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Taxe carbone : le retour ?

Publié le 7 mars 2019

Par Damien Chalon
3 min de lecture
ZOOM DE L'OVE. Le spectre de la taxe carbone rôde toujours dans l'Hexagone. Un retour n'est pas à exclure du fait des engagements de la France en matière de réduction des rejets de CO2.

 

Abandonnée sans ménagement cet automne par Emmanuel Macron sous la pression des « gilets jaunes », la taxe carbone ressuscitera-t-elle de ses cendres ce printemps ? Le « teasing » en faveur de ce « come-back » est en tout cas bien huilé, entre une tribune de 86 parlementaires publiée courant février dans la presse, suivie d’une déclaration du président de la République sur le retour possible d’une taxe carbone « flottante », en passant par la sortie opportune d’un rapport du Think-Tank Terra Nova sur ce que pourrait être une fiscalité écologique « acceptable ».

 

Alors, taxe carbone, le retour ? Pas si simple et bien malin, aujourd’hui, celui qui saura prédire son avenir dans le paysage fiscal français. Et sous quelle forme. Les « gilets jaunes » n’ont peut-être pas dit leur dernier mot et le grand débat n’a pas encore débouché sur une feuille de route construite. Et en même temps, les chiffres sur l’envolée des émissions de CO2 dans les pays européens en 2018, liées aux voitures particulières, montrent qu’il y a une urgence absolue à agir. Depuis deux ans en effet, avec le développement des motorisations essence ou la montée en puissance des SUV (ils ont représenté plus de 35 % des immatriculations en Europe l’année dernière), les clignotants sont repassés au rouge sur le front du réchauffement climatique.

 

La France est aussi engagée dans une stratégie de neutralité carbone d’ici 2050, ce qui signifie à terme la division par huit de nos émissions de gaz à effet de serre ; un objectif qui ne sera pas atteint par la seule disparition des modèles thermiques dans l’automobile.

 

Selon les calculs de l’Administration française réalisés en avril 2018 et citée dans une récente enquête du Figaro, il faudrait fixer à 225 euros la tonne de CO2 en 2030, 400 euros en 2040 et 600 euros en 2050, pour être dans les clous de cet objectif de neutralité carbone. On imagine la réaction d’une opinion publique, déjà hérissée par une tonne de carbone à moins de 45 euros en 2018, et en plein ras le bol fiscal.

 

Car qui dit neutralité carbone, dit aussi investissements pour accompagner cette transition écologique, dans l’automobile bien sûr, mais pas que. La réduction des émissions de gaz à effet de serre, c’est aussi l’affaire du logement, des transports en général, de l’industrie, de tous en fin de compte.

 

Alors pourquoi, dans ces conditions, ne taxer que l’automobile ? « Comment accepter que les automobilistes paient plus que les industriels, et que les compagnies aériennes soient exemptées ? », s’interroge d’ailleurs dans les colonnes du Point, Christian de Perthuis, professeur à Paris-Dauphine et l’un des architectes de la taxe carbone en 2014.

 

Plus de 80 pays ou provinces à travers le monde ont mis en place des prix pour la tonne de carbone, qui ont rapporté en 2017 quelque 32 milliards de dollars, selon les calculs de la Caisse des Dépôts. Autant de retours d’expérience susceptibles d’alimenter un débat franco-français et de – peut-être – faire émerger une solution acceptable pour tous. C’est-à-dire qui impacte un petit peu tous les acteurs, et non pas, beaucoup, le seul automobiliste.

 

L’Observatoire du Véhicule d’Entreprise

 

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