L’auto-suffisance énergétique : la nouvelle tendance ?

Avec des coûts qui risquent d’être durablement à la hausse en 2023 comme en 2022, produire sa propre énergie pour couvrir ses propres besoins pourrait bien devenir "tendance" dans les entreprises. Alors que le Parlement français vient de voter définitivement (le 7 février 2023) la loi d’accélération des énergies renouvelables, la question se pose. La nouvelle loi rend en effet obligatoire l’installation d’ombrières photovoltaïques sur tous les parkings de plus de 80 places. L'auto-suffisance énergétique : est-ce là l'avenir ?

En outre, depuis octobre 2021, un arrêté prévoit que le seuil d’accès à un système donnant droit à un tarif d’achat sans avoir besoin de passer par un appel d’offres est passé de 100 à 500 kW. Autant d’exemples parmi d’autres, des développements possibles dans les entreprises permettant d’accroître leur souveraineté énergétique.

Aujourd’hui toutefois, la France ne fait pas à proprement parler la course en tête dans ce domaine. Selon le bilan annuel de Pexapark, une société spécialisée dans les PPA (Power Purchase Agreements), le nombre de ces accords passés en Europe entre un énergéticien et une entreprise, au terme duquel celle-ci s'engage à acheter l'énergie produite sur son site à un prix fixe sur dix à quinze ans, a connu une forte croissance en nombre de deals en 2022. (1)

Le nombre total de PPA a ainsi atteint 161 accords (+4,5 %) en Europe, mais avec des volumes en repli de 21 %, à 8,4 GW. C’est en Espagne que le plus grand nombre de transactions a eu lieu (31 au total), devant l’Allemagne (23 accords) et la Grande-Bretagne (15 accords). La France se situe en milieu de classement, avec une dizaine de transactions signées.

Pourtant, le mouvement semble bel et bien s’accélérer dans l’Hexagone. A l’image du spécialiste français des matériaux de construction Leroy-Merlin, qui vient de signer un contrat d’approvisionnement en électricité verte (corporate PPA), avec le producteur d’énergie photovoltaïque Photosol, et éolienne, Voltalia.

Dans le détail, le contrat prévoit la construction de trois installations solaires et d’une installation éolienne. L’intégralité de la production (125 GWh d’électricité verte à horizon 2024-2025) sera cédée à Leroy Merlin pour une durée comprise entre 15 et 23 ans, rappelle le cabinet d’avocats De Gaulle Fleurance, qui a accompagné le groupe dans cette transaction. De quoi assurer à terme 57 % de sa consommation annuelle d’électricité.

Couvrir son besoin énergétique

Grandes ou petites, toutes les entreprises cherchent peu ou prou à s'équiper pour couvrir leur besoin énergétique. Et tous les secteurs de l’industrie sont concernés. Voltalia est ainsi devenu le partenaire de Renault pour installer d’ici à 2027 des équipements photovoltaïques pour une puissance totale de 350 mégawhatts sur les sites du constructeur automobile. De quoi couvrir jusqu'à 50 % de la consommation du pôle Electricity de Renault (Douai, Maubeuge et Ruitz) et de son usine de Cléon.

Même engagement pour l’équipementier Forvia (ex-Faurecia), qui a installé 1 400 m² de panneaux solaires sur le toit de son site de fabrication de pots d’échappement sur le Technoland II d'Allenjoie dans le Doubs. Une installation qui, sur une année pleine, peut permettre d’assurer 11 % des besoins en électricité. L’équipementier automobile entend aménager ainsi 150 de ses sites à l’échelle mondiale.

Il est donc loin le temps où l’électricité décarbonée coûtait plus cher que l’électricité traditionnelle. Reste maintenant à espérer que la météo sera au rendez-vous, avec des niveaux d’ensoleillement suffisants pour atteindre les objectifs de production !

L’Arval Mobility Observatory

(1). What is a PPA? THE Guide to Power Purchase Agreement | Pexapark