La lettre au Père Noël de l’automobile
À un peu plus de dix jours de la Nativité, à quoi peut bien ressembler la lettre d’un acteur de la filière automobile au Père Noël en cette fin 2024 ? Le marché automobile a la "gueule de bois" depuis plusieurs mois, et rien ne permet de dire ce qui le sortira de sa léthargie.
De son côté, le secteur des flottes d’entreprise, d’ordinaire fer de lance de la mise à la route de véhicules neufs, est lui aussi saisi depuis l’été par le doute et l’attentisme, avec pour conséquence un coup d’arrêt aux immatriculations. On se dirige d’ailleurs tout droit vers une mauvaise cuvée pour le marché du véhicule d’entreprise, avec sans doute moins de 800 000 immatriculations de voitures particulières et de véhicules utilitaires légers. Soit la pire performance depuis 2020.
Pour mettre un peu de baume au cœur des décideurs d’entreprise, la hotte du Père Noël ne devrait contenir cette année qu’une seule chose : une boule de cristal pour espérer y lire à quoi ressemblera la fiscalité automobile en 2025. En apparence simple, ce cadeau est, semble-t-il, en rupture de stocks et quasi impossible à trouver.
La démission du gouvernement Barnier a réduit à néant les PLF et PLFSS pour 2025 ; leur cortège de mesures est passé par pertes et profits. Jusqu’à nouvel ordre (à l’exception des bonus 2025 qui sont entrés en application le 2 décembre), ce seront donc les dispositions fiscales de 2024 qui s’appliqueront. Quant aux dispositifs en vigueur jusqu’à la fin de l’année, à ce stade, rien n’est prévu pour qu’ils soient prolongés, faute d’un gouvernement aux affaires.
C’est là que le bât blesse, puisqu’il y a notamment des mesures favorisant l’électrification des parcs, comme l’avantage en nature (AEN) électrique. Si rien n’est fait d’ici le 31 décembre, l’AEN électrique prendra fin et les salariés concernés feront la grimace face à une note en hausse qui pénalisera leur pouvoir d’achat.
Soutenir par tous les moyens le virage des automobilistes vers les voitures électriques devrait être la priorité des gouvernements en Europe. Depuis plusieurs mois, c’est tout l’inverse qui se passe, les aides à l’achat ou à la location disparaissant les unes après les autres, comme si le marché avait déjà atteint une maturité suffisante pour pouvoir s’en passer. Le résultat n’a pas tardé à se faire sentir, avec une stagnation, voire une légère diminution de la part de marché de l’électrique, tant en entreprise qu’à l’échelle nationale. De mauvaise augure à dix petites années de la fin annoncée des ventes de motorisations thermiques en Europe.
L’absence de visibilité sur la fiscalité automobile commence aussi à pénaliser l’un des modes de financement phares des voitures en France, la location longue durée. Depuis deux mois, la LLD enregistre des mises à la route en recul par rapport à 2023, ce qui constitue un signal inquiétant pour les professionnels.
Le marché du véhicule d’entreprise alimente le marché du VO grâce à des renouvellements réguliers de ses modèles. Si ce marché se grippe, en raison de coûts d’usage inflationnistes, de pénalités financières multiples, d’incitations réduites à peau de chagrin, c’est toute la filière automobile qui risque d’en pâtir.
À force de trop "charger la mule" arrive le temps où celle-ci se cabre. Prenons garde à ce que les entreprises ne jettent l’éponge et renouent avec la bonne vieille méthode des notes de frais et autres indemnités kilométriques remboursées à leurs collaborateurs. Plus de flottes de véhicules à gérer, de fiscalité automobile punitive à supporter, de politiques de "stop & go" à subir. Les décideurs d’entreprises trouveront-ils des raisons d’espérer dans leurs petits souliers d’ici quelques jours ?
L’Arval Mobility Observatory
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.