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Y a-t-il un pilote dans l’avion des bornes de recharge ?

Publié le 4 mars 2021

Par Arval Mobility Observatory
4 min de lecture
Zoom de l’Arval Mobility Observatory – Le secteur de l'automobile n'échappe au phénomène de la surinformation, en particulier quand il s'agit d'évoquer le sujet de l'électrification. Un martelage mal orchestré qui ne répond pas toujours aux attentes des consommateurs.

 

C’est bien connu, nous croulons sous les informations. Vraies ou fausses, objectives ou pas. Avec la crise sanitaire, surfant sur les peurs des uns et des autres, les fameuses "fake news" s’en donnent plus que jamais à cœur joie. Dans le domaine économique également, les experts de toutes sortes font assaut d’informations plus ou moins vérifiées, qui servent les intérêts de certains, plus que de tous. C’est comme cela que naît un phénomène de société, désastreux pour la véritable information : le bien nommé "infobésité".

 

Cette évolution n’épargne pas, loin s’en faut, le petit monde de l’automobile et de la mobilité. Surtout à l’heure où il faut, coûte que coûte, gagner la bataille de l’électrification de nos véhicules. Et là, on se prend à plaindre le consommateur final ou encore le décideur d’entreprise qui veut conduire la transition énergétique dans son parc automobile. Quels véhicules choisir, quelles solutions de mobilités partagées tester, quelle place accorder au tout électrique ou aux hybrides ?

 

D’autant que toutes les enquêtes ne vont pas dans le même sens, au-delà d’une préoccupation générale des personnes interrogées, autour du réchauffement climatique. Prenons le cas des trois dernières études menées par EVBox, l’Argus ou encore Kantar pour le constructeur Honda. Le véhicule électrique voit ses intentions d’achat certes progresser, mais il a du mal à dépasser son "plafond de verre", à cause d’incertitudes persistantes quant à l’autonomie des modèles, la facilité de la recharge ou encore un prix d’achat toujours jugé élevé, même avec les aides de l’Etat.

 

Comme le rappelle le CCFA, les modèles purement électriques, dits zéro émission, sont en baisse depuis le début 2021, avec une part de marché qui régresse à 5,8 % (-1 point) et des immatriculations en recul de 30 % sur un an (à 14 895 exemplaires). Selon EVBox, deux Français sur dix seulement estiment qu’ils pourront recharger leur véhicule électrique sur la route ! Pas très engageant comme résultat pour qui veut investir dans un modèle tout électrique…

 

Et ce ne sont pas les annonces tous azimuts sur l’installation de nouvelles bornes, en villes, sur les parkings des supermarchés, sur autoroutes, voire à la campagne, qui vont les rassurer. Difficile en effet de savoir si l’on peut recharger sur n’importe quelle borne, avec n’importe quelle carte, n’importe où en un mot. Bref, trop d’informations sont délivrées, mais dans un joyeux cafouillage, qui nuit au message final. Comme l’expliquent de plus en plus d’observateurs, il manque un chef d’orchestre au pupitre pour une bonne mise en musique de la stratégie française d’installation des bornes de recharges.

 

Même constat avec la motorisation en vogue du moment : l’hybride en général, et l’hybride rechargeable en particulier. Les immatriculations explosent en France et pas un constructeur qui ne sorte de ses cartons un nouveau modèle PHEV. Même les SUV s’y mettent… Pourtant, si l’on en croit les résultats d’une enquête de l’institut Kantar pour Honda, 69 % des conducteurs de voitures thermiques estiment ne pas en savoir assez sur la technologie hybride pour faire un saut, qui ne soit pas dans l’inconnu.

 

Un professeur en sciences du comportement à la Warwick Business School (école de commerce anglaise) cité par l’enquête justifie cette situation par "la densité d’informations qui assaillissent les consommateurs". Encore une fois trop d’informations, mal orchestrées et qui ne répondent pas aux attentes des consommateurs, ratent leur cible et conduisent à l’attentisme, quand ce n’est pas à la méfiance.

 

Alors dans le domaine des véhicules électrifiés (comme dans d’autres d’ailleurs, à commencer peut-être par celui de la campagne vaccinale contre la Covid-19 en Europe), évitons les effets d’annonces, les engagements trop audacieux, mais utopiques. Une révolution de l’ampleur de celles de la transition énergétique et de l’émergence de nouvelles mobilités nécessite un effort sans précédent de pédagogie et de communications ciblées et utiles. Au risque, dans le cas contraire, de faire "pschitt".

 

L’Arval Mobility Observatory

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