Vincent Muyllaert, Macadam : "Nous allons temporairement suspendre les restitutions contradictoires"
Comment Macadam traverse la crise actuelle ?
Notre activité d’inspection de fins de contrats, tant pour le compte des loueurs longue durée, des constructeurs et des établissements financiers, s’est arrêtée brutalement le 17 mars dernier. La période actuelle n’est évidemment pas propice à la restitution de véhicules. Nous intervenons en temps normal partout en France sur des sites qui ne nous appartiennent pas. Nous allons dans les concessions, dans les parcs de stockage et chez quelques entreprises en direct en de rares occasions. Pour le coup, nous sommes dépendants de leurs ouvertures. En l’occurrence, presque toutes les concessions ont fermé même si, dans le décret du gouvernement, il était prévu qu’elles puissent garder leurs ateliers ouverts. La réalité des faits a été un petit peu différente…
Avez-vous toutefois pu procéder à quelques inspections durant le confinement ?
Depuis le début du confinement, nous avons concentré notre activité sur les parcs de stockage. Nos inspecteurs se retrouvent sur des zones de plusieurs hectares et peuvent ainsi travailler en toute sécurité. Quelques parcs sont restés ouverts, nous avons ainsi pu agir et faire tout ce qu’il était possible de faire pour avoir moins de volume à traiter à l’issue du confinement, potentiellement le 11 mai prochain. Il faut savoir qu’en temps normal, nos 150 inspecteurs examinent entre 20 000 et 25 000 véhicules en fin de contrat par mois en France, entre 1 000 et 1 200 par jour. Donc chaque jour de confinement, c’est autant de véhicules en retard.
Comment allez-vous rattraper le retard accumulé ?
Depuis une semaine, pour accompagner nos clients, nous avons mis en place une application gratuitement qui permet d’avancer sur les procédures de restitutions, avant et après confinement. Les conducteurs ont dès à présent la possibilité de réaliser, grâce à notre outil, un PV d’immobilisation, à défaut de pouvoir faire un PV de restitution classique. Les loueurs longue durée, établissements financiers et constructeurs ont eu quelques demandes pour restituer des véhicules, ou tout du moins acter les fins de contrats. C’est là que nous avons eu l’idée de proposer cette application digitale. Elle permet de recevoir un document PDF, géolocalisé, horodaté et non modifiable. Il comprendra notamment, l’identification du véhicule, son kilométrage, des prises de vue de son état général et la signature numérique d’une ou plusieurs parties, à savoir le locataire, le concessionnaire et/ou le transporteur. Ensuite, comme la restitution n’est pas finalisée, il y aura enlèvement du véhicule un jour, la mise en concession ou en base arrière, et nos équipes iront l’inspecter comme c’était prévu initialement.
Cela implique que les conducteurs n’utilisent plus leur véhicule…
Ils s’engagent sur l’honneur à ne pas rouler. Globalement les gens vont jouer le jeu, l’objectif étant d’arrêter la facturation. Ils sont invités à faire une photo de leur compteur. Ainsi, si nos équipes actent officiellement que le véhicule a fait 500, 1000 ou 2000 kilomètres de plus qu’indiqué, il y aura une relance de la facturation.
Avez-vous eu beaucoup de procédures enclenchées via cette application ?
Nous avons eu assez peu de demandes à ce stade, nous sommes encore en phase de déploiement. Nous avons fait des tests avec des clients. L’idée est de donner la faculté à un client de restituer un véhicule avec un PV d’immobilisation officiel. Il y a des clients qui ont restitué à la sauvage leur véhicule par mail, en disant qu’il est garé à tel endroit, ce n’est pas suffisant. Maintenant, la vraie force de l’outil, c’est plutôt après le confinement.
Quelle sera la procédure dans ce cas ?
Il faut avoir à l’esprit que la période de reprise va durer plusieurs semaines, si ce n’est plusieurs mois, avec un volume énorme de véhicules en fin de contrat à gérer. A ce jour, toute la profession est totalement désorganisée. Les concessions sont pleines de véhicules et il va falloir les enlever, les parcs sont pleins et la chaîne logistique est enrayée. Avant que la fluidité revienne, il va falloir que nous accélérions sur certains points. Dans ce cadre, pour accompagner nos clients, nous nous sommes dits qu’il fallait faciliter au maximum le sujet de la restitution. Avec l’application, un conducteur pourra restituer son véhicule dans une concession et terminer son contrat sans contact avec qui que ce soit, le plus simplement du monde. Il pourra ainsi le cas échéant prendre livraison de son nouveau véhicule.
Quand ferez-vous l’inspection dans ce cas ?
Nous ferons les inspections quelques jours après de façon massive. Nos inspecteurs ne se déplaceront pas pour voir une voiture mais en voir une dizaine. Nous enverrons éventuellement plusieurs inspecteurs pour accélérer le mouvement. C’est ça le secret, accélérer la volumétrie pendant la période de recalage. L’idée est de pouvoir doubler nos volumes d’inspection.
Quid alors des inspections contradictoires ?
Nous avons deux types d’inspections : celles qui sont faites en masse sur les bases arrière et celles qui sont faites en contradictoire, en face à face. Cela prend 40 minutes pour faire une inspection en contradictoire avec un client. Vous imaginez que sans client, on va beaucoup plus vite. Nous allons donc temporairement suspendre les procédures contradictoires au profit de notre application. Nous allons inciter nos clients à agir de la sorte afin que nous puissions inspecter plus massivement les véhicules. Les logisticiens, quand ils viendront en concessions, ne donc vont pas récupérer un ou deux véhicules, ils pourront remplir leur camion intégralement.
Les concessions commencent à rouvrir leurs portes progressivement, avez-vous repris contact ?
Depuis quelques jours, nous avons remobilisé, sur la base du volontariat, des inspecteurs et nous avons commencé à intervenir dans les quelques concessions qui sont ouvertes et qui sont en capacité de nous offrir des règles de sécurité qui nous conviennent mutuellement. Cela permet de faire à nouveau un peu de volume. Des véhicules avaient été restitués mais pas inspectés avec la brutalité du confinement. Nous savons où ils sont. Ceci dit, nos inspecteurs ne vont pas traverser la France pour voir une voiture, nous allons cibler des concessions qui ont un certain volume. Dès le 11, ces véhicules pourront être enlevés rapidement. L’idée est de relancer la machine progressivement.