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Climat : les dieux sont tombés sur la tête

Publié le 16 mai 2019

Par Damien Chalon
3 min de lecture
ZOOM DE L'OVE. Face à l'urgence climatique, les réponses des dirigeants mondiaux ne sont pas à la hauteur. Les moyens mis en œuvre sont encore trop légers et manquent de cohérence. Pire : les dépenses dans les énergies fossiles ne cessent de progresser.

 

Rien n’est jamais acquis. Le dernier rapport de l’Agence internationale de l’Energie (AIE) vient brutalement nous rappeler cette évidence. Que disent les chiffres de ces experts es-énergie ? Eh bien qu’après vingt ans de croissance continue, les dépenses en faveur des énergies renouvelables ont marqué le pas en 2018. Un comble à l’heure de la mobilisation tous azimuts contre le changement climatique ! La surprise est d’autant plus grande que, le jour même de cette annonce, un collectif de 145 experts venus de 50 pays alertait les pouvoirs publics sur l’avènement de la "6ème extinction de masse" qui menace la Terre, et le déclin de la biodiversité face… au changement climatique.

 

En 2002, Jacques Chirac avait donné l’alerte en annonçant à la tribune du Sommet de la Terre de Johannesburg : "notre maison brûle et nous regardons ailleurs". Tout aussi alarmiste le directeur exécutif de l’AIE, Fatih Birol, affirme aujourd’hui : "le monde ne peut pas se permettre de presser la touche ‘pause’ concernant l’expansion des renouvelables et les gouvernements doivent agir rapidement". L’heure est donc plus que grave.

 

En matière de lutte contre le réchauffement climatique et de réduction des émissions de gaz à effet de serre, les dieux sont-ils tombés sur la tête ? Tout donne en effet à penser que les dirigeants de la planète font "tout et son contraire". Pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris sur le climat, les énergies renouvelables doivent en effet croître en moyenne de 300 GW par an entre 2018 et 2030. Rien que sur 2018, elles n’ont atteint que 180 GW, soit moitié moins que l’objectif. Solaire, éolien, hydroélectrique, énergie marine, tous font les frais de ce coup de frein, alors qu’ils devraient au contraire être boostés.

 

Dans le même temps, et c’est une autre aberration puisqu’elles sont accusées de tous les maux en matière de pollution, les dépenses dans les énergies fossiles continuent de progresser : +4 % dans l’exploration d’hydrocarbures et +2 % pour le charbon, énergie pourtant la plus émettrice de gaz à effet de serre.

 

Au total, comme l’explique le responsable de l’AIE, "sur les quelque 1900 milliards de dollars investis dans l’énergie en 2018, un tiers seulement l’a été dans les solutions décarbonées, alors qu’il faudrait la proportion inverse, deux tiers dans le bas carbone et un tiers dans les énergies carbonées".

 

Une fois de plus, les responsables politiques sont face à leurs contradictions : au nom de l’urgence climatique, ils n’hésitent pas à bannir les voitures des villes, sans toujours proposer à leurs concitoyens les moyens de déplacements en commun ad hoc ; mais au nom de la rentabilité économique, ils poursuivent sans sourciller l’exploitation de sources énergétiques fossiles. Au risque de faire repartir à la hausse les émissions de CO2, liées à l’énergie ou à l’usage de l’automobile.

 

Toutes les trottinettes et autres vélos à assistance électrique du monde ne pourront rien face aux rejets polluants de centrales à charbon chinoises (même de dernière génération). Pour être crédibles et acceptées par les populations, les politiques publiques doivent être transparentes et surtout, pérennes dans le temps. C’est à ces conditions, par exemple, qu’une taxe carbone "nouvelle version" pourrait renaître de ses cendres en France.

 

Louvoyer pour éviter les écueils et composer avec les vents contraires ne doit pas faire oublier l’objectif à atteindre, le cap final.

 

L’Observatoire du Véhicule d’Entreprise

 

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