Véhicule électrique : oui sur le papier, un peu moins dans la vraie vie
Le Projet de loi de finances 2019 (PLF) présenté lundi en Conseil des ministres a, sans surprise, acté le principe d’un alourdissement du malus automobile (avec un abaissement du seuil de déclenchement de 3 g, à 117 g au lieu de 120 g) et un renchérissement de la fiscalité sur les carburants (hausse des taxes de 6,5 centimes sur le diesel et de 2,9 centimes sur l'essence).
Nous comprenons l’inquiétude des responsables de flotte d’autant que les arbitrages gouvernementaux n’ont pas encore été rendus sur les modalités du bonus écologique pour 2019 et sur les dispositifs d’aides à l’achat de véhicules propres. Même incertitude sur le changement de mesure du CO2 intervenu en septembre avec le nouveau protocole WLTP, qui succède à la mesure NEDC, et qui devrait se traduire par une hausse générale des émissions, et donc de la fiscalité automobile, puisque celle-ci est justement basée sur le CO2.
L’heure est donc plus que jamais au "brainstorming" pour les décideurs d’entreprise. Comment adoucir la "pilule fiscale", comment "passer entre les gouttes" des ukazes anti-diesel et anti-véhicules thermiques dans les centres-villes, comment garantir les déplacements des collaborateurs dans le cadre de leur activité professionnelle ? En un mot, comment assurer une activité économique dans un environnement réglementaire peu lisible et de plus en plus mouvementé ?
Le recours aux véhicules électriques peut-il, dans ce cadre, constituer une réponse à leurs interrogations ? Les constructeurs investissent massivement dans cette énergie depuis le déclenchement du Dieselgate, les autonomies des modèles progressent, tandis que les systèmes de recharge se diffusent plus largement dans les collectivités, et l’offre de modèles va considérablement s’étoffer dans les mois qui viennent.
La dernière étude de l’Observatoire Cetelem, qui porte justement sur l’avenir du véhicule électrique dans le monde (avec une prévision de 3 % de part de marché en France d’ici deux ans), fait un bilan mitigé de cette énergie. Certes, "sur le papier", la voiture électrique coche toutes les cases (lutte contre la pollution, confort de conduite...) : 85 % des personnes interrogées dans le monde estiment d’ailleurs que cette motorisation est l’avenir et 89 % que c’est une solution écologique.
Mais, et c’est là où le bât blesse, les blocages restent tellement importants que les usagers n’osent pas franchir le pas. Huit automobilistes sur dix dans le monde estiment que le véhicule électrique est plus cher à l'achat que son équivalent thermique (91 % des Français), 76 % affirment que les bornes de recharge publiques sont suffisamment nombreuses et, surtout, 86 % indiquent qu’il n’y a pas assez de modèles disponibles sur le marché pour faire un choix éclairé (encore un peu de patience…).
Ces arguments sont aujourd’hui bien connus. En revanche (et l’étude du Cetelem est à cet égard intéressante), le point de vue des consommateurs norvégiens (particulièrement en pointe dans le domaine de l’électrique au point d’en être les premiers utilisateurs au monde) est riche d’enseignements et donne à réfléchir.
Car leur bilan est plus que mitigé : fort de leur expérience et du recul qu’ils ont sur cette technologie, les Norvégiens sont moins nombreux que la moyenne mondiale à croire en l’avenir de l’électrique (77 % contre 85 %). Ils sont aussi moins convaincus que l’électrique demande moins d’entretien que le véhicule thermique (54 % contre 68 %) ou qu’il s’agit d’une solution écologique (78 % contre 89 %).
Plus que jamais, et c’est le credo de l’Observatoire du Véhicule d’Entreprise, il est donc urgent de ne pas miser sur une seule motorisation, mais de panacher les énergies dans les parcs automobiles, selon les usages des conducteurs.
L’Observatoire du Véhicule d’Entreprise