Les VUL à pleine charge… électrique !
Jusqu’alors, les véhicules utilitaires faisaient un peu figure de "parent-pauvre" de l’industrie automobile. Faiblesse des gammes produits, une motorisation diesel archi dominante, pas ou peu de stratégie commerciale dédiée. Le baromètre de la santé de l’automobile passait avant tout par le prisme des ventes de véhicules particuliers. Ça c’était avant ; avant la transition énergétique, la réglementation sur l’accès aux villes, l’obligation de verdir les parcs automobiles pour les entreprises ou les collectivités etc. Avant aussi une certaine désaffection pour la voiture individuelle, qui ne fait évidemment pas les affaires des constructeurs et de leurs réseaux de distribution. Et c’est là que le véhicule utilitaire léger (VUL) entre dans le jeu, sortant de son relatif anonymat, pour retrouver la lumière.
Vendeurs dédiés aux VUL dans les concessions, développement de gammes utilitaires chez des constructeurs qui ne misaient pas dessus jusqu’alors et surtout, adoption généralisée des énergies alternatives. Camionnettes, fourgonnettes, fourgons, tous les segments s’y mettent. Il est vrai qu’à l’heure de la multiplication des ZFE et à l’interdiction programmée du diesel, les entreprises doivent à tout prix sécuriser leurs livraisons (les fameux "derniers kilomètres") partout où il y a des boutiques ou des grandes surfaces à alimenter; quant aux artisans, ils entendent bien pouvoir continuer à réaliser leurs chantiers, y compris dans les centres-villes devenus piétonniers ou adeptes des "mobilités douces".
Du côté du législateur, pour faire bouger les lignes, un coup de pouce a été donné cet été aux VUL, puisqu’il a accordé à certains véhicules utilitaires électriques une aide à l’achat: 5 000 euros pour ceux dont les émissions de CO2 sont inférieures ou égales à 20 grammes par kilomètre, correspondant à 40 % de leur coût d'acquisition. Autre "plus", la prime à la conversion s'applique aussi aux utilitaires dont le taux d'émission de CO2 est inférieur ou égal à 50 grammes par kilomètre et dont l'autonomie en mode tout électrique en ville est supérieure à 50 kilomètres. Autrement dit, ces véhicules bénéficient d'une prime équivalente à 40 % du coût d'acquisition dans la limite de 5 000 à 9 000 euros en fonction du tonnage du véhicule.
Côté constructeurs, la mobilisation en faveur du VUL électrique est décrétée. Le Renault Kangoo ZE ou le Renault Master ZE ne seront donc bientôt plus seuls au monde. Ils vont être progressivement rejoints par des modèles électrifiés chez Mercedes, Volkswagen, Fiat, Ford ou Nissan. Et ils verront aussi arriver les nouveaux véhicules de la galaxie Stellantis, avec une gamme allant de la fourgonnette au fourgon lourd pour chaque marque, sortie de plateformes dédiées. D’ores et déjà, le eSprinter de Mercedes ou le e-Crafter de Volkswagen se classent dans le Top 10 des VUL électriques les plus immatriculés en entreprise à fin octobre.
C’est d’ailleurs l’un des points forts de cette émergence de véhicules utilitaires électrifiés : leur déploiement est bon pour l’emploi des usines françaises. Et ce n’est peut-être qu’un début dans la mesure où les véhicules utilitaires vont aussi se mettre à l’hydrogène et que cette technologie est, là encore, développée dans l’Hexagone (via notamment la co-entreprise entre Renault et Plug Power, Hyvia). De quoi, peut-être, conforter la place de la France, comme second pays européen producteur de véhicules utilitaires, derrière l'Espagne, selon l'Association des constructeurs européens d'automobiles (ACEA). Quand le VUL va "tout va" serait-on tenté de dire.
L’Arval Mobility Observatory
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