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Quand nécessité fait loi

Publié le 16 avril 2020

Par Arval Mobility Observatory
3 min de lecture
Zoom de l’Arval Mobility Observatory - Avant la crise sanitaire du coronavirus, l’avenir de certains produits (ou plus exactement leur disparition) était réglé comme du papier à musique. L'actualité a changé la donne.

 

Prenez le cas du plastique : les pailles, couverts, assiettes et autres Coton-tige en plastique sont interdits depuis le 1er janvier de cette année. Il devait en être de même au 1er janvier 2021 pour les emballages à usage unique et… en 2040, pour la totalité des emballages plastiques. Oui mais voilà, la crise du Covid-19 est passée par là. En l’espace de quelques semaines, les plastiques à usage unique sont passés du statut de pestiféré à celui de barrière contre la propagation du virus.

 

La demande pour les emballages plastiques explose dans l’alimentaire bien sûr, mais également dans la grande distribution, les livraisons par Internet, le milieu hospitalier. En un mot, dans tous les secteurs économiques essentiels à la lutte contre la pandémie. Masques, sur-blouses, manchettes en polypropylène, flacons de gel hydro-alcoolique, aliments emballés, mais aussi gants, visières, protections devant les caissières des supermarchés. Le plastique est partout, et cette fois-ci, personne ne lui reproche d’asphyxier les tortues et autres dauphins ou de polluer les campagnes ; il contribue à sauver des vies.

 

Ce retour en grâce spectaculaire d’un matériau accusé de tous les maux en termes de pollution, les industriels de la plasturgie espèrent qu’il survivra, une fois la crise passée et le déconfinement en marche. Tout dépendra néanmoins des efforts de la filière pour tendre vers le zéro déchet. Dans l’industrie automobile, à l’arrêt aujourd’hui, la part des plastiques recyclés reste globalement faible (autour de 20 % sur certains véhicules récents), alors que la mise à la décharge dépasse 43 %.

 

Dans le monde économique en général, la crise du Covid-19 contribue à faire évoluer les mentalités. Jadis (c’est-à-dire il y a un mois) le Français était un adepte de la « chasse aux bonnes affaires ». Il faisait donc naturellement la part belle aux produits importés, car réputés moins chers que ceux fabriqués  dans l’Hexagone. Peu lui importait, à l’époque, que les usines ferment pour cause de délocalisations, laissant sur le carreau des bataillons de salariés.

 

Las ! Avec la crise du coronavirus, les chaines d’approvisionnement ont craqué, des produits ont disparu des linéaires (pas seulement des maques et du gel hydro-alcoolique). Et le Français s’est en quelque sorte retrouvé (pour reprendre une célèbre fable) « fort dépourvu quand la bise fût venue ». Résultat, selon un sondage Odoxa-Comfluence, publié en début de semaine par Les Echos, neuf Français sur dix réclament désormais « une relocalisation des industries sur le territoire, notamment celles liées au médicament » mais pas seulement, quitte à payer plus cher les articles. Quand nécessité fait loi !

 

A observer ces revirements à 180° en un temps record, certains se prennent peut-être à rêver, confinés chez eux en attendant le 11 mai. Et si la transition énergétique se déployait, moins sur des critères politiques et idéologiques, faisant ainsi une place à toutes les énergies, thermiques comprises, et pas seulement aux alternatives. Et si, on cédait moins à la mode de la « voiture-bashing », en donnant sa place à toutes les solutions de déplacements en fonction des usages de chacun ? Dans ce monde idéal, voiture et mobilités douces pourraient ainsi cohabiter…

 

Un virement trop rapide, comme celui de la girouette qui tourne dans le vent, risque fort de revenir demain à son point de départ. Un virage bien négocié mène, lui, sur la route qu’on a choisie.

 

L’Arval Mobility Observatory

 

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