Laurent Latour, CEO Car Caring : "Notre rôle est de veiller à la mobilité des conducteurs"
Journal des Flottes : CEO Car Caring fête ses 18 ans cette année. Comment votre métier et votre activité ont-ils évolué au fil des ans ?
Laurent Latour : Effectivement, CEO Car Caring a vu le jour en 2004 et à l’époque, le concept était de proposer aux entreprises d’apporter des services inédits aux cadres dirigeants, à savoir de la conciergerie. Nous avons ensuite travaillé avec des groupes de distribution, toujours sur de la conciergerie, puis développé des partenariats avec des constructeurs automobiles comme FCA, Jaguar Land Rover, Volvo ou Hyundai. La récente crise du Covid a été l’occasion de tout remettre à plat, de voir ce qui marchait ou ne marchait pas, ce qui apportait de la valeur ou ce qui en apportait moins. Nous avons pris la décision d’arrêter de travailler avec les constructeurs, car ce n’était clairement plus stratégique pour nous. Cela nous a apporté de la visibilité pendant plusieurs années, mais ce n’était pas quelque chose que l’on souhaitait continuer.
JDF : Dans quelle direction désirez-vous aller ?
LL : Nous nous adaptons aux évolutions du marché BtoB, en nous rapprochant notamment des fleeters, qui pourraient proposer nos services en marque blanche. L’autre grande nouveauté depuis l’été 2022 est d’avoir enchaîné les signatures de contrat avec des loueurs longue durée, que sont One Lease, Agilauto, filiale du groupe Crédit Agricole, et BPCE Car Lease. Ces acteurs nourrissent de grandes ambitions sur le marché des entreprises. Le fait est que les deux banques avec qui nous avons signé ont beaucoup de clients, mais elles ont longtemps vu ces derniers aller financer leurs véhicules ailleurs, chez des concurrents. Leur volonté est à présent que tous financent leurs véhicules chez elles et elles comptent en partie sur nous et nos services différenciants pour y parvenir. Elles vont pouvoir pousser leurs offres de location longue durée auprès de nouvelles cibles.
Nous souhaitons nous imposer comme l’expert de la relation conducteur à compter du jour de la livraison
JDF : Quels sont ces services différenciants que vous allez proposer ?
LL : Nous souhaitons nous imposer comme l’expert de la relation conducteur à compter du jour de la livraison. C’est une relation qui fait, hélas, trop souvent défaut dans le milieu de la location longue durée de véhicules. Aujourd’hui, si vous n’êtes pas un grand compte ou un client stratégique, on s’aperçoit que vous avez du mal à être considéré. Une entreprise qui dispose d’un parc de 50 ou 100 voitures va potentiellement être choyée par un concessionnaire ou par un commercial sympa chez le loueur, mais il peut changer à tout moment. Et la plupart du temps, on parle uniquement de la relation entre le gestionnaire de parc et le loueur. Nous, ce qui nous intéresse, c’est le conducteur, celui qui utilise la voiture tous les jours pour travailler. Et justement, nous avons travaillé avec nos partenaires loueurs pour créer des packs de conciergerie avec l’objectif d’aller chercher l’intégralité de leurs clients, qu’il s’agisse de particuliers, de professions libérales ou encore de TPE.
JDF : En quoi consistent ces packs ?
LL : Nous proposons notamment des packs sans convoyage, c’est une première en France. Il s’agit en somme du premier niveau d’accompagnement. On est là pour souhaiter la bienvenue aux conducteurs la veille de la livraison de leur véhicule, pour répondre à toutes les questions qu’ils se posent sur les différentes technologies embarquées qui équipent leur voiture au cours du contrat, pour prendre soin d’eux finalement. Nous ne sommes pas qu’un organisateur de révision, même si la particularité de ces petits packs est que nous allons jusqu’à donner aux conducteurs les coordonnées des garages référencés par leur loueur ou leur entreprise en cas de besoin et nous allons même jusqu’à prendre rendez‑vous pour eux. Notre rôle est de veiller à la mobilité des conducteurs. Nous sommes des facilitateurs puisque nous savons tout sur leur voiture, leur contrat et les procédures à enclencher en toutes circonstances. Le but est d’être un assistant automobile dédié. Nos partenaires vont également proposer d’autres packs comprenant le convoyage, nous allons alors récupérer le véhicule au domicile du salarié ou à son bureau, l’amener à l’atelier et le ramener à l’endroit de son choix.
Nous devons apporter toujours plus de valeur aux gestionnaires de parc
JDF : Il s’agit en quelque sorte d’un élément de différenciation pour vos partenaires loueurs ?
LL : Nos partenaires sont conscients qu’il faut un accompagnement, une évangélisation du sujet automobile qui doit être portée par quelqu’un. Et cela passe par la conciergerie et CEO Car Caring. Le fait est, encore une fois, que les loueurs ne sont pas en capacité d’être présents au quotidien auprès des conducteurs, ils n’ont pas les moyens de leur expliquer comment fonctionne une voiture électrique ou comment elle peut se recharger. Les fleeters ne jouent pas plus ce rôle. Ils peuvent gérer la car policy, conseiller tel ou tel véhicule ou contrôler les factures, mais à aucun moment ils n’ont ce côté d’accompagnement auprès des conducteurs. On s’accorde toujours à dire qu’un automobiliste n’utilise que 20 % des capacités de sa voiture, ce n’est pas normal. Il faut lui expliquer comment tout fonctionne et répondre à toutes ses questions.
JDF : D’autres sujets sont-ils au programme ?
LL : Nous devons apporter toujours plus de valeur aux gestionnaires de parc. Nous avons dans ce cadre identifié le sujet de la réaffectation des véhicules entre collaborateurs. Plusieurs acteurs sont présents sur ce marché, mais ils le font souvent de manière succincte. Chez CEO Car Caring, nous récupérons le véhicule chez le conducteur, nous le contrôlons entièrement avec 70 points de vérification, le tout avec des photos à l’appui. Nous proposons ensuite une synthèse au client sur ce qui va et ne va pas et, avec son autorisation, nous faisons toutes les réparations nécessaires et un nettoyage complet. Il est important qu’un collaborateur qui récupère un véhicule d’occasion dispose d’un véhicule en bon état, sûr et propre. Toujours dans cette veine, nous avons lancé le préchecking à distance, un mois avant la restitution, ainsi que le checking en cours de contrat. Nous envoyons un lien au collaborateur pour qu’il prenne des photos de sa voiture, ce qui nous permet de réaliser un chiffrage précis. La finalité est que les clients aient une meilleure maîtrise des frais de remise en état.
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