été réalisé en 2017, impliquant des usines d'assemblage et des ports de transit. Une fois établie la liste des indicateurs de performance clés (KPI) à suivre, l'accord pourra entrer en production.
Et pourquoi par l'Afrique ?
"De gros projets sont en préparation en France", affirme par ailleurs Alexandre Meyer. "Les assureurs nous ont lancé le challenge de fluidifier le parcours de déclaration de sinistre", introduit-il le chantier sur lequel une partie de l'équipe s'affaire pour 2019. Un système de gestion des réclamations en somme. Natixis Assurance a signé, d'autres vont suivre, assure l'entrepreneur. Peut-être seront-ils tentés par ce qui se présente comme l'une des évolutions majeures de l'année à venir. Lors de Mondial.tech, WeProov a dévoilé un système de reconnaissance d'images associable à un mécanisme de chiffrage des dégâts. De l'intelligence artificielle injectée dans le cœur de la solution, après l'emploi de la blockchain depuis près de deux ans. "L'IA est un gage de gain de valeur de notre outil", reconnaît le co-fondateur de l'entreprise.
Amoureux de l'Afrique, il garde ce territoire dans un coin de son esprit. Le Maroc en particulier, son pays de cœur. "Il y a de formidables opportunités pour WeProov sur le continent africain. Il y a un besoin et les investissements de départ sont moindre", avance-t-il ses premiers arguments. L'Amérique est incontournable, certes, mais il y a fort à parier que l'Afrique n'attendra pas très longtemps pour voir le lauréat du concours d'innovation du Mondial 2018 s'enraciner dans plusieurs zones. Alexandre Meyer n'en a pas fini avec les avions.
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