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Gérard de Chalonge (Athlon) : "Nous avons énormément de véhicules à livrer d’ici la fin de l’année"

Publié le 11 juin 2020

Par Damien Chalon
7 min de lecture
Le directeur commercial et marketing d’Athlon France s’exprime sur la reprise du marché de la LLD et sur les mesures d’accompagnement mises en place par ses équipes. Les prolongations de contrats ont été massives.
Gérard de Chalonge, directeur commercial et marketing d'Athlon France.

 

Quel a été le niveau d’activité chez Athlon pendant le confinement ?

Nous avons eu un suivi, semaine après semaine, avec un certain nombre d’indicateurs pour évaluer le niveau d’activité et prendre les bonnes mesures en comité de direction. Nous avons constaté un point bas vers la mi-avril, et depuis la semaine avant le 11 mai nous constatons une reprise très progressive. Nous avons par exemple vu le volume de cotations remonter fin avril, début mai. Mais le fait est que nous ne sommes pas encore revenus à un niveau d’avant-Covid sur la partie commandes.

 

Comment expliquez-vous cette lenteur au redémarrage ?

De mon point de vue, il y a plusieurs facteurs. Pendant les deux mois de plein confinement, nous avons eu d’énormes actions, à la demande de nos clients, de prolongation des contrats, en moyenne de 6 à 9 mois. L’effet immédiat est de baisser les coûts. Et puis cela tient du fait que les véhicules ont peu roulé, ce qui est encore le cas pour une partie de notre flotte. C’est donc assez naturel de vouloir prolonger. Nous avons eu un très gros travail à ce niveau. Le volume de prolongation est important pour les contrats arrivant à échéance cette année, ce qui explique que les volumes de commandes actuels et attendus soient inférieurs aux prévisions. Nous allons ensuite subir une crise économique terrible, avec une récession terrible, et tous les grands groupes sont en train de s’organiser avec, dans certains secteurs, des plans sociaux qui vont arriver. Qui dit plans, dit réaffectation de véhicules, et donc moins de commandes.

 

Avez-vous également eu des demandes de reports de mensualités ?

Oui, au-delà des prolongations, nous avons eu des discussions avec un certain nombre de comptes pour étendre les délais de paiement. C’est la deuxième action très forte menée par nos équipes, mais elle s’est faite au cas par cas. Nous avons agi avec prudence car quand nous allons revenir à une situation normale, nous allons parfois être amenés à doubler les échéances. Or, on peut se demander si les clients qui ne sont pas bien aujourd’hui et qui nous demandent d’étendre les délais de paiement, seront capables de nous payer dans trois ou six mois.

 

Prévoyez-vous d’autres mesures de soutien pour relancer votre activité commerciale ?

Nous travaillons le sujet. Les constructeurs ont été mis à l’arrêt et ont eu besoin de repartir tout de suite. C’est pourquoi ils font tous des opérations spécifiques en ce moment. Nous, nous considérons qu’il faut plutôt attendre la rentrée pour accompagner nos clients. Mais il est trop tôt pour en parler.

 

Outre les commandes, comment se portent vos autres activités depuis la reprise ?

Nous reprenons reprend progressivement les livraisons depuis le 11 mai. La difficulté est que les distributeurs ne sont pas encore à 100 % de leurs effectifs et ne peuvent pas encore livrer autant que d’habitude. Mais c’est en train de s’accélérer. Le point positif est que nous n’avons pas eu d’annulation de commandes. Sinon le plus gros sujet depuis la reprise est la très forte progression des entretiens. Obtenir un rendez-vous chez un concessionnaire aujourd’hui relève un peu du challenge. Idem sur la partie restitution, nous devons composer avec des délais rallongés pour les procédures contradictoires. Celles-ci ont repris début juin mais il n’est pas possible d’avoir un rendez-vous avant le mois de juillet. Nous notons, et c’est assez inattendu, une augmentation du nombre de sinistres. Alors est-ce que ce sont des sinistres intervenus avant le confinement et déclarés seulement maintenant ou est-ce que le fait de reprendre le volant après plusieurs semaines d’arrêt fait que les personnes ont plus d’accident ? C’est encore un mystère.

 

Vos clients sont-ils demandeurs de plus d’accompagnement ? Leurs priorités ont-elles changé ?

L’une des forces d’Athlon est la proximité que nous avons avec nos clients, c’est dans notre ADN d’être proche d’eux et de leur apporter des conseils. Dès que nous avons un point de blocage, nous le gèrons avec le client pour trouver la meilleure solution. Par exemple, nous avons eu beaucoup de demandes de location moyenne durée, une solution qui apporte plus de souplesse et de flexibilité pour passer cette période d’incertitude. Maintenant, est-ce que les priorités des clients ont réellement changé, je ne crois pas. Quinze jours avant le confinement, nous entrions dans l’ère du WLTP. Et donc nous étions en pleine refonte de toutes les car policy, pour limiter l’impact de ce changement. Beaucoup de comptes sont toujours en train de chercher la meilleure équation à ce sujet. Ils regardent de près les TCO, mais ils ne sont pas forcément à la recherche d’économies car c’est compliqué avec la nouvelle norme d’homologation. Ils cherchent au minimum à maintenir les coûts. Et puis avec l’arrivée massive des modèles hybrides rechargeables et électriques, c’est le bon moment d’adapter sa car policy aux usages réels. Nous sommes sortis du schéma des flottes 100 % essence ou 100 % diesel.

 

Les projets d’électrification restent-ils à l’ordre du jour ?

Je ne pense pas que ces projets vont être annulés ou reportés même si c’est un peu tôt pour répondre à cette question. Pour moi, c’est tout l’inverse qui va se passer. Mais encore une fois, l’électrique ne répond pas à 100 % des besoins de nos clients, nous avons une grande proportion de gros rouleurs pour qui l’électrification n’a pas de sens. Cela n’a de sens que pour les déplacements dans les grandes agglomérations, même s’il manque encore un élément essentiel : les bornes de recharge sur la voie publique.

 

Estimez-vous que la hausse du bonus va donner un coup de boost espéré ?

La vraie question est la suivante : est-ce que le bonus de 6 000 euros, qui était en vigueur jusqu’à fin 2019, a été suffisant pour lancer le marché de l’électrique ? Pas nécessairement. Cela va évidemment dynamiser progressivement le marché mais il ne faut pas s’attendre à ce que les électriques montent à 10 % de part de marché d’ici la fin de l’année. Nous serons peut être à 4 ou 5 %. Nous sommes à l’aube d’un changement qui passera sans doute avant pour de l’hybride classique et l’hybride rechargeable. Le Captur PHEV et d’autres modèles en approche vont démocratiser la technologie.

 

Allez-vous vous montrer plus exigeants sur les conditions accès à la LLD ?

Il faut tout d’abord préciser que la LLD est l’outil parfait pour les sociétés en temps de crise car cette formule soulage leur trésorerie. C’est plutôt un gage de pérennité. La LLD a pesé près de 25 % des immatriculations de voitures particulières en France en 2019 et je pense que son poids va continuer à croître. Ensuite, nous ne changeons pas nos critères d’acceptation mais nous allons en revanche demander des situations intermédiaires. Nous pouvons nous attendre à un peu plus de refus qu’avant le Covid.

 

Vos objectifs de croissance sont-ils bouleversés dans le contexte actuel ?

Nous avons fait des scénarios, tout dépend du marché VO et de comment va redémarrer l’économie. Nous ne ferons pas exactement ce que nous avions prévu cette année mais nous allons tout de même être en croissance. Nous n’avons aucune inquiétude sur la pérennité de notre stratégie pour les années futures. Tous les loueurs avaient un portefeuille de commandes très élevé avant la crise et il a continué à croître, certes plus doucement, pendant les deux mois de confinement. Nous avons donc énormément de véhicules à livrer d’ici la fin de l’année. Il faudra toutefois composer avec des délais de livraison rallongés, nous allons déjà basculer sur 2021 pour certains modèles.

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