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2025 : retour vers l’ancien monde ?

Publié le 9 janvier 2025

Par Damien Chalon
4 min de lecture
Zoom de l’Arval Mobility Observatory – On savait, dès avant la trêve des confiseurs, que 2025 se déroulerait avec un lot incroyable d’incertitudes. Les premiers jours de cette nouvelle année le confirment, et cela risque de ne pas faire les affaires de l’industrie automobile. La preuve en trois exemples.
2025 mix énergétique
En 2025, assisterons-nous à l'essor de l'électrique ou le thermique reviendra-t-il en force ? ©AdobeStock-Jevanto Protography

Pas d’éclaircie en vue pour l’emploi. Selon les études économiques du groupe bancaire BPCE, la France a connu en 2024 la pire année en termes de défaillances d’entreprises depuis 2010. Les chiffres donnent le vertige : 260 000 emplois menacés par 66 422 dossiers. Construction, immobilier, transport et services alimentent les procédures collectives. "L’année 2025 pourrait être pire que 2024 sur le front des défaillances, selon le groupe BPCE", avec une prévision de 68 000 défauts et 240 000 emplois sur la sellette, indique le quotidien Les Échos (1). Moins d’emplois dans les entreprises, ce sont moins de besoins d’équipements, notamment d’utilitaires ou de véhicules de fonction. Ce sont aussi moins de clients dans les concessions si le taux de chômage augmente.

 

Retour en force des énergies fossiles. "2025 pourrait marquer un retour en force des hydrocarbures, qui pourraient capter une partie des investissements promis aux énergies bas carbone dans le monde. Autrement dit, un net ralentissement de la transition énergétique dicté par des logiques de prix et de rentabilité, qui devrait avoir des conséquences négatives sur les objectifs de limitation du réchauffement climatique", écrit en une de son édition du mercredi 8 janvier Les Échos (2). Aux quatre coins du monde, des projets géants d’exploration-production sortent de terre pour, au final, des investissements dépassant les 1 150 milliards de dollars cette année. Certes, l’histoire est un éternel recommencement, mais quand même. On croyait l’âge d’or des hydrocarbures révolu, au profit des énergies renouvelables et des politiques bas carbone. À quoi servent les réunions annuelles de la COP, les réglementations contraignantes pour sortir du tout pétrole si, au bout du compte, on revient en arrière ? Les analystes d’ailleurs continuent de repousser le "pic pétrolier" qu’ils placent désormais à 2035. Cela laisse donc de beaux jours aux véhicules thermiques, alors même que depuis dix ans l’industrie automobile européenne investit massivement dans l’électrique et délaisse ses gammes essence et diesel.

 

Les énergies renouvelables face au défi de l’intermittence. Pour assurer un développement constant des énergies solaire ou éolienne, au-delà de la question du coût de revient des infrastructures, se pose celle du stockage de l’électricité ou de l’interconnexion des zones géographiques pour que l’offre et la demande soient toujours égales. La solution du stockage sur batteries est celle qui apparaît la plus prometteuse pour certains observateurs, sans pour autant lever tous les obstacles (3). Impossible, par exemple, de stocker les excédents de l’énergie solaire en été pour répondre aux besoins durant l’hiver. Les freins aux renouvelables sont donc encore présents et dépassent largement les seules oppositions des opinions publiques.

 

Ces incertitudes, si elles se confirment, risquent de peser un peu plus sur l’activité de l’industrie automobile, laquelle sort d’une année 2024 déjà plus que compliquée. Certes, depuis quelques jours, on voit nombre de reportages dans les journaux télévisés de grande écoute annonçant l’arrivée de voitures électriques "made in France" avec, à la clé, la baisse des prix de ces mêmes modèles, ce qui pourrait ramener les clients dans les concessions. Mais on omet de dire que ces baisses sont loin d’effacer les très fortes hausses de tarifs de ces dernières années.

 

Et surtout, on évite de rappeler que le marché automobile est avant tout soutenu en France par les entreprises. Or, pour celles-ci, l’avenir est tout sauf dégagé. Les aides à l’achat de véhicules électriques ont disparu, tant pour les utilitaires légers que pour les voitures particulières. Une nouvelle proposition de loi est annoncée dans les prochaines semaines, qui pourrait renforcer leurs obligations d’électrification de leurs parcs automobiles et les assortir de pénalités financières en cas de non-respect.

 

À terme, c’est une double question qui se pose bel et bien aux constructeurs : pour quels clients travaillent in fine les chaînes de production de leurs usines ? Et leur mix-produit convient-il vraiment aux attentes et aux besoins de ces mêmes consommateurs ? Réponse d’ici quelques mois.

 

L’Arval Mobility Observatory

 

(1). Record de défaillances d'entreprises en France, pas d'éclaircie en vue | Les Échos. 8 janvier 2025

(2). Pétrole, gaz : les gigantesques projets sur la rampe de lancement en 2025 | Les Échos. 7 janvier 2025

(3). Énergies renouvelables : l'enjeu du stockage | Les Échos. 5 janvier 2025

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