Electrique : la politique des petits pas
Sur le papier tout le monde est d’accord. Il faut accélérer la transition énergétique pour sauver la planète et la santé des Terriens. Une planète bien malmenée par la pollution, selon les conclusions du dernier rapport du Giec. La cause est donc entendue : l’urgence climatique doit revenir sur le devant de la scène et, avec elle, une kyrielle de mesures passant par une diversification des motorisations pour promouvoir les plus vertueuses, une diminution du poids du diesel et plus généralement des véhicules thermiques, un rajeunissement du parc automobile en sortant les véhicules les plus anciens et les plus polluants, avec – pourquoi pas – le retour d’une surprime à la casse à la charge de l’industrie.
L’automobile se prépare donc à un grand bouleversement, qui n’est pas que celui de la voiture autonome et de la conduite sans chauffeur, mais de l’arrivée en masse de l’électrique et de l’hybride chez les ménages et dans les entreprises.
D’après le contrat stratégique de filière signé en mai dernier entre la Plateforme automobile (PFA), l’Etat et les Régions, près d’un million de véhicules électriques et hybrides rechargeables circuleront dans l’Hexagone d’ici 2022. C’est cinq fois plus qu’aujourd’hui.
Dans le même temps, le nombre de bornes de recharge publique devra lui aussi être multiplié par cinq pour atteindre le seuil des 100 000 unités. Aujourd’hui, on en est certes à 200 000 au total, mais 90 % se situent dans le domaine privé. Et on est encore très loin des 7 millions de points de charge prévus par la Loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte…
Ces objectifs ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Encore faut-il que l’environnement réglementaire et fiscal soit favorable aux véhicules électriques. D’autant que, pour l’instant, les Français se montrent assez réticents à l’égard du véhicule électrique. Les études récentes menées sur l’image de la mobilité électrique conduisent en effet toutes aux mêmes constats : à une assez large majorité, les Français estiment que la voiture électrique reste handicapée par plusieurs maillons faibles tels que l’autonomie, le réseau de recharge ou encore le prix d’acquisition des modèles. Et, au final, un citoyen sur deux pense que l’électrique restera cantonné dans les prochaines années à des trajets courts et urbains.
En entreprise aussi, le véhicule électrique fait face à un certain nombre de freins pour son développement. Il ne représente d’ailleurs que 1,8 % des immatriculations (2,5 % en incluant les hybrides rechargeables). Outre des questions d’autonomie et de capacité de recharge, l’électrique est handicapé par une fiscalité inadaptée qui fait reculer les collaborateurs, même les plus écologistes dans l’âme.
Il est heureux que certains députés, encouragés par les travaux de l’OVE et de l’Avere, se soient emparés du sujet à l’occasion de l’examen du projet de financement de la Sécurité sociale. Plusieurs amendements ont été déposés pour inciter les salariés à rouler en voiture électrique, en faisant évoluer le système des avantages en nature. Ils proposent notamment de supprimer de l’assiette des cotisations patronales de Sécurité sociale l’utilisation privée d’un véhicule électrique ou hybride rechargeable en entreprise.
Pas sûr que cette disposition soit suffisante pour faire basculer le cœur des collaborateurs bénéficiant d’un véhicule de fonction vers un modèle électrique. Mais c’est peut-être le début d’une prise de conscience vertueuse. Commençons par brancher les conducteurs, on branchera ensuite les véhicules.
L’Observatoire du Véhicule d’Entreprise