Essence : la petite bête qui monte…
Les statistiques des immatriculations du premier trimestre 2019 marquent en effet une nette accélération de la croissance de l’essence. Avec une part de marché de 21,19 %à la fin du premier trimestre pour les VP et les VUL, l’essence gagne en effet, en l’espace de trois petits mois, 5 points de part de marché. Elle fait mieux que sur l’ensemble de l’année 2018, au cours de laquelle elle avait déjà pris 4,52 points supplémentaires de part de marché. Parmi le Top 10 des véhicules les plus immatriculés en entreprise, établi par l’OVE, on compte désormais trois modèles essence (soit un de plus qu’en 2018). Et il s’immatricule aujourd’hui en entreprise davantage de 208 et de C3 essence que diesel.
L’évolution est aussi spectaculaire sur l’ensemble du marché automobile. Toujours sur le premier trimestre, l’essence revendique une part de marché de 48,45 %, soit 3 points de plus en l’espace de trois mois. Sur l’ensemble de l’année 2018, l’essence avait gagné 6 points de part de marché supplémentaires.
Dans le même temps, la descente aux enfers du diesel n’en finit pas. En entreprise, selon le Baromètre énergies de l’OVE, sa part de marché s’est effritée de 5,2 points au premier trimestre, à 73,26 %. Et sur l’ensemble du marché auto français, cette motorisation a encore perdu 3,4 points depuis la fin 2018, à 45 %. La désaffection touche aussi le véhicule d’occasion, avec un recul des ventes de 6 % entre 2017 et 2018. Résultat : les stocks d’invendus de diesels anciens (Euro 1 à Euro 5) augmentent chez les garages et en concessions. La situation risque de perdurer dans les mois qui viennent puisqu’au 1er juillet, le Grand Paris et ses 79 communes interdiront à la circulation les véhicules les plus anciens classés Crit’Air 5 ou hors classement.
Cette accélération massive du basculement vers des motorisations essence pose une double question, à laquelle devront rapidement répondre les pouvoirs publics, sous peine de créer un nouveau vent de protestation dans le pays. Comment vont évoluer les émissions de CO2, à l’origine du réchauffement climatique et contre lesquelles les autorités nationales entendent bien lutter pour éviter les amendes européennes ? Depuis deux ans, et en grande partie à cause de la montée de l’essence dans les parcs, ces émissions sont reparties à la hausse en France – et dans le reste de l’Europe d’ailleurs.
La nouvelle norme WLTP, qui doit mesurer plus finement et objectivement les consommations réelles des véhicules neufs et leurs émissions de CO2, risque de les amplifier. "Selon le spécialiste des données automobiles Jato, le NEDC corrélé augmente de 9,6 g/km en moyenne les émissions de CO2 par rapport au NEDC, alors que le WLTP les fait bondir de 25,3 g par rapport au NEDC corrélé", explique Le Figaro dans son dernier supplément sur les Flottes automobiles, en annonçant une hausse de 25 % des coûts d’utilisation des véhicules si la fiscalité ne change pas. (1)
Car c’est aussi là que le bât blesse. La fiscalité automobile étant assise sur les émissions de CO2, c’est une envolée de la facture qui s’annonce dans les mois à venir, tant en termes de Malus que de TVS. Une fois le Grand Débat définitivement clôturé et les mesures gouvernementales enfin dévoilées, la grande séquence fiscale qui s’ouvrira dans le cadre de la préparation de la future loi de Finances 2020 sera donc cruciale pour les automobilistes et pour les entreprises, leurs prix de revient et leur compétitivité.
L’Observatoire du Véhicule d’Entreprise
(1). La nouvelle norme WLTP déstabilise les gestionnaires de parcs automobiles par Eric Gibory. Le Figaro. 2 avril 2019