V2G : quand la voiture produira de l’électricité
La voiture à tout faire, même de l’électricité, ce sera peut-être une réalité dans un futur pas trop éloigné. Avec la succession de crises récentes, le coût de l’énergie électrique est un sujet pour les ménages dans leur vie quotidienne ; il le devient aussi pour les automobilistes, qui ont décidé de jouer la transition énergétique en adoptant les modèles à batteries.
Si la tendance à la hausse des factures et des prix se confirme, elle risque, à terme, de remettre en question l’un des avantages majeurs du véhicule électrique versus les modèles thermiques, à savoir son coût d’usage inférieur en raison justement d’un poste énergie maîtrisé.
Le sujet est d’autant plus sensible que le mix-électrique français évolue lentement. Les énergies renouvelables, indispensables à la réussite de la stratégie nationale bas carbone française, avancent bien lentement. Les projets d’investissements sont bien là, mais la lourdeur des procédures administratives associée à la résistance de certaines associations, ralentissent leur avancement, quand elles ne les bloquent pas.
Selon un rapport de l'Agence pour les énergies renouvelables (Irena) publié début avril 2024, l’année 2023 a marqué un nouveau record dans le déploiement de capacités supplémentaires, avec 473 gigawatts (GW), dont 4,6 GW à mettre au crédit de la France.
C’est là que la voiture peut jouer un rôle en stockant du courant électrique dans sa batterie pour la délivrer ensuite sur le réseau ou au domicile du conducteur, en fonction des besoins. Longtemps cantonnée à la Nissan Leaf, la technologie baptisée V2G (pour Vehicle-to-Grid) prend de l’ampleur.
La plupart des grands constructeurs automobiles, dont Tesla, BMW, Volkswagen et Toyota, sont dans les starting-blocks et devraient lancer des modèles compatibles V2G dans les années à venir, rappelait il y a quelques jours l’agence Reuters (1).
Chez Renault, la très attendue nouvelle R5 sera équipée d’un chargeur bidirectionnel, qui permettra une recharge pendant les heures creuses, lorsque l’électricité est bon marché et de la restituer pendant les heures de pointe. Les autres véhicules électriques de la gamme, comme le futur Scénic, mais aussi l’actuelle Mégane E-Tech, en seront également dotés.
Selon les spécialistes du V2G, sur de courtes périodes, un million de véhicules électriques équipés de recharges bidirectionnelles seraient susceptibles de fournir autant d'énergie qu'une grande centrale nucléaire. Un apport qui aurait été bienvenu il y a deux ans, lorsque le parc d’EDF était en maintenance, obligeant la France à acheter son électricité à l’étranger.
La recherche sur le V2G est mondiale. Outre-Atlantique, GM lancera un pick-up Chevrolet Silverado électrique capable d'alimenter les maisons et d’ici 2026, tous ses VE auront une capacité bidirectionnelle. En Chine, le géant BYD, qui talonne Tesla sur les marchés mondiaux, a également développé cette technologie.
Au-delà des constructeurs automobiles eux-mêmes, la technologie V2G pose un certain nombre de challenges aux gestionnaires des réseaux électriques à travers, par exemple, leur capacité à gérer et intégrer de grandes quantités d'énergie renouvelable. De nouveaux métiers émergeront également pour veiller à ce que les VE "ne surchargent pas les réseaux si tout le monde charge lorsque les prix sont bas et déchargent lorsqu'ils sont élevés", souligne Reuters.
Au final, le V2G pourrait non seulement favoriser la production d’électricité, mais également créer un nouveau marché aux perspectives exponentielles, évaluées à près de 15 milliards de dollars en 2030, contre 3,45 milliards en 2023, selon les professionnels.
L’Arval Mobility Observatory
(1). https://www.reuters.com/business/autos-transportation/automakers-hope-cut-two-way-ev-charging-becomes-real-2024-04-22/
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