Tesla mi-figue, mi-raisin
Dans la galaxie Musk, il y a Elon Musk qui rit avec l’odyssée, jusqu’à présent sans faute, de Thomas Pesquet et de ses trois coéquipiers dans l’espace, à bord de sa fusée Space X. Mais depuis quelques semaines, il y a aussi Elon Musk qui pleure (ou qui rit jaune), en raison des déboires divers et variés de ses Tesla. Certes, le fantasque milliardaire californien en a vu d’autres et ne devrait pas s’émouvoir outre mesure des quelques nuages qui entachent son horizon. Sauf à ce que cela enraye aussi la belle mécanique boursière qui fait sa fortune.
A première vue, les revers commerciaux du constructeur en Chine restent sous contrôle : 26 000 berlines seulement vendues sur le mois d’avril contre 35 478 en mars, c’est certes une baisse de 27 %, mais les résultats sont supérieurs à ceux de janvier et de février. Toutefois, comme le rappelle le site Cafetech.fr, "le repli est en réalité beaucoup plus marqué. Sans tenir compte des véhicules exportés vers l’Asie et l’Europe, celui-ci s’élève en effet à environ 60 %. Avec moins de 12 000 immatriculations en avril, la part de marché de Tesla sur le segment premium est ainsi passée sous les 50 %."
Alors, "est-ce vraiment grave Docteur" ou une simple alerte à surveiller ? Le fait est que Tesla ne peut en aucun cas faire l’impasse sur la Chine. Premier marché mondial pour les voitures électriques, le pays représente aujourd’hui un tiers de son chiffre d’affaires. La marque au « T » y a aussi inauguré une gigafactory qu’elle contrôle à 100 % près de Shanghai (une exception dans l’Empire du Milieu), capable de sortir 500 000 véhicules par an.
Mais il est aussi évident que l’insolent succès de Tesla fait tiquer ses nombreux concurrents chinois, lesquels rêvent de connaître le même parcours et la même success-story. Pour l’instant, ils en sont encore très loin, avec 17 788 voitures livrées en avril sous les marques Nio, Xpeng et Li Auto… Mais à plus long terme, Pékin pourrait bien être tenté de donner quelques coups de pouce à ses poulains nationaux en multipliant les embûches à l’égard de Tesla. Ses véhicules se sont déjà vus interdire l’accès aux zones militaires chinoises sous couvert de risques d’espionnage. Initiative isolée ou contre-attaque plus organisée et méthodique ? L’avenir le dira. Les analystes restent toutefois largement positifs sur les perspectives de Tesla en Chine, pronostiquant jusqu’à 300 000 véhicules vendus par la marque dans le pays en 2022 !
Et si au final, le véritable danger pour Elon Musk et son empire venait de l’Oncle d’Amérique lui-même ? Le titre Tesla a perdu de sa superbe depuis le début de l’année (un tiers de sa valeur environ). Et un investisseur américain, Michael Burry, parie ouvertement sur la chute du constructeur en Bourse. En début de semaine, ce docteur en médecine reconverti dans la gestion alternative a indiqué avoir misé un demi-milliard de dollars en ce sens. L’homme est écouté, ayant construit sa fortune lors de la crise des subprimes de 2007-2008, en pariant déjà à l’époque sur une chute… celle du marché immobilier. Alors à quand une confrontation entre les deux protagonistes ?
L’Arval Mobility Observatory
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.