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Le canal des flottes dans l'expectative

Publié le 18 mars 2020

Par Damien Chalon
5 min de lecture
Si toutes les entreprises intervenant sur le canal des flottes ont pris leurs dispositions pour assurer la poursuite de leur activité, force est de constater qu’elles naviguent à vue. Même constat du côté des gestionnaires de parc auto.
Dans l'univers des flottes, le mot d’ordre est de poursuivre l'activité.

 

Depuis ce mardi 17 mars 2020, à midi, la France est entrée dans une nouvelle phase de lutte contre le coronavirus. Le confinement est devenu la règle, sauf exceptions. Une mesure radicale qui devrait logiquement peser sur l’activité économique du pays. A l’instar de bon nombre de secteurs, celui des flottes s’apprête à être touché de plein fouet. Maintenant que la plupart des concessions automobiles et des réseaux après-vente ont baissé le rideau et que les usines ont été mises à l’arrêt un peu partout en Europe, c’est tout un écosystème centré sur les flux de véhicules (commandes, livraisons, restitutions…) et sur de gros rouleurs, désormais en télétravail, qui s’apprête à souhaiter un retour rapide à la normale.

 

Confinement oblige, tous les acteurs du secteur ont basculé en télétravail, parfois dans l’urgence. C’est notamment le cas chez les plus "petits" d’entre eux que la situation a nécessité des aménagements de dernière minute. "Nous avons acheté des ordinateurs portables pour toutes les équipes il y a 15 jours afin que nous puissions basculer en télétravail, ce qui est le cas pour tout le monde dans l’entreprise depuis ce mardi", explique Marc Charpentier, le directeur commercial de One Lease.

 

Maxime Sartorius, le dirigeant de Direct Fleet, a lui aussi pris des dispositions pour que ses collaborateurs puissent travailler à distance, "ce qui n’est pas naturel pour notre activité, nos gestionnaires de parc n’ont pas vocation à télétravailler mais plutôt à travailler en équipes". Des téléphones VoIP et des outils de messagerie d’équipe comme Slack ont été mis en place. Le mot d’ordre chez ces deux prestataires est le suivant : l’activité continue !

 

Des messages rassurants

 

Même son de cloches chez les poids lourds de la location longue durée. Dans un communiqué de presse, ALD Automotive affirme être "là pour accompagner ses clients en ces temps difficiles" après avoir "mis en place les mesures nécessaires pour assurer la continuité de l'activité tout en assurant la sécurité de nos équipes".

 

D’autres acteurs ont opté pour LinkedIn pour communiquer, à l’instar d’Arval, dont le directeur général France, Ferréol Mayoly, a posté le message suivant : "Ces derniers jours, Arval France a adapté son organisation pour faire face, de manière proactive, à l'escalade de la situation du COVID-19. Nous suivons rigoureusement les directives de BNP Paribas et appliquons strictement les recommandations des autorités compétentes. Nous avons engagé les actions nécessaires pour accompagner nos clients, partenaires et fournisseurs dans ce contexte particulier. Nos équipes s’adaptent et restent entièrement mobilisées tout en protégeant leur santé et celle de leurs proches". Tex Gunning, le CEO de LeasePlan, a lui aussi pris la parole via le réseau social professionnel pour rassurer ses clients, avec un message de la même teneur.

 

Si toutes les dispositions pour assurer la poursuite de l’activité ont été prises, ces prestataires devront toutefois composer avec une industrie automobile pratiquement à l’arrêt. "De fait, nous ne livrons plus de véhicules, nous ne vendons plus de véhicules d’occasion, constate Marc Charpentier. Les clients peuvent toujours passer commande mais nous n’avons personne du côté des distributeurs pour nous confirmer qu’elles sont bien enregistrées". Il craint en prime que l’arrêt des usines se traduise par des délais de livraison rallongés alors qu’ils étaient déjà très élevés. "J’imagine que les véhicules commandés aujourd’hui ne pourront être livrés avant novembre ou décembre…", poursuit-il.

 

Si le business de One Lease n’est pas menacé, tout allant bien côté trésorerie, le directeur commercial s’interroge sur la suite des événements, notamment sur la situation financière de ses clients dont l’activité serait à l’arrêt de manière prolongée. Le risque ultime serait l’arrêt du paiement de loyers, auquel des reports pourraient être consentis. Plus globalement, ce risque client est la crainte de l'ensemble des loueurs longue durée du marché qui ont axé leurs efforts commerciaux ces dernières années sur les TPE et PME. Ces entreprises sont aujourd'hui les plus menacées sur le plan économique...

 

Quid des contrôles techniques et des PV ?

 

Maxime Sartorius se pose les mêmes questions. "Nous sommes en train de faire l’inventaire de ce qui se passe sur le marché, de voir les concessions et les ateliers qui sont ouverts ou pas. Nous sommes la tour de contrôle de nos clients sur la situation. Evidemment toutes les opérations d’entretien et les révisions peuvent reportées mais qu’en est-il en cas de panne ou d’accident ? Il faut bien assurer la mobilité des conducteurs, ils ne peuvent pas rester sans voiture pendant un mois", confie le fondateur de Direct Fleet.

 

Une autre question soulevée est celle de la gestion des PV. "Combien de temps la Poste va-t-elle continuer à délivrer le courrier, va-t-on recevoir les PV pour les traiter en temps et en heure ?" Il constate enfin qu’il est toujours possible de faire des cotations auprès des loueurs longue durée, un point positif dans ce contexte délicat.

 

Du côté des responsables de flottes, le flou est lui aussi de mise. Yannick Le Goff, chef de pôle pilotage parc auto à la SNCF, résume bien le sentiment de la profession : "Nous sommes dans une situation inédite, nous sommes dans l’inconnu sur de nombreux sujets et on gère au quotidien ce qui peut être géré…". Toutes les opérations d’entretien des véhicules sont reportées, ce qui ne prête guère à conséquence, mais il s’inquiète pour les opérations de contrôle technique elles aussi décalées alors qu’elles doivent être réalisées avant une date précise.

 

"J’espère que le gouvernement fera preuve de souplesse à ce sujet", espère-t-il. Idem pour les PV qui ne seraient pas reçus, toutes les équipes étant absentes du bureau car en télétravail : "Il faudrait dans le contexte actuel que le délai de traitement passe de 45 à 90 jours, nous espérons que l’Etat donnera des directives à l’ANTAI à ce sujet". En attendant, toutes les équipes qui évoluent sur le terrain ont évidemment reçu pour consigne de télécharger l’attestation de déplacement obligatoire.

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