La substitution des énergies fossiles par les renouvelables s’opère... progressivement
Les énergies renouvelables seront sans aucun doute "la colonne vertébrale" de la transition énergétique dans le monde. Tous les spécialistes, scientifiques et autres politiques s’accordent à le dire. Afin de décarboner l’économie mondiale et d’enrayer un réchauffement climatique galopant, il nous faut au plus vite nous désaccoutumer des énergies fossiles et promouvoir au contraire toutes les formes d’énergies renouvelables (photovoltaïques, éoliennes, marines, hydroélectriques, géothermiques...).
Pourtant, lorsqu’on essaye de se faire une idée sur les progrès (ou non) en la matière, les rapports internationaux à notre disposition ne reflètent pas les mêmes conclusions. Prenons par exemple la dernière livraison de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), parue début juin.
Prévisions encourageantes du côté de l'Agence internationale de l'énergie
Selon cette agence, les installations de nouvelles capacités électriques renouvelables pourraient - toutes filières confondues - s'élever cette année à plus de 440 GW, soit environ un tiers de plus qu'en 2022. À titre de comparaison, cette puissance cumulée équivaut à l'ensemble des capacités électriques (renouvelables ou non) installées en Allemagne et en Espagne. Sur le papier, c’est donc une bonne nouvelle.
Oui mais… le bilan est moins flatteur du côté du réseau d’experts REN21, qui regroupe les acteurs du secteur, scientifiques, pouvoirs publics, ONG et industriels, dans son dernier "Rapport sur la situation mondiale des énergies renouvelables 2023".
Bilan contrasté pour les experts du REN21
"De nombreux obstacles empêchent les énergies renouvelables de contribuer efficacement à la réalisation des objectifs mondiaux en matière de climat et de développement", souligne sa directrice exécutive, Rana Adib, en mettant notamment l’accent sur "la difficulté à diversifier les sources d'énergies renouvelables au-delà de l'éolien et du solaire photovoltaïque".
Même si l’électricité d’origine renouvelable représente désormais 30 % du bilan électrique mondial, cette part doit encore doubler pour être dans les clous des objectifs. Quant à la production de renouvelables pour les transports ou la chaleur, le retard reste très important.
Au final, le total des énergies renouvelables ne représente que 12 % du système énergétique total, soit autant qu’en 2022 et 2020. Selon le réseau REN21, dans sa quête d’énergies renouvelables et substituables aux énergies fossiles (charbon, hydrocarbures), le monde joue trop exclusivement la carte du solaire.
Les "ajouts d'énergie éolienne raccordée au réseau" ont ainsi diminué de 17 % par rapport à 2021, rappelle Rana Adib. En cause, les retards dans l'octroi des permis, les perturbations dans les chaînes d'approvisionnement, l’inflation des coûts des matériaux et du transport qui rendent la rentabilité des projets plus aléatoires.
Les investissements dans les infrastructures (distribution, réseaux) sont également indispensables pour consolider le modèle des énergies renouvelables. "C'est comme si vous construisiez des voitures alors que vous manquez de routes. Ce même processus de raisonnement et de décision doit s'appliquer aux énergies renouvelables", fait valoir la directrice exécutive de REN21.
Ce développement inégal des énergies renouvelables fait les affaires des énergies fossiles, lesquelles restent indispensables en l’état. Sur les 640 milliards de dollars américains d'investissements mondiaux dans le secteur de l'énergie en 2022, 26 % ont été consacrés aux combustibles fossiles et à l'énergie nucléaire, met en avant le réseau REN21. Comme quoi, les habitudes ont la vie dure.
L’Arval Mobility Observatory
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