S'abonner

Très chère électricité

Publié le 20 mars 2025

Par Damien Chalon
4 min de lecture
Zoom de l’Arval Mobility Observatory – Le marché de l’électrique ralentit en Europe, freiné par l’incertitude économique, la fin des aides et la hausse des coûts de l’électricité. En France, entreprises et particuliers hésitent à franchir le cap, alors que les tensions sur les prix de l’énergie pourraient encore compliquer la transition.
Tribune Arval
Même si les factures des tarifs réglementés de l’électricité ont baissé de 15 % en février 2025, la tendance semble orientée à la hausse sur le moyen terme en raison des besoins d’investissements d’EDF pour les futurs petits réacteurs nucléaires (SMR) et le successeur de Flamanville, l’EPR2. ©AdobeStock-yelantsevv

Le marché de l’automobile électrique patine depuis plusieurs mois en Europe (la part de marché des voitures full électriques stagne autour de 13,6 %). Le bras de fer entre la Commission européenne et les constructeurs chinois, au lieu de stimuler les achats de consommateurs à l’affût de bonnes affaires, les paralyse.

 

En France, le feuilleton autour de la loi de finances pour 2025 auquel vient de s’ajouter le chapitre de la réforme soudaine des avantages en nature (AEN) avec effet rétroactif au 1er février 2025, tétanise les décideurs d’entreprise. Résultat : un marché du véhicule d’entreprise plus qu’en berne.

 

Parmi les trois freins traditionnellement mis en avant à une électrification rapide du parc français, certains sont pourtant levés comme l’offre suffisante de modèles ou l’autonomie des véhicules. D’autres sont en voie de l’être, tel le maillage territorial des réseaux de bornes de recharge.

 

Comme le rappelait récemment la patronne d’Enedis, l’entreprise responsable du réseau de distribution d’électricité en France, notre pays dispose de plus de 2,3 millions de points de charge, ce qui en fait la deuxième nation la mieux équipée en Europe derrière les Pays-Bas.

 

Mais à l’inverse, des questions continuent de se poser comme le prix des véhicules, surtout depuis la disparition des aides publiques à l’achat ou à la location, et même si l’arrivée de modèles à moins de 20 000 euros ne relève plus de la science-fiction. Plus récemment, c’est aussi la trajectoire future des tarifs de l’électricité qui interroge et qui pourrait ralentir la marche en avant de l’électrification chez les ménages et dans les entreprises.

 

En 2024, le nombre de foyers ayant subi des coupures d’électricité a d’ailleurs progressé de 24 % par rapport à l’année précédente, selon les chiffres du Médiateur de l’énergie, à plus de 1,2 million. Même si les factures des tarifs réglementés de l’électricité ont baissé de 15 % en février, la tendance semble orientée à la hausse sur le moyen terme en raison des besoins d’investissements d’EDF pour les futurs petits réacteurs nucléaires (SMR) et le successeur de Flamanville, l’EPR2.

 

Une augmentation des coûts de l’électricité ne serait assurément pas une bonne nouvelle pour le marché du véhicule à batterie. Une étude récente de l’association UFC-Que Choisir ne dit pas autre chose lorsqu’elle liste parmi les "points de vigilance" une hausse possible des tarifs de l’électricité pour la recharge à domicile.

 

Face à des prix des carburants élevés et fluctuants au gré des variations des cours du pétrole, le coût de l’électricité apparaissait pourtant comme une aubaine pour les automobilistes adeptes des motorisations à batteries. La roue a rapidement tourné dans ce domaine et l’atout d’hier pourrait devenir le frein de demain.

 

D’autant que la transition énergétique a un coût ; les investissements dans les énergies renouvelables pourraient mobiliser une centaine de milliards d’euros selon les derniers chiffres de la 3e Programmation pluriannuelle de l’énergie. Enedis, par exemple, prévoit de consacrer dix milliards sur la période 2022-2040 pour les énergies renouvelables.

 

Le bras de fer entre EDF et l’État autour des futurs prix de l’électricité risque de se poursuivre lorsque prendra fin le régime de l’Arenh en janvier prochain. Il fait peser un risque sur les tarifs appliqués aux entreprises et aux fournisseurs concurrents d’EDF dans le futur. Le dispositif de l’Arenh fournissait jusqu’alors de l’énergie nucléaire à un prix imbattable de 42 euros le MWh.

 

Les négociations pour le futur système tournent en rond, au point qu’EDF vient de lancer des enchères ouvertes aux entreprises et aux autres fournisseurs d'électricité pour leurs futurs contrats à très long terme. Pour l’État, une ligne rouge a été franchie par l’électricien public, les enchères constituant à ses yeux une course au plus offrant et une menace claire sur les prix.

 

L’automobiliste "en plein brouillard", pour reprendre le titre d’une des études de l’Observatoire Cetelem, ou le chef d’entreprise à la recherche de ses futurs véhicules pour son activité, n’avaient sans doute pas besoin de cette nouvelle passe d’armes. Ni l’industrie automobile, qui risque aussi d’en faire les frais, avec des commandes encore en baisse.

 

L’Arval Mobility Observatory

Vous devez activer le javacript et la gestion des cookies pour bénéficier de toutes les fonctionnalités.
Partager :

Laisser un commentaire

cross-circle