Et si l’énergie marine était une réponse à nos besoins électriques
Sur le papier en effet, quoi de plus programmable qu’une marée ou de plus fiable qu’un courant marin ? Dotée de la deuxième plus grande façade maritime au monde, juste derrière les États-Unis, (11,3 millions de km2), la France (10,2 millions de km2) a peut-être une carte à jouer. Pour mémoire, la production d’électricité nucléaire a été la plus faible depuis 1998, alors que la production hydroélectrique a atteint son plus bas niveau depuis 1976. Résultat : la France est devenue en 2022 importatrice d’électricité !
Alors bien sûr, la situation s’améliore lentement ; les réacteurs nucléaires reprennent peu à peu du service, au point que la production nucléaire française a été supérieure de 30 % en avril à celle d’avril 2022. Mais l’alerte a été rude, sachant que les besoins en électricité ne vont faire que croître dans les prochaines années, notamment en raison de la montée en charge du parc automobile électrifié.
Initialement prévu au vote d’ici le 1er juillet 2023, le projet de loi de programmation énergie-climat sera finalement présenté à l’automne. Il doit permettre de fixer la trajectoire de la France pour atteindre la neutralité carbone en 2050. Quels seront au final les grands équilibres retenus pour y arriver et la place des différentes énergies renouvelables ? Rappelons que la loi d’accélération sur les énergies renouvelables votée en février dernier reprend les objectifs du président Macron pour 2050 de multiplier par dix la capacité de production d'énergie solaire (à 100 GW) et de déployer 50 parcs éoliens en mer pour atteindre 40 GW.
Jusqu’alors pierre angulaire de la stratégie française en matière de renouvelable, l’éolien subit régulièrement les foudres des associations de protection de la biodiversité, des collectivités avoisinantes et d’une opinion publique qui soutient les projets à conditions que ce ne soit pas près de chez elle…
Les filières renouvelables sont également soumises à la hausse des taux d’intérêt, à l’envolée des prix des matières premières, au renchérissement des coûts de production. Un rapport publié par la banque Lazard montre ainsi qu’en Amérique du Nord, le coût complet des projets solaires a bondi en 2023 pour atteindre 60 dollars le MWh - soit 40 % de plus qu'en 2021 -, alors que le coût complet de l'éolien terrestre est passé de 38 dollars le MWh en 2021 à 50 dollars le MWh en 2023 (+32 %) (1).
Dans ce contexte la filière de l’hydrolien, dont la technologie permet de convertir la force des courants marins en électricité, souhaite faire entendre sa voix et obtenir des financements. Si les grands énergéticiens comme EDF ou Engie ont pour l’instant jeté l’éponge, il reste des fabricants tricolores de turbines… et des projets. La société Sabella dispose d’un démonstrateur en fonctionnement près de l'île d'Ouessant dans le Finistère, tandis qu’Hydroquest travaille sur un projet de ferme pilote au niveau du Raz Blanchard au large de La Hague. Deux projets d’une capacité respectivement de 12 mégawatts (MW) et de 17,5 MW. Une goutte d’eau diront certains en comparaison de la capacité du seul parc des 80 éoliennes de Saint-Nazaire (480 MW).
Pourtant à l’heure de l’électricité chère (et qui le sera durablement), ne faudrait-il pas jouer collectif et tirer profit de tous les savoir-faire français ? Les acteurs de l’hydrolien font valoir leur technologie "made in France" et appellent de leurs vœux des appels d’offres réguliers permettant au secteur de monter en puissance dans les prochaines années, avec l’objectif d’atteindre 2,3 GW de projets en 2033. Deux ans avant la fin officielle des véhicules thermiques en Europe…
L’Arval Mobility Observatory
1 - Solaire, éolien, le coût des projets s’envole. Les Echos, 2 mai 2023. https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/solaire-eolien-le-cout-des-projets-senvole-1939806.
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