S'abonner

Retour d'expérience : La Poste, pionnier et fleuron

Publié le 28 mars 2012

Par Alexandre Guillet
7 min de lecture
La Poste a toujours été à la pointe de la promotion du véhicule électrique, mais ces dernières années, le groupe a pris une nouvelle dimension en s'octroyant un rôle central dans le développement de la filière. Gros plan sur un fleuron français qui est aussi un modèle cité dans le monde entier.
La Poste a toujours été à la pointe de la promotion du véhicule électrique, mais ces dernières années, le groupe a pris une nouvelle dimension en s'octroyant un rôle central dans le développement de la filière. Gros plan sur un fleuron français qui est aussi un modèle cité dans le monde entier.

A la toute fin de l'année passée, Jean-Paul Bailly, président-directeur général du groupe La Poste, dévoilait à Chanteloup-les-Vignes, dans les Yvelines, les dix premiers véhicules électriques livrés à son groupe, dans le cadre du déploiement de la commande de 10 000 véhicules d'ici 2015. On pouvait y voir un symbole fort. D'une part, pour le groupe, qui pose ainsi l'un des premiers jalons dans son programme visant à en faire l'opérateur de référence en matière de logistique urbaine responsable, ce qui passe notamment par une réduction de 20 % des émissions de CO2 par foyer desservi et par l'amélioration des conditions de vie au travail des facteurs.

Vers l'émergence d'une filière industrielle du VE

D'autre part, pour l'ensemble de la filière électrique nationale, actuellement en construction. Jean-Paul Bailly ne dit d'ailleurs pas autre chose : "J’ai eu l’honneur de me voir confier, en janvier 2009, la mission de structurer la demande des véhicules électriques pour les grands groupes français gestionnaires de flottes. Trois ans après, c’est une vraie satisfaction que de voir aboutir un long travail d’étude, de concertation et de construction d’une démarche inédite qui a permis de mettre autour de la table entreprises privées, entreprises publiques et associations d’élus. Je tiens donc à adresser mes remerciements les plus sincères à tous les participants de cette démarche collective qui permettra, j’en suis sûr, l’émergence de la filière industrielle de véhicules électriques."

Partir des usages !

Jean-Paul Bailly a en effet piloté le groupement national de commandes de véhicules électriques, lancé dès avril 2010 et coordonné ensuite par l'Ugap (Union des Groupements d'Achats publics). Toujours à la fin de l'année passée, le groupement de commandes annonçait le choix des premiers constructeurs retenus, à savoir Renault et Peugeot. Le premier lot, qui concerne un VUL d'un volume d'environ 3 m3, a été attribué à Renault, qui va livrer 15 637 Kangoo ZE, dont 10 000 à La Poste, sur une période de quatre ans. Or, ce défi n'était pas gagné d'avance, comme l'indiquait avec à propos Murielle Barnéoud, président-directeur général Docapost : "Un débat loin d’être consensuel et nécessitant une détermination sans faille pour guider le travail des équipes et tenir les objectifs. Le travail doit se faire à partir des usages et doit être le plus ouvert possible pour laisser aux constructeurs le choix des technologies. Il est indispensable de se situer au-dessus de la mêlée. Enfin, pour être légitime et créer une masse critique, la transparence et la clarté doivent être de mise entre utilisateurs de flottes pour s’interfacer et échanger efficacement."

L'électrique ne se limite pas aux voitures

Actuellement, le parc de La Poste comprend déjà 270 voitures électriques (avec un million de km parcourus et 300 facteurs formés), un nombre qui va s'étoffer de 1 600 unités cette année, via les livraisons de Kangoo ZE. La stratégie de La Poste ne se limite pas aux véhicules à quatre roues, mais intègre aussi les quads et les vélos : 210 quads électriques sont déjà en service et, là encore, les choses vont s'accélérer dès 2012, avec plus de
1 000 livraisons prévues. Le développement des vélos à assistance électrique (VAE) a, pour sa part, déjà pris une grande ampleur, avec
10 000 unités utilisées par les facteurs. Tout en remplaçant des deux-roues motorisés, le VAE présente aussi l'avantage d'améliorer le confort de travail des facteurs. Enfin, dans un registre différent, mais toujours en lien avec l'enjeu environnemental, La Poste privilégie les camions à double pont plutôt que les semi-remorques classiques et peut opter pour le mode ferroviaire pour le transport du courrier sur certains grands axes (Lille-Lyon, Lille-Bordeaux ou Lille-Marseille, par exemple).

Une vision globale

Toutefois, si La Poste a su être, et est encore aujourd'hui, un formidable rassembleur autour du défi de la mobilité électrique, c'est aussi parce que ces dirigeants se sont toujours inscrits dans une vision globale, qui dépasse le seul cadre des véhicules. Il existe notamment une dimension sociale de la démarche, au service des salariés du groupe et de leur environnement (ce dernier élément étant encore renforcé par des efforts de sensibilisation, de communication, ou des manifestations pédagogiques grand public). Très prosaïquement, La Poste a ainsi formé 60 000 facteurs à l'écoconduite, c'est-à-dire à des règles simples et immédiatement appropriables pour baisser la consommation des véhicules et les émissions de CO2. L'objectif affiché est de réduire les émissions de CO2 de 10 000 tonnes par an et d'économiser chaque année 5 millions de litres de carburants. Un objectif environnemental, mais aussi économique et social qui correspond parfaitement à l'esprit du développement durable. Notons au passage que l'écoconduite se décline pour les véhicules électriques comme pour les véhicules thermiques. A ce propos, si l'échantillon demeure pour l'heure encore réduit, les utilisateurs de VE au sein de groupe expriment des retours d'expérience très positifs. Le silence, le confort et la conduite apaisée quasiment induite par le véhicule sont ainsi mis en exergue.

L'opportunité d'une diversification réussie

Par ailleurs, La Poste a su aussi tirer profit de son expérience accumulée pour se diversifier. Deux filiales commerciales ont ainsi été créées pour proposer aux entreprises et aux collectivités des solutions focalisées sur l'utilisation de transports propres et de modes de conduite économique. Mobigreen propose ainsi des offres liées à l'écoconduite aux gestionnaires de flottes, aux grands groupes et aux collectivités territoriales. De son côté, Greenovia commercialise des solutions de gestion de parc automobile (gestion de flotte, implantation de véhicules décarbonés en général et de véhicules électriques en particulier dans la flotte…). Le spectre des prestations se révèle large, puisqu'il inclut études, conseil, ingénierie, développement de nouveaux services, ou encore vente de données, par exemple. Notons que la filiale Greenovia est dirigée par Vanessa Chocteau, qui fut une actrice centrale de la récente épopée électrique du groupe La Poste.

Une belle aventure pour le début d'une longue histoire

Epopée, le mot est lâché ! Il convient bien à ce que d'autres appellent aussi "aventure". Avec toute la dimension humaine que cela suppose. Bref spicilège. "La réalisation du cahier des charges commun a été une période très intense ; elle nous a fait rencontrer les autres entreprises et découvrir leurs préoccupations, souvent nouvelles pour nous. Cela a été donc une phase enrichissante, avec le sentiment d’être au tout début d’une longue histoire", souligne André Dessertaine, directeur technique du Courrier La Poste, relayé par Christelle Chabredier, chargé des relations Institutionnelles à la direction du développement durable du groupe : "Nous avons vite senti que nous étions, avec cette démarche de structuration de la demande, en train de créer ensemble une nouvelle filière et que notre responsabilité était grande. Ce sentiment a été confirmé par le nombre croissant de sollicitations reçues, des indices d’un intérêt pour répliquer cette démarche. Le nombre de projets similaires qui ont vu le jour depuis nous prouve l’effet d’entraînement de cette démarche inédite", avant d'ajouter : "Le partage a été très riche. C’est grâce à l’implication de tous pour un objectif commun et partagé que cette démarche a pu aboutir, selon moi." Sans oublier que l'avenir s'écrit maintenant, comme l'indique Sylvain Fresnault, directeur des achats Courrier La Poste : "La Poste est devenu référent sur le véhicule électrique. Il s’agit maintenant de nous assurer de l’écosystème du véhicule électrique avec les infrastructures de recharge et aussi d’accompagner l’amélioration des futures générations de véhicules électriques", soutenu par Marc Thiercelin, directeur adjoint des Achat Ugap : "Aujourd’hui une nouvelle aventure commence, avec la commercialisation de cette nouvelle offre, et la poursuite de la constitution d’une offre électromobile plus large."

Pour aller plus loin sur le sujet, nous vous conseillons la lecture de la remarquable brochure de La Poste, intitulée "Les voix de la mobilité durable – Une démarche inédite".

Article écrit pour la Newsletter du véhicule électrique - Collaboration Avere-France - Journal de l’Automobile

Vous devez activer le javacript et la gestion des cookies pour bénéficier de toutes les fonctionnalités.
Partager :

Laisser un commentaire

cross-circle