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Petit Forestier face au défi de l’électrification

Publié le 30 novembre 2023

Par Damien Chalon
7 min de lecture
Le loueur longue durée de véhicules frigorifiques s’empare du sujet de la transition énergétique. Son ambition est de basculer 40 % de sa flotte mondiale à l’électrique en 2030. Petit Forestier doit pour cela convaincre, accompagner et former ses clients. Ce qui passe, entre autres, par un roadshow européen.
Petit Forestier
Petit Forestier vise une flotte de 10 000 véhicules électriques en France en 2030. ©Le Journal de l'Automobile

Petit Forestier s’attaque frontalement au sujet de la transition énergétique. Le loueur longue durée de véhicules frigorifiques ambitionne de basculer 40 % de sa flotte mondiale à l’électrique d’ici à 2030. Seul moyen pour lui d’atteindre son objectif de réduction de 25 % de son empreinte carbone par rapport à 2021.

 

La route est encore longue pour le groupe qui gère actuellement 80 000 véhicules dans le monde, dont 35 000 en France. Tout dépend de la bonne volonté de ses 15 000 clients, qui vont du simple artisan à la grande multinationale.

 

10 000 VE en France en 2030

 

Dans l’Hexagone, ces derniers ne semblent pas pressés d’opérer la bascule, puisque seulement 6 % des commandes concernent des véhicules électriques en 2023. "Nous étions à 3 % en 2022, nous avons donc doublé le volume de véhicules électriques dans nos flux de commande", souligne toutefois Sylvain Dupont, le directeur général de Petit Forestier France.

 

Jérôme Payonne et Sylvain Dupont ont exposé la stratégie d'électrification de Petit Forestier. ©Petit Forestier

 

Difficile d’obtenir des chiffres plus précis, le dirigeant se contentant d’indiquer que le groupe commande entre 2 500 et 5 000 véhicules à l’échelle nationale.

 

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En 2030, 70 % des commandes mondiales devront concerner des modèles électriques. En France, l’ambition est de passer la barre des 10 000 VE à cette échéance, contre 1 150 actuellement.

 

L’entreprise familiale, qui a vu le jour en 1907 avant de se spécialiser dans la LLD full service de véhicules frigorifiques dans les années 60, entend donc accélérer le mouvement. Elle part pour cela en campagne pro-véhicules électriques.

 

Roadshow européen

 

Celle-ci prend la forme d’un roadshow de six mois qui a débuté ce 29 novembre 2023 au marché de Rungis, un lieu stratégique où évoluent beaucoup de clients. Suivront des étapes à Bordeaux, Marseille, Strasbourg, Lille et Villepinte, le siège social de Petit Forestier, puis des opérations dans dix autres pays européens.

 

Le roadshow de Petit Forestier comprend six dates en France. ©Petit Forestier

 

L’objectif de ces journées est de montrer aux clients la réalité et la faisabilité de l’électrique. Ce qui commence par une exposition de véhicules. Petit Forestier a référencé neuf modèles répondant totalement à ses exigences, que ce soit en termes d’autonomie, de châssis, d’installation de hayon élévateur et de groupe frigorifique.

 

La particularité du loueur est qu'il détient deux carrossiers, Le Capitaine et Igloo Car, qui procèdent à toutes les transformations de véhicules.

 

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La gamme s’étend actuellement du Renault Kangoo E-Tech Maxi au Renault Trucks D16 E-Tech au PTAC de 16 tonnes. Entre les deux, Petit Forestier propose des modèles tels que les Citroën ë-Jumpy, Fiat e-Scudo, Iveco eDaily, Renault Master E-Tech et JAC iJAC, un modèle à 7,5 tonnes de PTAC.

 

À cela s’ajoutent aussi la gamme Goupil, le Ligier Pulse 4 et des vélos cargos à assistance électrique tractant des groupes frigorifiques développés avec K-Ryole.

 

Distribution urbaine et régionale

 

Petit Forestier a ainsi axé ses efforts du moment sur les utilitaires légers. Logique dans la mesure où la flotte du groupe se compose essentiellement de véhicules de moins de 3,5 tonnes. Une catégorie où les offres électriques arrivent en masse et correspondent idéalement aux besoins des clients de l’entreprise.

 

"Les sociétés qui nous louent des véhicules effectuent surtout de la distribution urbaine et régionale avec des distances relativement limitées, rarement au-delà de 300 km par jour", indique Jérôme Payonne, directeur marketing et innovation.

 

Petit Forestier s'attaque à la livraison à vélo électrique avec K-Ryole. ©Petit Forestier

 

Les VUL sont donc en première ligne, quand bien même une partie de la clientèle apprécie aussi les véhicules à 16 tonnes de PTAC. Un segment plus difficile à électrifier. Un seul modèle, le Renault Trucks D16 E-Tech, est actuellement disponible.

 

L’échec Volta Trucks

 

Petit Forestier comptait ici sur l’arrivée de Volta Trucks, avec un pré-accord portant sur 1 000 unités du Volta Zero. Or le constructeur a récemment fait faillite, avant même d’avoir vendu le moindre véhicule.

 

"Le camion cochait beaucoup de cases, que ce soit en termes d’ergonomie, de sécurité ou d’autonomie, souligne Jérôme Payonne. Ce qui leur arrive est regrettable, mais notre enjeu reste le même, avec ou sans eux. Nous avons toujours été multiconstructeurs, par nature et par choix stratégique. Nous verrons bien si d’autres alternatives arrivent".

 

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Petit Forestier, qui insiste sur le fait que la dimension froid complexifie le passage à l’électrique, va plus loin que la simple constitution d’un catalogue de véhicules. Le loueur, dont le chiffre d’affaires va dépasser le milliard d’euros en 2023 (50 % à l’international), accompagne également ses clients sur la problématique de la recharge avec son dispositif "Smart Elec".

 

Les hypothèses hydrogène et rétrofit

 

Celui-ci comprend notamment une carte de recharge, un câble intelligent de 22 kW ou encore une station de recharge mobile à la puissance allant de 40 à 80 kW. L’accompagnement des clients passe aussi par un service de télématique pour optimiser la gestion de flotte et une prestation de conseil spécifiquement liée à la décarbonation.

 

Sur le segment des 16 tonnes, Petit Forestier s'en remet au Renault Trucks D16 E-Tech. ©Petit Forestier

 

"Remplacer un véhicule diesel par un électrique, ce n’est pas juste un véhicule pour un autre. Il faut construire tout un écosystème allant de la recharge à la formation des conducteurs en passant par la formation de nos techniciens à l’entretien des véhicules électriques", résume Sylvain Dupont. Un entretien qui s’effectue dans les 350 sites du groupe répartis dans 20 pays (123 en France).

 

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Jérôme Payonne poursuit en insistant sur le fait qu’il faut "créer toutes les conditions favorables à l’adoption de l’électrique", ajoutant que Petit Forestier "a la conviction que c’est son rôle et sa responsabilité".

 

Le loueur, qui estime que l’électrique est la technologie la mieux adaptée aux besoins de ses clients, ne s’interdit pas d’aller sur d’autres territoires, comme l’hydrogène et même le rétrofit. À condition que cela soit acceptable financièrement et que la performance opérationnelle des clients soit préservée.

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