Les Français disent "oui" aux mobilités durables mais restent fidèles à la voiture
Après la communication en grande pompe autour du "plan de planification écologique" concocté par le gouvernement Borne, la question va rapidement se poser de sa déclinaison dans le tissu économique et au sein de la population.
Le président Macron a rappelé qu’il faudrait faire beaucoup plus et beaucoup plus vite en sept ans qu’au cours des trente dernières années. Tiraillés entre la hausse des prix des produits alimentaires, des carburants, de l’électricité, des taux d’intérêt (n’en jetez plus), les Français auront-ils les ressources et l’envie de s’investir pour faire face à "l’urgence écologique" ?
Le plan présenté par Emmanuel Macron accorde une large place à la réforme des transports et de nos modes de déplacements, à l’origine d’un bon tiers des émissions de gaz à effet de serre. Pour autant, les Français ne sont pas prêts à lâcher la proie pour l’ombre.
À preuve, l’enquête conduite cet été par le site immobilier des notaires Immonot sur "le rapport qu’entretiennent les Français avec les différents moyens de transport" (1).
Premier constat, même si c’est une constante dans toutes les études, la voiture n’a pas dit son dernier mot. Comme quoi, eux aussi, les Français "adorent la bagnole" ! Car si 77 % d’entre eux se disent "tout à fait au courant des alternatives de mobilité à la voiture", seuls 26 % envisagent concrètement de les adopter.
Les freins au changement sont encore bien présents : les longues distances (surtout en zones rurales), les plages horaires des transports en commun trop limitées, les questions de sécurité, les défis de la recharge pour les véhicules électriques, sans oublier le prix de ces nouvelles solutions. Sur cette question, le gouvernement est d’ailleurs attendu de pied ferme par les personnes interrogées en termes d’incitations fiscales à l’achat de véhicules électriques ou de vélos.
Il faudrait aller aussi plus vite dans le déploiement des installations telles que les pistes cyclables, les zones piétonnes, ou encore les transports en commun. Près de huit Français sur dix jugent en effet insuffisantes les infrastructures actuelles et l’action du gouvernement dans ce domaine trop souvent "déconnectée de la réalité du terrain".
Le pouvoir d’achat est bien sûr un autre frein à l’essor des mobilités alternatives. D’une façon plus générale, la situation économique influence le choix du mode de transport pour 53 % des répondants, explique le sondage d’Immonot.
À la question, "seriez-vous prêt à payer plus pour un mode de transport plus respectueux pour l’environnement ?", la réponse est non à 70 %. On ne peut être plus clair. Les Franciliens apprécieront donc à sa juste mesure la prochaine augmentation du Pass Navigo à un peu plus de 86 euros au 1er janvier 2024, dont le montant a flambé de 20 % depuis 2022.
Car dans la liste des mobilités douces que les Français privilégieraient justement en priorité, les transports en commun arrivent en tête (32 %), suivis du vélo (26 %), du véhicule électrique (18 %) ou encore de la marche (15 %). Les modes de déplacement dits "partagés", tels que le covoiturage (9 %), ne raflent pas la mise, même si 53 % d’entre eux se disent "ouverts à l’idée" de partager leur véhicule.
"L’écologie à la française" débute à peine dans l’existence ; mais on sait déjà qu’elle ne sera pas un long fleuve tranquille.
L’Arval Mobility Observatory
(1). Enquête Immonot réalisée en août 2023 auprès de 700 internautes.
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