Plan vélo : allons jusqu’au bout !
La France veut changer de braquet dans l’usage du vélo. Elle entend tripler la part de la petite reine dans les déplacements de ses concitoyens, pour atteindre 9 % à l’horizon de 2024, contre à peine 3 % aujourd’hui.
Il faut dire qu’en matière d’usage du vélo, la France est plutôt en queue de peloton (elle occupe une piteuse 25e place au sein de l’Union européenne), face aux bons élèves que sont l’Allemagne, les Pays-Bas ou le Danemark.
Les annonces faites par le gouvernement Philippe le 14 septembre sont en ce sens inédites, tant par l’ampleur du budget consacré, 50 millions d’euros par an (même si les associations réclamaient quatre fois plus), que par la multiplicité des mesures présentées (le plan s’adresse à la fois aux entreprises, aux collectivités locales, aux citoyens).
Si les intentions sont bonnes, elles ne suffisent pas à elles seules à construire une vraie politique du vélo. Et il faudra sans doute plus que quelques photos d’hommes et de femmes politiques à deux-roues dans les rues des grandes villes pour obtenir l’adhésion du public.
Au-delà des postures politiques, il est temps de changer en profondeur les habitudes sur la voie publique, d’investir dans de nouvelles infrastructures (parkings à vélos dans les immeubles d’habitations) ou de créer de vraies incitations fiscales pour les entreprises qui les accueilleront d’autant mieux qu’elles sont censées préparer leurs plans de mobilités (l’indemnité kilométrique n’a pas encore fait la preuve de son efficacité).
En un mot, il faut arrêter de se contenter de dessiner un vélo sur le sol d’une rue pour faire croire que l’on crée une piste cyclable, mais plutôt s’inscrire dans la durée, décliner les mesures à l’échelle nationale, régionale et locale, et partir du principe que le vélo peut devenir un mode de déplacement en soi.
Les exemples de bonnes pratiques ne manquent pas et sont à notre porte. Lorsque l’on regarde ce qui se fait à Copenhague, les petites reines portent bien leur nom : elles bénéficient de sites propres avec des signalisations dédiées et des infrastructures réservées (le Cycle Snake), les axes de circulation cyclables sont équipés de feux synchronisés, les entreprises mettent à la disposition de leurs cyclo-collaborateurs des vestiaires pour se changer et des parkings pour ranger leurs bolides.
D’ici les Jeux Olympiques de 2024 à Paris, qui servent de ligne de mire à l’exécutif, le plan vélo devra sans doute être musclé pour s’avérer efficace. Les 29 cyclistes tués sur la route en juillet nous rappellent ainsi que les règles de la sécurité routière doivent être respectées aussi par les cyclistes, et elles ont souvent besoin d’être répétées aux conducteurs d’autos et de vélos pour leur permettre de bien vivre ensemble sur les axes routiers. Quant aux incitations fiscales destinées à promouvoir le vélo dans les entreprises, elles auront d’autant plus d’impact que les dispositifs deviendront obligatoires (le forfait mobilité durable ne s’impose aujourd’hui qu’aux entreprises publiques). Enfin, il conviendra de faire une chasse drastique aux voleurs de vélos (300 000 vols ont été dénombrés en 2016), pour ne pas décourager les bonnes volontés.
La France est entrée dans la course un peu tard, mais il est encore temps d’accélérer pour le sprint final.
L’Observatoire du Véhicule d’Entreprise