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SUV : raison ou passion ?

Publié le 17 janvier 2019

Par Damien Chalon
3 min de lecture
ZOOM DE L'OVE. Il y a quelque chose d’anachronique sur le marché automobile du véhicule d’entreprise. Les décideurs cherchent à contenir les coûts de leur parc automobile, lequel représente souvent le second poste de leur budget, et à baisser le niveau de leurs émissions de CO2, qui impactent directement leur fiscalité. Et dans le même temps, jamais la part des SUV n’a été aussi importante.

 

Les chiffres sont souvent plus parlants qu’une longue dissertation : en l’espace de six ans (2012-2018), la part des SUV dans les immatriculations des sociétés a quasiment triplé en France. Elle représentait en 2018 quelque 36,3 % du total des immatriculations étudiées par l’OVE, contre 13 % en 2012. Autre preuve, s’il est besoin, de cet engouement : depuis deux ans, tous segments confondus, le Peugeot 3008 Diesel occupe la seconde marche du podium des véhicules préférés des gestionnaires de parcs, derrière la Clio Diesel.

 

Tous les constructeurs proposent une offre dans le segment mais il faut reconnaître que PSA est le grand gagnant de cette mode, avec quatre modèles dans le Top 10 des SUV les plus vendus en entreprise. A l’échelle nationale, un SUV sur quatre mis à la route l’année dernière en France, était de la marque au lion.

 

L’envolée du SUV dans l’Hexagone et ailleurs en Europe, intervient alors que la lutte contre la pollution est plus vive que jamais, à coups de taxes alourdies sur l’automobile et de fermetures programmées des centres-villes aux véhicules Diesel.

 

Quel avenir, dès lors, se dessine pour les SUV ? Continueront-ils à connaître une croissance insolente ? Feront-ils toujours le succès d’un constructeur comme PSA ? Auront-ils encore longtemps les faveurs des services RH des entreprises lors de l’attribution de véhicules de fonction à leurs collaborateurs ?

 

A terme la fiscalité automobile, si elle reste basée sur les émissions de CO2, risque en effet de devenir problématique pour les décideurs d’entreprise, pour qui la maîtrise des coûts est un impératif. La nouvelle norme WLTP d’homologation des véhicules neufs, en incluant des tests en condition réelle de conduite, risque en outre de leur compliquer un peu plus la vie, avec des rejets officiels de CO2 à la hausse.

 

Plus gourmands en carburants (tant diesel qu’essence), car plus lourds et plus hauts que les autres modèles, plus émetteurs de CO2 et à ce titre plus taxés, les SUV feront-ils les frais des arbitrages environnementaux ?

 

Des voix s’élèvent pour rappeler leur impact dans le redémarrage des rejets de CO2 en Europe en 2018. Alors qu’ils se situaient entre 110 et 111 g/km en 2017 en France, ils ont évolué vers 112 g/km en 2018, selon les chiffres du CCFA. En Europe, la moyenne est désormais de 120 g/km. On est donc bien loin des objectifs de 95 g/km fixés par Bruxelles pour 2021 !

 

Dans l’entreprise comme sur le marché global les modes se suivent, qui ont vu défiler les berlines, les monospaces, les berlines-coupés et maintenant les SUV. On a voulu tuer l’automobile en oubliant qu’elle était objet de séduction et de passion…

 

A trop favoriser l’essence contre le diesel et à opter pour les SUV, on finit par arriver à des résultats radicalement inverses à ce qui est recherché. Ubuesque, vous avez dit ubuesque ?

 

 

L’Observatoire du Véhicule d’Entreprise

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