Nicolas Schottey, Elexent : "Fournir des solutions de recharge sur mesure et clé en main aux flottes"
Pouvez-vous nous expliquer le pourquoi de cette nouvelle filiale de Renault, Elexent ?
Pour que l’on comprenne bien le pourquoi d’Elexent, il faut revenir un petit peu en arrière. Depuis de nombreuses années, Renault travaille sur le véhicule électrique, ce qui a permis d’identifier les trois freins majeurs qui l’accompagnent. Le premier concerne le coût associé au véhicule avec la batterie qui, aux débuts, était un élément extrêmement coûteux, d’autant plus que les volumes de ventes étaient faibles et ne permettaient pas d’optimiser les coûts de fabrication. Cette période est maintenant globalement derrière nous avec des véhicules plus abordables. Le deuxième point était l’autonomie des véhicules. Les premiers modèles ne permettaient pas d’adresser un marché très large. Mais là encore, ce n’est plus le cas avec les nouvelles batteries qui font que la nouvelle Zoe affiche près de 400 kilomètres d’autonomie. Nous sommes sur des niveaux qui permettent d’adresser un scope assez large d’utilisation. Ce n’est plus un point bloquant. Le dernier élément que nous avions identifié assez vite était l’accès à l’infrastructure de recharge. Et là, pour le coup, nous n’y sommes pas. Sur la charge à domicile, nous arrivons à avoir des propositions compétitives avec un niveau de service qui est très bon. Nous commençons ensuite à nous améliorer sur les copropriétés, les choses changent même si nous avons quelques problèmes de délais en raison de la crise actuelle. Le dernier point consistait à savoir ce que l’on pouvait faire avec les flottes. Et là, pour nous, il y avait un réel manque. Nos clients nous disaient qu’ils avaient envie d’y aller mais qu’ils ne savaient pas comment faire, que l’écosystème était trop compliqué. Pour les accompagner dans cette évolution, il fallait que l’on industrialise et que l’on rende tout cela un peu plus robuste, d’où l’arrivée d’Elexent pour se mettre en accompagnement de nos clients flottes.
Est-ce le rôle d’un constructeur automobile que de se positionner sur l’organisation de la recharge ? N’est-ce pas, par exemple, le rôle d’un énergéticien ou d’un spécialiste des bornes ?
De façon assez naturelle, on peut effectivement se poser la question qu’un énergéticien ou qu’un fournisseur de borne soit mieux placé que nous. Mais en fait lorsque l’on passe par ce type d’opérateurs, le client n’est pas très bien connu. Alors que nous connaissons très bien ces clients flottes. Nous partons donc plutôt du client et avant d’essayer de lui vendre une borne ou un contrat d’énergie, il faut que l’on comprenne ce qu’il va faire avec ses voitures. Une fois que l’on a fait cela, nous allons définir une solution, le choix de la bonne technologie et les coûts associés. Nous basculons complètement le système, nous ne sommes pas en train de vendre des solutions, nous accompagnons plutôt le client pour comprendre ce dont il a besoin. Après seulement nous trouverons la technologie qui va bien et les fournisseurs de services que nous devons associer. C’est assez majeur comme gap, je suis là pour accompagner et réduire autant que possible le coût de détention de la flotte, pour investir le juste nécessaire, alors que quelqu’un qui va vendre un forfait d’énergie ou des bornes est là pour augmenter son chiffre d’affaires. Ce qui va un peu à l’encontre du TCO des véhicules. Nous sommes donc orientés vers le client et plus nous allons trouver des solutions agiles et optimiser les infrastructures, plus nous pourrons mettre des voitures dans les flottes. L’intérêt est de promouvoir l’intégration des véhicules électriques dans les flottes.
Vous intervenez donc pour simplifier et optimiser les projets d’infrastructures de recharge en vous appuyant sur un réseau de partenaires ?
Exactement, nous gardons en interne, chez Elexent, toute la compétence au niveau de la compréhension, du design et de l’architecture de la solution, et ensuite nous avons négocié des contrats cadres au niveau européen ou national sur d’autres prestations. Par exemple pour les installateurs, nous avons assez peu d’intérêt à avoir des installateurs européens, nous nous appuyons plutôt sur des acteurs locaux. Par contre pour les hardwares et les bornes, nous avons des contrats cadres européens. Nous ne communiquons pas, à ce stade, sur le nom de ces partenaires. L’idée est de fournir des solutions de recharge sur mesure et clé en main aux flottes. Nous intervenons à toutes les étapes des projets, du conseil à la conception en passant par l’installation et l’exploitation des bornes. Nous étudions l’ensemble des technologies existantes sur le marché afin d’offrir à nos clients une solution optimale en adéquation avec leurs besoins et leurs objectifs. Nous sommes l’interlocuteur unique de nos clients tout au long de leur projet.
En France, Elexent est porté par le groupe Renault mais aussi par Solstyce. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Solstyce est le partenaire avec qui nous avons construit l’entité Elexent en France. Il faut comprendre qu’Elexent est une structure de tête assez légère qui s’appuie sur des entités locales. Nous commençons avec la France et nous serons présents en Allemagne, au Royaume-Uni, en Suisse, en Autriche et aux Pays-Bas d’ici la fin de l’année. L’Italie, le Portugal et l’Espagne font également partie de nos projets de développement, l’idée étant d’adresser tous les pays majeurs sur l’électrique en Europe. Toutes ces entités locales sont ou seront rattachées à la structure de tête. Le partenaire pour la France est donc Solstyce qui a une très forte expertise sur les écosystèmes énergétiques un peu innovants comme le photovoltaïque et sur le suivi et la gestion de projets liés à la recharge des voitures électriques.
Quels types de clients flottes cibles-vous en priorité ?
Nous sommes capables de nous adresser à tous types de clients B2B, aussi bien des PME que des grands comptes exploitant à la fois des véhicules 100 % électriques et des modèles hybrides rechargeables. Nous avons plusieurs façon d’adresser le marché sachant que la canal privilégié est celui de Renault, et plus largement celui de l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi. Aujourd’hui, nous ne nous interdisons pas de travailler avec d’autres marques, un accord a d’ailleurs été conclu avec un acteur du marché pour fournir ses propres clients. Nous sommes sur des solutions complètement agnostiques en termes de véhicules et de marques car nos clients flottes ont des parcs très variés. Nous pouvons intervenir sur toutes les flottes, qu’elles que soient leur composition et leur typologie.
Elexent évolue malgré tout ouvertement en tant que filiale de Renault ?
Nous sommes ouvertement une filiale de Renault. Nous cherchons à optimiser au maximum toute la compétence dont dispose la marque sur les infrastructures. Cela fait 10 ans que nous travaillons sur le sujet, il y a donc un réel savoir-faire. Après, ce savoir-faire est mis au profit de l’écosystème qui est multimarque. Mais, quoi qu’il arrive, Renault s’y retrouvera en termes de croissance de vente de ses véhicules électriques.
Elexent est-elle déjà opérationnelle ?
Oui, même si les débuts ont été un peu freinés dans le contexte actuel. Nous avons déjà un certain nombre de clients pour lesquels nous sommes en train de finaliser des accords. Nous travaillons également sur les besoins en propre de Renault sur ses concessions. Nous intervenons ici pour structurer l’offre et imaginer la station du futur et comment organiser les choses pour le client qui arrivera dans les concessions.
Allez-vous jusqu’à étudier et superviser l’installation de bornes chez les collaborateurs ?
Comme je vous le disais, notre but est d’accompagner le client sur l'ensemble de son projet. Il peut avoir besoin, quand il déploie des véhicules électriques dans sa flotte, d’une solution qui va jusqu’à la recharge à la maison. Dans ce cas, on la prend en charge car il s’agit d’employés. Nous intervenons également sur la gestion des factures et sur tout l’aspect administratif, que ce soit en copropriété ou en maison individuelle.
La plupart des projets d’électrification se font de manière très progressive. Comment accompagnez-vous ces entreprises dans leur montée en puissance sur le sujet ?
Effectivement, mis à part quelques grands comptes qui accélèrent rapidement sur le sujet, la plupart des entreprises commencent de manière prudente. Nous les accompagnons dans cette première étape et c’est aussi pourquoi nous gardons la main sur tous les aspects études et architecture de solutions. On voit ce dont elles ont besoin aujourd’hui et ce dont elles auront besoin demain. On va par exemple pouvoir programmer dès le début tout le génie civil qui va bien pour les futurs étapes. Nous les éclairons sur ce qu’elles n’ont pas encore vu mais qui sera important à l’avenir, sur ce qu’il serait intéressant d’avoir demain.