Bonne année et bonne santé à l’industrie automobile

En cette traditionnelle période de vœux, que peut-on souhaiter à l’industrie automobile française et à ses grands acteurs ? Le retour à meilleure fortune commerciale bien sûr, après un millésime 2021 décevant qui ramène le niveau du marché du VP neuf à celui des années 1975 ! La reprise du marché mondial des semi-conducteurs également, puisque c’est sa paralysie qui, l’année dernière, a rallongé de façon spectaculaire les délais de livraison des modèles neufs commandés par les clients, particuliers comme entreprises, semant la consternation dans les concessions automobiles.

Au-delà de ces éléments purement conjoncturels, c’est l’image même de la voiture que l’on souhaite voir s’améliorer pour l’industrie automobile, qui reste l’un des rares secteurs à ne pas avoir profité de la reprise économique en 2021. Depuis plusieurs années, cette filière industrielle qui a largement surfé sur les Trente Glorieuses et la hausse du pouvoir d’achat des ménages, mange son pain noir. La voiture, surtout si elle est thermique, est devenue "persona non grata" dans les villes. Les Diesel, longtemps subventionnés par les pouvoirs publics et donc, très largement achetés par les automobilistes, sont programmés à disparaître du paysage en 2040 au plus tard. L’essence devrait subir le même sort, au nom de la protection du climat.

Selon les experts en mobilités, les Français ne sont plus aussi attachés à leur voiture ; les jeunes s’en détournent pour des questions de prix et ne veulent même plus passer leur permis de conduire. Pour se déplacer, place aux mobilités dites "partagées", aux transports en commun ou encore aux micro-mobilités (vélos, trottinettes, scooters…). Certes la crise sanitaire a remis la voiture individuelle en selle au détriment des transports en commun jugés dangereux pour la santé, mais pour combien de temps ?

Alors bien sûr, direz-vous, il y a le véhicule électrique ou électrifié, qui peut redonner le sourire aux constructeurs. En France, ces modèles ont représenté près d’une vente sur cinq, l’année dernière, rappelle cette semaine le journal Les Echos (1). Bruxelles et ses eurodéputés y croient en tout cas dur comme fer ; ils ont décrété la fin des thermiques dans un peu plus de dix ans. De leur côté les constructeurs, plus contraints que véritables adeptes (à l’exception d’un Tesla) des modèles à batteries, annoncent des milliards d’euros d’investissements pour changer leur outil industriel à grande vitesse dans les prochaines années, électrifier leurs gammes, avant de passer, in fine, au tout électrique.

Mais là encore, il faudra lever quelques verrous pour lancer véritablement le marché de la voiture électrique et surmonter une réticence logique des automobilistes. Les vacanciers, qui ont sillonné en fin d’année dernière les autoroutes françaises, n’ont pas manqué de constater que devant les bornes de recharge électriques les files d’attente commençaient à s’étoffer ! Un maillage suffisant de bornes de recharge rapide est donc essentiel pour rendre crédibles les motorisations électriques. Enfin, tout comme les arbres ne grimpent pas au ciel, la capacité financière des ménages a des limites que l’envolée actuelle des prix des voitures neuves ne prend pas en compte. Supprimez les aides à l’achat et c’est une partie de l’écosystème électrique qui prend l’eau.

Voilà pourquoi, comme l’écrit le quotidien Les Echos, l’automobile nage dans "le brouillard" et peu d’experts se risquent pour l’instant au petit jeu des prévisions de marché. Vous avez dit "Bonne année ?"

L’Arval Mobility Observatory

(1) "En 2021, près d'une voiture sur cinq vendue en France était électrifiée", Les Echos, 2 janvier 2022.