Avis Budget Group et Hertz Global Holdings en grande difficulté
Le secteur de la location courte durée va-t-il exploser en plein vol ? La question mérite d’être posée au vu des informations diffusées par ses principaux acteurs, dans un contexte mortifère pour leur activité. Le confinement de la population décrété dans la majeure partie du globe a signifié l’arrêt brutal des déplacements et, par conséquent, des locations de voitures, tant pour les besoins personnels que professionnels. Une situation inédite et pour le moins inquiétante.
Si Europcar semble tiré d’affaire suite à l’obtention de plusieurs financements pour un montant total de 307,25 millions d’euros, d’autres têtes d’affiche sont sur la sellette. Parmi elles, deux géants nord-américains du secteur : Avis Budget Group et Hertz Global Holdings. Ces grands noms de la location doivent composer avec des pertes soudaines et abyssales, même si leur situation n’inspire pas le même niveau d’inquiétude.
Hertz au bord du précipice
De toute évidence, Hertz Global Holdings est dans la position la plus critique. Reuters a rapporté la semaine dernière que les préparatifs en vue d’une éventuelle faillite du groupe s’étaient accélérés. Le groupe, qui emploie 38 000 personnes, avait décidé le mois dernier de supprimer 10 000 emplois en Amérique du Nord et engagé des experts en restructuration pour faire face à une dette de 17 milliards de dollars (15,6 milliards d’euros).
L’entreprise a depuis annoncé avoir obtenu auprès de ses créanciers le report du remboursement d’une partie de sa dette, ce qui lui donne plus de temps pour trouver un plan de financement afin d’éviter une éventuelle faillite. Une échéance de remboursement, initialement fixée au 4 mai, a été repoussée au 22 mai, a précisé le groupe américain, qui devait s'acquitter d'une partie de sa dette le 27 avril, avant d’entrer en négociation avec ses créanciers. Hertz va discuter avec eux pour définir une stratégie prenant en compte l’impact économique de la pandémie de coronavirus et ses besoins de trésorerie.
Avis Budget prévoit de lourdes pertes
Chez Avis Budget, sans être aussi dramatique, la crise invite à la plus grande prudence. L'alerte a été donnée, le 4 mai lors de la présentation des résultats trimestriels. Le groupe a rapporté une perte sèche de 158 millions d'euros sur la seule période courant de janvier à mars 2020. En comparaison, un an auparavant, celle-ci s'établissait "à peine" à 91 millions d'euros. Au terme de ce premier trimestre, le chiffre d'affaires a atteint 1,753 milliard de dollars (1,66 milliard d'euros), en déclin de 9 %, par rapport à 2019. Pourtant, l'exercice avait bien commencé pour l'entreprise. Au lendemain d'un quatrième trimestre 2019 satisfaisant, elle poursuivait sur un élan de croissance, matérialisé par une progression de 9 % du chiffre d'affaires, en février, notamment porté par une hausse de 15 % sur le marché domestique. Mais la crise est passée par là, provoquant pertes et fracas.
"Nous avons rapidement réagi pour supprimer les coûts et préserver la liquidité, a déclaré Joe Ferraro, le directeur général par intérim du groupe. À la fin du mois d'avril, nous avions réalisé plus de 2 milliards de dollars d'actions de suppression des coûts annualisés, y compris des réductions des effectifs, du parc de véhicules et l'élimination de toutes les dépenses en capital et d'exploitation non essentielles". Aux Etats-Unis, 80 % des prochaines livraisons ont été annulées par le loueur auprès des constructeurs. Et le dirigeant de rappeler que la vigilance sera de mise et que le groupe cherchera à identifier "des mesures supplémentaires de suppression des coûts" si la reprise se fait plus lente que prévue ou en cas de nouvelles perturbations plus tard dans l'année.
Des perturbations qui devraient se lire dans le prochain bulletin trimestriel. En effet, lors de la présentation des résultats du T1, le groupe américain a averti qu'en raison des mesures de confinement adoptées par les gouvernements, le chiffre d'affaires chutera certainement de 80 % aux mois d'avril et mai, par rapport à l'an passé. Pour note positive, il souligne qu'un retour progressif à la normal pourrait s'amorcer à partir du mois de juin.
Damien Chalon et Gredy Raffin (avec Reuters)