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Quand la Chine des batteries électriques s’éveillera….

Publié le 25 avril 2019

Par Damien Chalon
4 min de lecture
ZOOM DE L'OVE. Le monde doit-il trembler face à la mauvaise conjoncture du marché automobile chinois ? Les ventes de véhicules neufs enchaînent en effet les reculs, mois après mois. Sur l’ensemble de l’exercice 2018, pour la première fois en trente ans, elles affichent une baisse historique de 3,6 %. Les mauvaises nouvelles continuent sur le début de 2019.

 

Quand le marché chinois s’enrhume, c’est l’industrie automobile mondiale tout entière qui tousse. Depuis des décennies, investisseurs, constructeurs et analystes n'ont d'yeux que pour cet Eldorado aux 28 millions de véhicules vendus chaque année - soit un tiers du marché mondial-, plus que le marché américain (17 millions) et davantage que l’ensemble des marchés européens réunis (15 millions). Tous les grands industriels du secteur – Allemands en tête- y ont investi des milliards d’euros dans des capacités de production et autres réseaux de distribution, pour espérer se faire une petite place au soleil. Que deviendront-ils si le marché intérieur continue à se contracter ? Certains, comme le coréen Hyundai, ont déjà pris les devants en fermant des usines locales pour mieux booster le taux d’occupation de leurs autres sites dans le pays.

 

Aussi préoccupantes soient-elles, ces statistiques qui ont pris les observateurs de court, ne doivent pas faire oublier l’essentiel. La Chine continuera, pour longtemps encore, de dominer la planète automobile. Peut-être pas en nombre de véhicules achetés par des ménages chinois (même si la voiture constitue le deuxième poste budgétaire des familles), mais pour sa position quasi-hégémonique en matière de véhicules dits « nouvelles énergies ».

 

Les ambitions chinoises en la matière sont à la mesure du gigantisme du pays. Il devrait en effet se vendre 2 millions d’unités de véhicules électriques, hybrides rechargeables ou à hydrogène en 2020, c’est-à-dire demain. L’objectif de Pékin est de franchir le cap des 7 millions de véhicules en 2025. Sous peine de sanctions financières, tous les constructeurs locaux ont désormais l’obligation de vendre un quota de véhicules électriques. Cette stratégie volontariste a d’ailleurs un coût non négligeable pour les finances du pays sous forme d’aides à l’achat, au point qu’en mars dernier, le gouvernement chinois a décidé d’en réduire drastiquement les montants et les conditions d’attribution.

 

Non contente de faire la course en tête sur le marché de la production de véhicules électriques, avec plusieurs centaines de constructeurs nationaux, la Chine domine aussi (et peut-être même surtout) le marché mondial des batteries. Et c’est bien cela qui doit faire trembler le monde occidental. Véritable nerf de la guerre des voitures électriques, les batteries font l’objet d’une course massive aux investissements à l’image du géant chinois CATL, qui vient encore de mettre plus de 500 millions d’euros sur la table pour construire une méga-usine à Guandong. La Chine abrite d’ores et déjà plus de 60 % des capacités de fabrication de cellules lithium-ion, là où l’Europe n’affiche qu’un petit 1 %.

 

Pour sécuriser leurs approvisionnements à long terme en batteries rechargeables, les constructeurs automobiles multiplient les partenariats à plusieurs milliards d’euros et incitent les géants chinois à investir en Europe même (CATL, lui encore, va ouvrir sa première usine européenne à Erfurt en Allemagne). Au risque de conditionner leur avenir au bon vouloir des opérateurs de l’Empire du Milieu.

 

Face à cette déferlante asiatique, l’Europe tente bien de se mettre en ordre de marche : Paris et Berlin ont conclu un accord à la fin de l’année dernière pour promouvoir une filière européenne, moyennant 1,7 milliard d’euros sur cinq ans. Quant à Bruxelles, elle appelle de ses vœux la création d’un « Airbus des batteries ». Le réveil occidental n’arrive-t-il pas après la bataille ? Et l’Europe saura-t-elle vraiment se donner les moyens financiers de telles ambitions, à l’heure ou des économies sont recherchées un peu partout ?

 

L’Observatoire du Véhicule d’Entreprise

 

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